La création d’entreprise attire de plus en plus et elle est de moins en moins réservée à une élite ou aux personnes hors-du-commun. Aujourd’hui, elle est entrée dans les moeurs comme une perspective d’activité professionnelle à part entière. « Les créateurs sont même de plus en plus déterminés » explique Nicole Levelu, Responsable service création – transmission à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Rennes (CCI), « ils peaufinent plus leur projet, surtout dans le contexte actuel. Il y a le goût d’entreprendre, le plaisir d’entreprendre ».
Et cela se confirme : depuis le boom de l’auto-entrepreneuriat, les chiffres de la création d’entreprise sont en effet toujours aussi bons (550.000 par an) même l’augmentation se stabilise pour revenir à une croissance normale. « Les créations d’entreprises ont baissé de 2,1 % en 2013 selon l’Insee. Mais hors autoentrepreneurs la baisse ne serait que de 0,4 % sur un an » (Les Echos).
Mais par où commencer ? Comment s’y prendre et comment trouver les financements ? Nicole Levelu revient sur les grandes étapes de la création d’entreprise et donne quelques conseils…
La création d’entreprise étape par étape
1. Trouver et/ou peaufiner son idée
La première interrogation est personnelle. Il faut toujours se demander « qu’est ce qui me pousse à faire cela ? Quelles sont mes motivations ? » Cette étape est déterminante car de cela va dépendre la force du projet. Il ne faut pas monter son entreprise pour de mauvaises raisons comme un moment de découragement face à son job par exemple. Ceci dit, vouloir créer son activité suite à la perte de son emploi peut être un moteur formidable et donner l’énergie nécessaire à la création d’un projet. Mais cette énergie doit être positive !
Il faut prendre le temps de « l’introspection » : se demander ce que l’on aime faire, ce que l’on sait faire, quelles sont mes compétences qui serviront à mon projet.
« On peut se différencier sur beaucoup d’aspects : la manière de faire, la cible, les horaires, les services complémentaires, les prix… »
2. Construire son projet

Nicole Levelu, Responsable service création – transmission à la CCI de Rennes.
Concernant le projet, il y a le « quoi » et le « comment ». Quelle est la prestation ? Quel est le produit ? Qu’est ce qu’on va faire ? Il faut se méfier des idées de génie qui n’ont pas encore été exploitées. Les projets de création sont rarement complétement innovants. Et si l’innovation est essentielle, les entreprises qui fonctionnent sont souvent celles qui développent quelque chose qui existent. Ainsi, le marché et la demande sont là mais il demeure un manque. On va donc formuler une offre différenciante pour interpeller le consommateur et/ou proposer une valeur ajouté au produit ou au service.
On peut se différencier sur beaucoup d’aspects : la manière de faire, la cible, les horaires, les services complémentaires, les prix…
Ensuite, il est nécessaire de prendre un temps de réflexion : comment vais-je pouvoir gagner de l’argent avec cette idée ? Comment vais-je me positionner par rapport à la concurrence pour tirer mon épingle du jeu ? Il faut réfléchir à comment être assez performant pour gagner de l’argent et surtout, gagner sa vie.
Peu de personnes ont assez d’expérience pour tout faire seul. Lorsque l’on est primo-créateur, le mieux est d’avoir quelque peu avancé avant de rencontrer les réseaux. Si l’on a une idée mais l’on ne sait pas par où commencer, il ne faut cependant pas hésiter à demander conseil. Les conseillers de la Chambre de Commerce par exemple font un point avec les futurs créateurs afin de savoir où ils en sont dans leur projet et les accompagne.
3. Etudier son marché
Quand on pense « marché », il faut d’abord penser au marché global mais également au marché local. Il faut faire en vérité une approche de son propre marché, et dans la mesure du possible, investiguer un maximum par soi-même afin de capitaliser un maximum d’informations. Ces informations sur le terrain, sur le marché, sur la concurrence, etc, vont vous aider à peaufiner votre projet et à l’adapter à la demande. Cette étape permet de valider que le positionnement sur le marché est réaliste et peut déboucher sur une hypothèse de chiffres d’affaires.
Il est important de définir le seuil de rentabilité, à partir de quel chiffre d’affaire, une fois toutes les charges payées, je commence à gagner ma vie. C’est un seuil qui se calcule, mais se surveille aussi car plus tard, des actions de communication par exemple pourront être mises en place pour « corriger le tir ». Il faut également surveiller le niveau de sa trésorerie, surtout pour les futurs commerçants.
4. Rechercher des aides et des financements
Soit le porteur de projet a assez d’argent de côté mais cela est rare, soit il a un petit capital auquel il peut associer des aides complémentaires. Là, notre rôle à la CCI est aussi d’aiguiller les créateurs vers les interlocuteurs qui peuvent les aider à augmenter leurs fonds propres, pour ensuite aller convaincre la banque que le projet est viable. Nous évaluons également avec eux les conditions du financement, c’est-à-dire les garanties, les frais, les assurances, le taux, car décrocher un emprunt ne suffit pas.
Bien souvent, lorsque les créateurs constatent le nombre de leviers existant, ils sont agréablement surpris. Cependant, ces aides sont attribuées sur des critères bien spécifiques, et une fois ces critères appliqués, il reste peu d’aides auxquelles les porteurs de projet peuvent prétendre.
« Il ne faut pas se poser la question du statut juridique trop tôt »
5. Immatriculer son entreprise et remplir les formalités administratives
Ensuite il est temps d’immatriculer son entreprise au centre de formalités et de choisir un statut juridique : entreprise individuelle (EI), société à responsabilité limitée (SARL), société anonyme (SA)… C’est un choix auquel il faut réfléchir au moment mais il ne faut pas non plus « se tracasser » avec le statut juridique dès le début. Le choix découle naturellement lorsque l’on fait les « prévisionnels » c’est à dire l’étude de marché et l’estimation du potentiel chiffre d’affaires. Il ne faut donc pas se poser trop tôt la question du statut et des impôts qui y sont liés.
Il faut préciser que l’auto-entrepreneuriat n’est surtout la solution de secours lorsque l’on ne sait pas vers quel statut se diriger. Il est très bien adapté pour démarrer petit, en phase de test, en parallèle d’une activité salariée… Dans d’autres cas ce statut n’est pas du tout adapté. C’est un régime, comme d’autres, qu’il faut savoir choisir si c’est la formule adaptée à votre création d’activité. Et rappelons que toutes les activités ne peuvent pas être lancées sous ce régime. Il n’est pas la solution à tout ou celle par laquelle il faut absolument passer.
« Prendre le temps de bâtir son projet »
Au final, le constat de Nicole Levelu se veut positif : « Ce qui ont l’envie d’entreprendre entreprennent, il y a le gout d’entreprendre, le plaisir d’entreprendre. Et beaucoup de gens qui ne trouvent pas d’emplois décident de le créer, sans pour autant se lancer les yeux fermés. La création d’entreprise attire de plus en plus et elle est de moins en moins réservée à une élite ou aux personnes hors-du-commun ». Tout en restant optimiste, la Responsable service création – transmission à la CCI de Rennes donne de derniers conseils aux créateurs : « Il faut prendre le temps de bâtir son projet. Mais je suis convaincue que quelle que soit la situation de départ il est possible d’y arriver. C’est la même chose que pour l’emploi salarié, on ne maîtrise jamais tout. C’est pourquoi il ne fait pas hésiter à se faire aider, rencontrer des réseaux, entrer dans des clubs de créateurs qui sont des mines d’informations… Tous ces échanges sont très enrichissants. »
> La CCI de Rennes va bientôt mettre en place un outil d’e-learning sur la création d’entreprise. Avec le cabinet de coaching La Croisée, elle a également mis en place un programme de trois demi-journées de travail en petit groupe » Mieux se connaître pour réussir son projet » (150€ les 9h). Tous les détails sur www.rennes.cci.fr