L'invitation de Barack Obama ne pouvait pas mieux tomber. François Hollande, qui poursuit sa dégringolade dans les sondages, entame une visite de trois jours aux Etats-Unis avec l'espoir d'améliorer la séquence de ce début d'année et de mettre en valeur son meilleur atout : sa stature internationale. Critiqué pour sa faiblesse sur les dossiers intérieurs, le président s'est en effet forgé l'image d'un grand dirigeant sur la scène mondiale. La détermination avec laquelle il a géré les interventions au Mali et en Centrafrique, et son traitement des dossiers syrien et iranien, ont impressionné aux Etats-Unis (lire ci-dessous).

Ce n'est certainement pas un hasard si Barack Obama le convie à une visite d'Etat, la première accordée à un président français depuis Jacques Chirac il y a dix-huit ans. La séquence, qui s'ouvrira dès cet après-midi au domaine de Monticello - l'ancienne résidence du très francophile Thomas Jefferson -, est beaucoup plus lourde qu'une simple visite officielle et doit permettre de mettre en valeur le renforcement de l'axe franco-américain sur la scène diplomatique. Avec un David Cameron bloqué par son Parlement et une Angela Merkel résolument non interventionniste, François Hollande se trouve de fait l'un des meilleurs alliés de Barack Obama aujourd'hui. « La France et les Etats-Unis partagent cette même préoccupation d'assurer la sécurité au niveau mondial. On ne peut pas en dire autant des autres pays européens », confirme Jonathan Laurence, expert des relations transatlantiques à l'institut Brookings.

La rencontre avec Barack Obama a beau être essentiellement diplomatique, François Hollande espère capitaliser sur son déplacement pour améliorer la réputation économique de la France. Une réputation qui s'est encore dégradée l'an dernier, avec le refus de Bercy de laisser Yahoo! racheter Dailymotion et la diatribe antisyndicaliste duPDG de l'entreprise Titan. François Hollande prévoit une rencontre à huis clos demain avec les patrons de FedEx, MasterCard, UPS, PepsiCo et Citigroup pour évoquer tous les sujets qui fâchent. Mais il attend surtout beaucoup de son séjour à San Francisco, le premier jamais effectué par un président français depuis François Mitterrand il y a trente ans. Il y rencontrera des stars de la Silicon Valley, et notamment Eric Schmidt ( Google) ; Sheryl Sandberg (Facebook), Elon Musk ( Tesla) et Jack Dorsey ( Twitter). Une belle opération de communication pour un président qui veut tant renouer avec lesentreprises.