Il y a le feu. Partout. Tous les indicateurs sont au rouge : balance du commerce extérieur, chômage global, chômage des jeunes, poids de la dette, taux de croissance.
L'écart continue de se creuser avec l'Allemagne, dans quasiment tous les domaines. Nous surfons de record en record de prélèvements obligatoires.
Nous promettons de revenir en 2014 à 3% de déficit public. Personne n'y croit, bien sûr. Par ailleurs nos filières se fragilisent. Nos amis Allemands se mettent maintenant à nous damer le pion sur nos chasses gardées : ils viennent de nousvoler la palme des exportations agro-alimentaires.
Et même nos camarades anglais ont réussi à ressusciter une industrieautomobile au moment où la production française a chuté de 27% : c'est l'incroyable statistique des trois derniers mois, passée complètement inaperçue. Enfin, nos fondamentaux vacillent. La dérive de notre système éducatif, par exemple, est maintenant reconnue sans tabou.
530000 EN CHINE
Mais il y a plus grave parce que c'est l'assurance de la poursuite de cet effondrement : les statistiques de dépôts de brevet viennent de sortir. Le constat est tout simplement dramatique. La Chine, comme attendu, a ravi aux Etats-Unis la première place avec 530000 brevets déposés en 2011.
Mais plus près de nous, l'Allemagne, toujours elle, en a déposé 60000, près de quatre fois plus que les 17000 brevets français. Même les camarades anglais font mieux que nous avec 22000.
Ne parlons pas de la Corée du Sud qui est un modèle évident pour la France (organisation industrielle, structure de grands groupes), et qui, en 2011, a déposé 180000 brevets ! C'est-à-dire plus de 10 fois notre score, pour un pays de 50 millions d'habitants.
Le nombre de dépôts de brevets est un indicateur puissant de notre capacité àinventer les produits et les services qui porteront notre croissance future. Le feu a donc gagné les fondations. La situation est gravissime. Nous sommes tout simplement en train de compromettre tout redressement.
CINQ INGRÉDIENTS
Nous perdons pied sur le champ de bataille le plus important : la construction de l'avenir.
Le plus triste, si l'on peut dire, est que nous disposons de tout ce qui est nécessaire pour mener la danse au meilleur niveau. La recette est simple. Elle comprend cinq ingrédients.
Il faut tout d'abord construire des filières puissantes, qui associent grands groupes, instituts de recherche, organismes d'enseignement, et tissus de PME. Le modèle est évident, c'est celui de notre industrie aéronautique. Il nous faut lereproduire dans le rail, l'eau, l'alimentation, etc.
Deuxièmement, relançons de grands programmes mobilisateurs ! Les grands programmes ont un effet d'entrainement considérable sur le pays. C'est sur cette base que nous avons construit nos industries aéronautique, ferroviaire ou logicielle.
UN OUTIL D'ENCOURAGEMENT EFFICACE
Ces programmes doivent être coordonnés au niveau de l'Europe. C'est le troisième ingrédient. Nous jouons, par exemple, la place de l'Europe dans les semi-conducteurs. Relançons avec nos voisins Allemands, Hollandais et Italiens un grand programme autour de STMicro.
Quatrième ingrédient, appuyons-nous sur nos grands groupes ! C'est à eux dedonner le la, au sein de chaque filière. Ça tombe bien, notre portefeuille de grands groupes est unique au monde.
Cinquième ingrédient, il faut, pour faire fonctionner toute cette machinerie, un outil d'encouragement efficace et actionnable. Là aussi, nous l'avons. Il a fait ses preuves, il s'appelle le CIR, Crédit impôt recherche. Oui le compte y est. Nous avons tout pour construire un avenir brillant.
Les beaux jours arrivent. Nous pouvons déjeuner à l'ombre de ces terrasses que le monde entier nous envie. Nous pouvons aussi nous retrousser les manches etutiliser notre brillant potentiel. Un seul problème, le temps file. En tout cas, pour nos enfants, les choses sont beaucoup plus simples. Pour eux la priorité est évidente : apprendre les langues étrangères.