Connaître et anticiper les attentes des publics
La présence sur le web en général et sur les réseaux sociaux en particulier a trop souvent été déployée sans prendre en compte la stratégie globale de l’entreprise, son ADN. Ce sont pourtant les comportements et usages des cibles de l’entreprise sur le web qui doivent mener le processus de réflexion sur la digitalisation.

La digitalisation de l’entreprise n’a pas pour finalité de mettre sur pied et déployer une multitude d’actions et de dispositifs sur les réseaux sociaux. Son objectif clé est de proposer des dispositifs répondant parfaitement aux attentes de ses publics et servant également la communication corporate de l’entreprise. C’est dans cette logique que la digitalisation doit se mener.

Etre maître de sa stratégie digitale tout en optimisant la rentabilité
La digitalisation est également un vecteur de rentabilité et de performance : selon une étude menée par le MIT et Capgemini, « les entreprise les plus mûres sur le digital sont plus performantes – de 26% – que la moyenne de leur industrie en Bourse ». Cette rentabilité vient en grande partie de la maîtrise de la stratégie digitale par l’entreprise elle-même. En effet, lorsque les différentes entités de l’entreprise partagent leur stratégie il est plus aisé pour les prospects, clients, consommateurs, salariés ou futurs collaborateurs d’adhérer et d’être mobilisés, c’est un gain en temps et en efficacité.

Une condition de succès de la digitalisation : Une direction leader et convaincue
L’impulsion de la digitalisation de l’entreprise doit nécessairement venir de la direction, celle-ci devant être convaincue de son utilité. Sans la conviction profonde de la direction que mener ce projet est primordial pour l’entreprise, celle-ci ne parviendra pas à fédérer l’ensemble des collaborateurs autour de ce que l’on peut appeler une « révolution ». Car c’est bien la totalité de l’organisation, de la direction des ressources humaines au marketing, qui devra intégrer de nouveaux codes et façons de travailler pour mener à bien cette « mue », alors que la grande partie des entreprises est encore aujourd’hui organisée en silo.

N’appréhender cette transformation que par le prisme de l’outil, de la technique ou du logiciel serait faussée, c’est avant tout l’acceptation d’un métier qui change, qui évolue, qui s’adapte à des transformations qui irriguent la société dans son ensemble. Un changement de paradigme qui nécessite la compréhension des enjeux par les collaborateurs ainsi que leur accompagnement face à l’évolution d’un métier qu’ils maîtrisent mais qui évoluent plus vite qu’eux.

Les freins : Des résistances culturelles et humaines
Il existe évidemment certaines résistances à la digitalisation d’une organisation. Celles-ci sont principalement internes, selon François Hubaud, Professeur d’ergonomie à Paris 1, « les principaux freins à une digitalisation réussie sont culturels et humains. La digitalisation fait le présupposé d’une accessibilité sans obstacle, alors qu’il y a des limites culturelles, sociales, cognitives ». L’objectif n’est pas que chaque collaborateur adhère massivement à la mue de l’entreprise mais plutôt qu’il comprenne la démarche et la vision de la direction.

L’organisation de l’entreprise « digitale »
Devenir une entreprise digitale n’a pas que des conséquences sur les métiers, l’organisation de celle-ci est également pleinement impactée : Deux exemples digitalisation réussis.

Monoprix est un cas d’école très intéressant sur le processus de digitalisation. Le Comex de l’enseigne a été leader dans l’évolution des pratiques de l’entreprise. De nombreux dispositifs, prenant en compte les spécificités de l’enseigne, ont été mis en place tels que la création d’un comité de pilotage réunissant des collaborateurs n’ayant pas l’habitude de travailler ensemble, dans le but de « casser physiquement les silos ». Outre l’implication de la direction, il est essentiel de travailler sur des actions de terrain. Dans le cas de Monoprix ces actions ont permis de lever les appréhensions des vendeurs pour qu’ils s’approprient la digitalisation de l’entreprise, dans leurs tâches quotidiennes.

Autre exemple de digitalisation d’entreprise réussie, Accor. La mue de l’enseigne hôtelière a débuté il y a 6 ans. Entre autres réalisations, une filière d’expertise digitale très axée sur la marque employeur ayant pour objectif d’attirer les talents et de former les collaborateurs. Selon Cyrille Chaudoit, co-fondateur de TalenCo, si la direction opte pour une digitalisation transverse, le gage de réussite de l’entreprise est quand les collaborateurs ne se disent plus « Est-ce que c’est du digital ? »

Pour que l’entreprise reste performante et compétitive, sa digitalisation est inéluctable. Même si celle-ci recouvre des réalités très variables en fonction des tailles et des secteurs, le « mouvement » est le dénominateur commun. En définitive, la digitalisation n’est jamais achevée, c’est un processus continu qui nécessite une adaptation constante de l’entreprise dans sa globalité et de chacun, et c’est bien cela qui est le plus compliqué à intégrer pour une organisation.