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« En finir avec la guerre qui oppose l’Etat, l’Entreprise et l’Ecole »

7/6/14

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National

« En finir avec la guerre qui oppose l’Etat, l’Entreprise et l’Ecole »

ajouté le 20 mai 2014 à 17h21  - Réagir - Mots clés : Hervé Sérieyx OCDE Centre d’échanges et de réflexion pour l’avenir

 
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« En finir avec la guerre qui oppose l’Etat, l’Entreprise et l’Ecole »

Hervé Sérieyx sera l’invité du Centre d’échanges et de réflexion pour l’avenir (CERA), le 23 mai de 14 heures à 18 heures, à l’Icam de La Roche-sur-Yon, sur le thème : « Comment changer de regards pour changer la France ? » 
Pour Le Journal des entreprises, l’ex-dirigeant du groupe Lesieur, enseignant à l’Institut Européen des Affaires et à l’École des Mines, revient sur cette « guerre civile » qui oppose les mondes de l’entreprise, de l’école et de l’Etat. Un blocage qui explique selon lui, en partie, le surplace de l’économie française. Il invite à faire tomber les barrières... Entretien.

Dans le contexte actuel, vous regrettez que les Français râlent, s’indignent, en proie au pessimisme, au lieu d’être dans l’action. Mais est-ce qu’il n’y a pas des raisons objectives ? Vous évoquez souvent la frustration de la jeunesse … 
Oui, il y a un réel problème. Et cela se traduit dans les chiffres : 1,9 million de jeunes de 16 à 29 ans ne sont ni en entreprise, ni en formation, ni même scolarisés, dont 900.000 sont tellement dégoûtés qu’ils ne cherchent même plus à bouger. La France recule dans tous les classements liés à l’éducation, comme le classement de Shanghaï, qui répertorie les universités qui comptent dans le monde. Elle dégringole aussi dans dans les enquêtes Pisa, réalisées par l’OCDE. 
Partant de ce constat, on dit que le système éducatif ne fonctionne pas. Puis on ajoute que l’Etat est trop gros, que les entreprises se barrent à l’étranger…. 
Il y a un mal-être profond un peu partout en France. Il suffit de lire les journaux pour voir que les gens ne sont pas heureux. 
Le problème c’est qu’on ne regarde que ce qui ne marche pas !!! Dans le même temps, il faut rappeler que nous n’avons jamais vécu dans un pays aussi riche. 
Moi qui vis à la fois en France et au Québec, je peux vous dire que ce mal-être-là, on ne le ressent pas du tout outre-Atlantique ! 

Comment expliquez-vous ce pessimisme français comparé à l’attitude des Québecois ? 
Le gros problème de notre pays c’est qu’on attend des pouvoirs publics des solutions qui, ailleurs, sont élaborées par les citoyens eux-mêmes. Au Québec, lorsque de fortes chutes de neige s’abattent sur l’autoroute de Montréal, les voitures et camions s’arrêtent et se rassemblent pour déblayer la voie. En France, la même tempête se produit, le lendemain on demande : que fait l’Etat et le ministère X ou Y pour débloquer les routes ?! 
Aujourd’hui chacun attend que l’autre bouge… qu’il s’agisse du citoyen, des entreprises, de l’éducation, de l’Etat… Or il ne faut pas trop compter sur les institutions. Mais plutôt compter avant tout sur chacun de nous. S’engager et collaborer ensemble. Cela passe par une implication du monde de l’entreprise dans l’éducation et l’Etat, et vice versa. 

C’est votre grande idée. Cette attente, cette paralysie de la situation économique actuelle, s’explique en partie par un cloisonnement entre les mondes de l’entreprise, de l’éducation, de l’Etat. Vous avez même parlé de «guerre civile » ! (1) 
Le diable est dans les cloisons ! En effet, tous ces petits mondes se détestent joyeusement. Les entreprises considèrent l’éducation comme un repère de barbus gauchistes, tandis que ces derniers voient les patrons comme responsables de l’aliénation des salariés, et tout le monde tombe sur les fonctionnaires en disant qu’ils ne font rien avec l’argent du contribuable… Chacun travaille dans son coin. Pour avoir été tour à tour dirigeant d’entreprise, professeur à l’université et même haut fonctionnaire (ndlr : délégué interministériel à l’insertion des jeunes en 1997-1998), j’ai côtoyé ces trois univers. J’y ai découvert à chaque niveau des gens formidables… Mais tout seuls. 
Notre pays ne s’en sortira que si chacun voit plus loin que son nombril professionnel et familial. Il ne suffit pas d’être un bon père et un bon salarié ou un bon cadre. À un moment donné, il faut s’occuper du bien commun. Ce qu’explique très bien François Flahault dans son livre : Où est passé le bien commun ? Il faut en finir avec la guerre qui oppose l’Etat, l’entreprise et l’école. 

Avez-vous des exemples concrets de passerelles à construire entre ces mondes ? 
Prenons le cas des entreprises en recrutement qui disent qu’elles ne trouvent pas les bons profils, que l’école ne forme pas comme il faut… Mais pour moi, une PME, même de 50 salariés, devrait avoir au moins 5 ou 6 personnes en alternance. On me dit ça coûte cher ? Peut-être, mais c’est un investissement sur l’avenir. Libre aussi aux chefs d’entreprises de se réunir et demander à l’institut de technologie voisin de s’adapter à leurs besoins… 

Et des exemples existants à suivre ? 
Je citerai celui des dirigeants, des cadres, des salariés, qui prennent du temps pour faciliter l’insertion, en parrainant des jeunes en difficulté dans les missions locales. Que ce soit pour les aider à faire un CV, à préparer un entretien d’embauche ou en leur faisant bénéficier de leur réseau professionnel. On en trouve dans chacune des 500 missions locales. En Breton que je suis, je remarque qu’à Brest il n’y a pas moins de 80 parrains et marraines… 
Regardez aussi ce qu’a fait le groupement d’employeurs breton Venetys, dans le Morbihan qui s’avère être un véritable accélérateur de particules pour les PME. Il met non seulement à disposition des salariés à temps partagés, y compris des fonctions stratégiques comme les DRH, qualiticiens, responsables marketing etc. C’est aussi devenu un vrai lieu de partage de stratégies et d’expertises pointues entre les petites et moyennes entreprises pour attaquer le marché mondial. Il faut aussi décloisonner l’entreprise en interne. La performance c’est l’intelligence conjuguée des salariés. Il faut mobiliser l’intelligence de chacun autour d’objectifs partagés. Malheureusement, en France, on n’apprend pas à faire bosser les gens ensemble avec plaisir, alors que c’est ça la base de tout.

Cette philosophie ressemble aux « pratiques du numériques », mises en œuvres par les start-up et les Fab Lab, qui ont aujourd’hui le vent en poupe. À savoir : utiliser les nouveaux outils comme les imprimantes 3D etc., mais aussi des pratiques collaboratives de partage des biens et de la connaissance… 
Tout à fait. Les outils de l’information et de la communication, inventent une organisation et un pouvoir latéraux ou horizontaux, en réseau. On sort du modèle traditionnel figé et pyramidale, de bas en haut, quel que soit le domaine. 
C’est pour ça que l’école 42 , de Xavier Niel, le dirigeant de Free et d’Iliad, est en train de faire un malheur. On recrute les candidats sur la passion, et non sur les diplômes. On en sort d’ailleurs sans diplôme. L’important ce n’est pas ce papier, mais ce qu’on sait faire. Ce milliardaire, qui s’est lancé dans les affaires sans même un bac en poche, préfigure l’intelligence du monde de demain. 

Pour vous, le diplôme français est vraiment la clé de voûte de cette fracture entre la formation et l’entreprise ? 
Oui. Et il est de moins en moins accepté. Il faut sortir de ce système devenu de plus en plus inégalitaire, comme le montre l’enquête Pisa, et que certains ont baptisé « La machine à trier » , en faisant une comparaison avec la distillation dans une raffinerie de pétrole. La métaphore fonctionne ainsi : si l’on chauffe le pétrole, en haut de l’installation vous récupérer du gaz comme les butanes, propanes etc., ce sont l’ENA, Normal Sup, les lycées Henri IV ou Louis le Grand, puis ensuite d’autres ressources intermédiaires, qui représentent les autres grandes écoles, l’université, au-dessus des instituts technologiques, de l’apprentissage, et au fond il y a les résidus lourds, où l’on retrouve les 1,9 millions de jeunes de 16 à 29 sans solution… Chaque année 140.000 nouveaux jeunes sortent de cette distillerie par le bas. 
Qu’il s’agisse des entreprises, des écoles, ou des politiques locaux ou nationaux, il faut changer le regard. Pour réussir à agir ensemble. C’est fondamental. Car l’excellence de chaque individu compte moins que l’excellence des relations que les acteurs sont capables d’établir entre eux. 

À la manière d’une équipe amateur de football, qui grâce à la force du collectif, est capable de d’atteindre une finale de Coupe de France contre des joueurs professionnels...  
Cet exemple fonctionne très bien. Quand Didier Deschamps décide de ne pas sélectionner Nasri pour la coupe du monde, il ne dit pas autre chose : il y a un bon joueur que je n’ai pas sélectionné, car il ne joue pas pour le collectif. 
Propos recueillis par Florent Godard 

(1) Expression utilisée dans le livre Générations placard ou générations espoir ? (avec D.Thierry), 2012, Editions Maxima. 

Parcours

Ancien directeur général adjoint du groupe Lesieur, ex-Pdg d’Eurequip et de Quaternaire, Hervé Serieyx a occupé les fonctions de Délégué interministériel à l’insertion des jeunes (1997-1998). Il est aujourd’hui vice-président de France Bénévolat et président d’honneur de l’Union des Groupements d’Employeurs. Après avoir donné des cours à l’Université de Paris VIII et à l’ENA, il enseigne à l’Institut Européen des Affaires, au Collège des Ingénieurs et à l’Ecole des Mines.

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