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Relancer l’Europe : les questions stratégiques

15/5/14




 
07/05/2014
 
Xerfi Canal présente l'analyse de Christian Saint-Etienne, économiste et professeur au CNAM
 
Le pire des services à rendre à l'Europe est d'en dire du bien aveuglément comme un cabri européiste. Car si les acquis de la construction européenne sont considérables depuis l'appel de Robert Schuman du 9 mai 1950, l'Europe est aujourd'hui malade de son impuissance politique. Si elle pèse 23% du PIB mondial et 15% des exportations mondiales, devant les Etats-Unis, elle n'est qu'une masse inorganisée en puissance. Et cette impuissance caractérise aussi bien l'Union européenne (UE) que la zone euro. L'UE n'est pas un acteur majeur des dossiers stratégiques mondiaux. Elle ne joue qu'un rôle secondaire au Proche Orient, au Moyen Orient et en Extrême Orient et elle ne décide rien sans les Américains y compris pour les Affaires européennes. Quant à la zone euro, elle n'est qu'en convalescence après une crise gravissime de 6 années, et retrouvera à peine en 2014 son niveau de production de la fin de 2007. De plus, les divergences croissantes de niveau de vie (PIB par habitant) entre le nord et le sud de la zone euro sont inquiétantes pour l'avenir.
 
Pour penser l'avenir de l'Europe, il faut donc commencer par dire la vérité : l'Europe est stratégiquement impuissante et la zone euro est en convalescence fragile. En partant de ce constat, quelle Europe voulons-nous ?
 
Il faut d'abord attaquer de front les questions stratégiques concernant l'Union européenne. La première est la question de la réciprocité dans le commerce mondial. L'excédent de la balance courante de la zone euro et de l'Union européenne ne signifie pas que les échanges sont économiquement et politiquement équilibrés entre l'Europe, les Etats-Unis, la Chine et les autres pays. Cet excédent résulte principalement de la grave crise économique européenne : si l'Union européenne ou la zone euro revenaient à une croissance permettant de réduire le chômage, l'excédent disparaîtrait. Le point clé est qu'il n'y a pas de réciprocité dans les échanges : les marchés publics américains, chinois, russes ou brésiliens ne sont pas aussi facilement accessibles pour les Européens que l'inverse. Il faut donc introduire la réciprocité en termes de normes sociales et environnementales et d'accès aux marchés publics entre l'Europe et ses partenaires. La deuxième question est celle de la politique de la concurrence trop court-termiste qui n'intègre pas suffisamment les nécessités du développement de technologies génériques européennes. Il ne s'agit pas de choisir les gagnants de la compétition industrielle mais de s'assurer que l'Europe détient toutes les technologies clés pour forger son avenir. La troisième question est celle de la concurrence fiscale et sociale entre pays européens qui est insupportable si l'on prétend que l'Europe est un espace de souverainetés partagées. Il faut au minimum une coopération approfondie sur ces sujets, avec des minima fiscaux et sociaux qui permettent d'encadrer cette concurrence.
 
En ce qui concerne la zone euro, on sait qu'il ne peut pas y avoir de divorce durable entre souveraineté monétaire et souveraineté politique. Il faudra construire un gouvernement économique de la zone si l'on veut éviter la récurrence des crises. Un tel gouvernement n'a rien à voir avec la gouvernance punitive qui s'est mise en place depuis 2010. Le gouvernement économique est l'optimisation des politiques monétaire, budgétaire et de change pour atteindre la croissance non inflationniste la plus forte possible. La gouvernance punitive, imposée par l'Allemagne et la Commission européenne, est un ensemble de normes et sanctions enserrant la politique budgétaire des Etats mais sans objectif d'optimisation des instruments de la politique économique.
 
Le gouvernement économique de la zone euro doit être complétée par la création d'un budget de la zone de 3% du PIB concernant les politiques de R&D et d'innovation, d'enseignement supérieur et d'infrastructures physiques, énergétiques et numériques de la zone, et par une coordination des politiques fiscales et sociales des pays membres de la zone instaurant des minima fiscaux et sociaux dans ces pays (par exemple, le taux d'IS ne doit pas être inférieur à 20% dans chacun des pays). Pour être clair, il doit y avoir coordination sur la base de taux minima et non harmonisation avec des taux uniques. Le budget de l'Union européenne serait alors plafonné à 1% du PIB (dont 35% des dépenses affectées à la politique agricole commune).
 
La relance de l'Europe suppose donc de sortir d'un européisme factice pour aborder les vrais questions de front. Mais pour que la France puisse prendre ces dossiers à bras le corps, elle doit retrouver sa crédibilité en opérant de vraies réformes pour reconstruire un secteur productif compétitif. La relance de l'Europe passe par une renaissance de la France, véritable fondatrice de l'intégration européenne. Le travail reste à faire aux deux niveaux !
 
Christian Saint-Etienne, Relancer l'Europe : les questions stratégiques, une vidéo Xerfi Canal
 
 

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