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Pourquoi Airbus Group va devenir banquier

16/2/14


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Pourquoi Airbus Group va devenir banquier

Vincent Lamigeon

Airbus a racheté une banque allemande qui servira de base à sa banque de groupe. Décryptage.

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Airbus vient de faire une acquisition qui servira de base à sa future banque de groupe. SCHEIBER/20 MINUTES/SIPA Airbus vient de faire une acquisition qui servira de base à sa future banque de groupe. SCHEIBER/20 MINUTES/SIPA

Airbus Group, futur concurrent des BNP Paribas, Société Générale et autres Deutsche Bank ? L’ex-EADS aura en tout cas très bientôt sa propre banque. Airbus Group a annoncé ce vendredi 14 février l’acquisition de la Salzburg München Bank, une petite banque basée à Munich, qui sera renommé Airbus Group Bank et mise au service du financement des activités du groupe. Le projet d’une banque interne avait été évoqué dès juin 2012 par le groupe. Sous réserve de l’approbation des autorités de la concurrence et de régulation, Airbus Group touche au but. "L’acquisition de la Salzburg München Bank nous offre une base de lancement solide pour notre projet de banque de groupe, indique Harald Wilhelm, le directeur financier d’Airbus Group. A l’avenir, l’ensemble du groupe bénéficiera ainsi d’une plus grande flexibilité financière".

Airbus douterait-il de la capacité des banques à financer les appareils commandés par ses clients ? A priori, ce n’est pas la raison première de l’opération annoncée ce matin. Le secteur aéronautique n’a, à l’heure actuelle, pas de problème de financement : le retrait partiel des banques européennes a été largement compensé par la montée en puissance des acteurs chinois, dont la part de marché a grimpé de 11% à 23% de 2012 à 2014.

Dans son dernier rapport sur le financement aéronautique, Boeing prévoit que les outils traditionnels suffiront largement à trouver les 112 milliards de dollars de besoins de financement en 2014 : les commandes seront financées à 25% en cash, 24% par le recours aux marchés financiers, 24% par des prêts bancaires, 18% par les agences de crédit export type Coface ou ExIm Bank, et 9% par les loueurs. "Notre métier n’est pas de financer les commandes, même si nous pouvons donner des coups de main", confirme-t-on en interne chez Airbus Group.

 

Pas de Livret Airbus prévu

L’idée n’est pas non plus de faire appel à l’épargne des ménages, comme les banques des constructeurs automobiles (RCI Banque pour Renault, PSA Finance pour Peugeot-Citroën), qui financent ainsi leurs activités de crédits et leur réseau de concessionnaires.

La principale raison de l’opération est ailleurs. En ayant sa propre banque en interne, Airbus Group peut mettre à l’abri ses 8,3 milliards d’euros de cash. Le groupe peut déposer ses liquidités directement auprès de la BCE, sans passer par les banques traditionnelles, exposées aux aléas de la crise de la zone euro. "De plus, une licence bancaire permettrait à Airbus Group de piocher directement dans les liquidités de la BCE", explique Christophe Ménard, analyste chez Kepler Cheuvreux. Avantage : le groupe bénéficiera des taux d’intérêt accordés aux banques, bien plus bas que ceux facturés par ces dernières aux industriels.

La banque interne du groupe devrait permettre de financer les projets d’acquisitions et de développement du groupe, dans un contexte où Airbus devra probablement moins compter sur les avances remboursables accordées par les Etats. L'Allemagne freinant des quatre fers pour débloquer une enveloppe de 600 millions d’euros pour l’A350, Airbus Group a décidé d’arrêter les discussions ces dernières semaines, comme l’a confirmé le patron d’Airbus Fabrice Brégier au salon aéronautique de Singapour.

Plus que de la défiance vis-à-vis des banques, l’opération semble donc plutôt relever du "coup" opportuniste : si Airbus Group ne dévoile pas les détails financiers de l’acquisition, le rachat de cette petite banque de 350 millions d’euros d’actifs et cinquante salariés ne va pas plomber les comptes du groupe, tout en lui offrant des outils financiers supplémentaires. Reste à voir le rôle exact qu’Airbus Group va donner à sa banque, et notamment ce que le groupe compte faire des 80 milliards de dollars de couvertures de changes.

Sur le web : Croissance zone euro : regain d’activité au quatrième trimestre mais la prudence est de mise
 
 
 
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