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Nicolas Sarkozy : "L'absence de leadership met l'Europe en danger"

26/5/14


Site d'actualité Le Point



 
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Nicolas Sarkozy : "L'absence de leadership met l'Europe en danger"

Le Point - Publié le 

EXCLUSIF. Au lendemain d'un scrutin qui a montré le désarroi des Français, la tribune publiée par l'ancien président de la République prend une autre saveur...

Nicolas Sarkozy dans ses bureaux de la rue Miromesnil, à Paris, le 19 mai.
Nicolas Sarkozy dans ses bureaux de la rue Miromesnil, à Paris, le 19 mai. © Élodie Grégoire pour "Le Point"
 
 
 
 
 
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Par NICOLAS SARKOZY
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D'aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours senti viscéralement français. Longtemps je n'ai même jamais pu imaginer vivre ailleurs. La France a toujours coulé dans mes veines aussi naturellement que mon sang. Avec le temps qui a passé, l'expérience qui est arrivée, les rencontres que j'ai faites, je me suis progressivement ouvert aux réalités du monde et j'ai compris l'importance de l'appartenance au continent européen. Petit à petit, j'ai senti la réalité et la consistance de la famille européenne. Je sais maintenant que l'on n'est pas seulement d'un pays, que l'on appartient tout autant à un continent. La France et l'Europe sont indissociables géographiquement, historiquement, culturellement et maintenant politiquement. Nier cela serait tout simplement se renier. C'est pourquoi je veux parler de l'Europe aux Français qui éprouvent une profonde angoisse quant à leur avenir et celui de notre pays. Je comprends leurs exaspérations et leurs colères, mais il nous faut prendre le temps de la réflexion, et essayer de nous projeter dans l'avenir.

Soixante-dix ans de paix

Aujourd'hui, le débat européen se déroule dans un climat d'indifférence et de sourdes hostilités qui laisse pantois. Or l'indifférence est suicidaire car en Europe se joue une partie substantielle de notre avenir. Quant à l'hostilité, elle est profondément injuste au regard de ce que l'Union européenne nous a apporté de décisif avec la paix. Dois-je rappeler qu'en Europe comme partout dans le monde la paix n'est pas un acquis définitif, que c'est un subtil équilibre à préserver à tout prix. Notre continent a été, de tous les endroits de la planète, le lieu où l'on s'est le plus détesté, affronté, détruit, entre-tué. Nous n'avons réussi à tourner la page de ces siècles d'affrontements entre peuples européens que depuis la création de l'Union européenne ! Soit moins de soixante ans... Rien qu'avec nos voisins allemands, nous nous sommes régulièrement combattus tous les trente ans, et ce depuis la bagatelle de trois siècles ! Or nous venons de connaître soixante-dix ans de paix. 

 

 
 ©  AFP
À ce seul titre, l'Union européenne devrait être saluée et soutenue de façon vibrante. Je n'ai hélas aucun doute que, si l'Union européenne volait en éclats, les haines séculaires comme les conflits d'intérêts resurgiraient avec une violence redoublée. Je le dis comme je le pense : vouloir la destruction de l'Europe, c'est mettre en péril la paix sur le continent européen. Jamais je ne pourrai l'accepter. Jamais je ne pourrai m'y résoudre. Ceux qui proposent ce chemin oublient les leçons de l'Histoire et pourraient nous conduire vers des abîmes que nos grands-parents ont connus et que nous ne voulons plus subir. Cette paix et cette stabilité qu'ignorent l'Afrique, l'Asie ou l'Amérique latine semblent maintenant naturelles sur notre continent. Or cette situation est inédite, elle est inespérée et constitue l'exact contraire de ce que fut toute notre histoire séculaire. Les Français doivent l'entendre, car c'est la vérité. La paix est le résultat de l'union des peuples européens telle que l'avaient rêvée les pères fondateurs de l'Europe. De ce seul point de vue, la réussite est exemplaire !

 

L'Europe de la paix, ce n'est pas une formule creuse, à l'heure où tout le pourtour de l'Union européenne s'embrase. "Regardez la carte", aurait dit le général de Gaulle. De l'Afrique du Nord jusqu'à la Syrie, de la Turquie jusqu'à l'Ukraine, tous nos voisins traversent des crises d'une profondeur terrible. Tous ces États-nations, souvent récents, sont soumis à une menace existentielle, l'implosion par les guerres civiles ou l'explosion par la pression des séparatismes. L'Europe a une responsabilité aujourd'hui, contribuer au règlement des crises pour éviter que cet anneau de révolutions ne devienne pour l'Europe une ceinture de dangers incontrôlables : États faillis, trafics, terrorisme...

Un rempart contre les dérives idéologiques

Je vois un autre grand mérite à l'Europe et, tout spécialement dans la période que nous vivons : elle nous protège des dérives idéologiques de nos gouvernants et des majorités qui les soutiennent. Il ne me viendrait pas à l'idée d'assimiler la droite à la lumière et la gauche aux ténèbres, comme cela fut fait dans le passé dans le sens inverse. Je pense au début des années 80. Ce serait tellement ridicule. Les vrais clivages d'aujourd'hui sont si peu épuisés par la seule grille de lecture gauche/droite.

Mais je veux invoquer la Raison si présente dans l'histoire de la pensée française. Imaginons tel ou tel de nos responsables d'aujourd'hui libre d'appliquer sans limite son idéologie fermée aux réalités du monde du XXIe siècle. La dérive à laquelle nous assistons serait pire encore. Impôts sans limite, dépenses publiques sans frein ni contrôle, déficits explosés, nivellement généralisé... Heureusement, comme nous dépendons des autres en Europe et que les autres dépendent de nous, le pire n'est pas toujours possible... Ainsi, l'Europe peut limiter les dérives les plus caricaturales et encadrer (un peu) les dégâts les plus criants. L'Europe oblige les plus idéologues à accepter un peu de bon sens et de raison.

Refonder notre politique européenne

L'Europe nous protège lorsqu'elle fait le choix du volontarisme. Cette conviction, je l'ai toujours mise au coeur de ma vision de l'Europe. C'est par la volonté seulement que nous pourrons réconcilier ceux qui veulent encore croire à l'Europe et ceux qui n'y croient plus. Les Français, et les autres Européens, ne veulent plus croire : ils veulent voir, ils veulent toucher. Il est inutile de chercher ailleurs les raisons de la flambée populiste et antieuropéenne.

Alors, bien sûr, il y a eu et il y a encore des contresens et des erreurs qui ont été commis par ceux qui font de l'Europe une nouvelle idéologie et qui voudraient qu'il y ait les intelligents d'un côté - comprenez les Européens - et les populistes bornés de l'autre - comprenez les souverainistes. Ce clivage est absurde et n'a pas lieu d'être car, si l'Europe est pour nous un choix incontournable, il nous faut reconnaître, et surtout corriger, les graves erreurs qui furent commises au nom d'une pensée unique de plus en plus insupportable aux oreilles d'un nombre de Français chaque jour grandissant. Nous devons profondément refonder notre politique européenne. C'est une évidence que nul individu de bonne foi ne devrait pouvoir contester.

Diversité

C'est justement parce que je crois à l'Europe que je veux qu'elle s'adapte en changeant profondément et en refusant l'immobilisme auquel voudraient la condamner ceux qui, prétendant la défendre, la condamnent à n'être qu'une caricature.

Il y a d'abord la grande question de la personnalité de notre pays, de l'âme de la France, de son identité si forte et si particulière. Que l'on ait pu si violemment s'opposer à la candidature à l'Académie française d'un de nos plus brillants intellectuels au seul motif qu'il y avait dans le titre de son dernier ouvrage le mot identité est d'une bêtise à pleurer. C'est tout simplement consternant. Et j'affirme que ce n'est pas un paradoxe que de plaider tout à la fois pour l'Europe et pour la défense de notre identité, c'est-à-dire de la spécificité de notre modèle. 

Le but de l'Europe n'a jamais été que nous nous ressemblions tous, que nous vivions à l'identique, que nous pensions en tout la même chose. Il est que nous soyons capable de coexister, de fraterniser, de défendre nos justes intérêts ensemble face au reste du monde, et même de promouvoir un modèle de civilisation européenne. On ne construira rien sur l'aplatissement du monde. Nous avons besoin de la diversité des langues, des cultures, des pensées. Or la France a des choses à dire, un message à incarner. L'Europe ne lui demande en rien d'y renoncer. Au contraire, si nous perdons notre identité, qu'aurons-nous à partager avec les autres ? Nous devons être européens et français ! C'est possible et c'est surtout parfaitement nécessaire et cohérent. Vouloir construire l'Europe contre les spécificités nationales serait l'échec assuré. Nul n'a le droit d'exiger des peuples qu'ils renoncent à être ce qu'ils sont !

Une grande zone économique franco allemande

 

 
 ©  AFP
Il y a ensuite la question allemande. L'Allemagne n'est pas un choix, n'est pas une alternative, elle est un fait. La géographie et l'histoire nous ont faits voisins. A-t-on jamais connu un pays ayant changé d'adresse ? L'économie a lié nos intérêts de façon décisive. Nous sommes leurs premiers clients. Ils sont nos premiers fournisseurs. La question n'est pas de choisir d'imiter l'Allemagne ou au contraire de la critiquer alors qu'elle réussit en bien des domaines mieux que nous. La seule chose importante est d'organiser les relations avec notre grand voisin de la façon la plus profitable pour eux et pour nous. 

 

Aussi, je plaide clairement pour la création d'une grande zone économique franco-allemande cohérente et stable au coeur de la zone euro qui nous permettra d'abord de mieux défendre nos intérêts face à la concurrence allemande en gommant nos handicaps fiscaux et sociaux et qui nous permettra ensuite de prendre le leadership des dix-huit pays qui composent notre union monétaire. Inspirons-nous de ce qui marche en Allemagne et des réussites de la France. Imposons un équilibre dans nos rapports. Défendons nos lignes rouges. Contrairement à ce que l'on entend si souvent, c'est parce que nous serons proches des Allemands que notre influence sur eux sera plus forte et notre poids en Europe plus important. Qui peut sérieusement imaginer qu'une France isolée serait en mesure de mieux défendre ses intérêts ? Si les deux plus grandes puissances économiques européennes font le choix de la convergence économique et fiscale, la zone euro en sera profondément renforcée et la stabilité de notre continent assurée...

LIRE la suite de la tribune de Nicolas Sarkozy

 

 

 
Retrouvez l'intégralité de la tribune de Nicolas Sarkozy dans le n° 2175 du Point.

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Consultez notre dossier : Sarkozy, l'Européen

 

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