La situation mensuelle budgétaire publiée vendredi matin par Bercy pour le mois de décembre confirmeles estimations diffusées mi-janvier par le ministère du Budget. Le déficit de l’Etat a atteint 74,9 milliards en 2013. C’est 12,3 milliards d’euros de moins qu’en 2012, mais c’est aussi 12,6 milliards de plus que ce qui était prévu dans la loi de finances initiale (LFI) pour 2013. En cause, les recettes qui ont été de 15 milliards inférieures aux prévisions. La dépense, elle, a été tenue. Notamment grâce à la clémence des marchés qui ont prêté à des taux plus bas que prévu en 2013. L’Etat a ainsi pu économiser 2 milliards d’euros sur la charge de sa dette.
In fine, le gouvernement a respecté la norme « zéro valeur » d’évolution de la dépense publique (niveau égal de dépense d’une année sur l’autre), si l’on excepte l’augmentation de 3,4 milliards d’euros de dotations à l’Union européenne qui a fait progresser la dépense publique, au final, de 2,5 milliards (à 376,7 milliards). Le budget général (hors dotation à l’UE et aux collectivités) est lui inférieur de 882 millions d’euros à ce qu’il était en 2012. Pour arriver à tenir la dépense, interventions, investissements et dotations des pouvoirs publics ont été réduits.
En revanche, les deux principaux postes de dépenses, pour le personnel et le fonctionnement, qui pèsent à eux deux pour près des deux tiers de la dépense publique de l’Etat, sont toujours en hausse. Les 120 milliards d’euros de dépenses de personnel ont augmenté de 0,5 % (+0,9 % à périmètre constant), ce malgré le maintient du gel du point de la fonction publique. C’est mieux qu’entre 2007 et 2012, où l’augmentation annuelle moyenne était de 2,2 %. Mais cela reste insuffisant. Les dépenses de fonctionnement ont quant à elle progressé de 2 % (+1,3 % à périmètre constant), mais inclues des dépenses non récurrentes comme l’augmentation de capital de la Banque européenne d’investissement (1,6 milliard) et la dotation au Mécanisme européen de stabilité (6,5 milliards).
La polémique lancée par Vincent Peillon mercredi avec la proposition d’un plan prévoyant non seulement le maintien du gel du point de la fonction publique, mais aussi le gel de tout avancement professionnel des fonctionnaires pendant deux ans, pourrait donc être une piste pour limiter cette progression. Cependant, cette mesure ne rapporterait que 1,2 milliard d’euros sur deux ans, à peine de quoi stabiliser les dépenses de personnel qui ont augmenté de 650 millions d’euros l’année dernière.
Pour réaliser ses 50 milliards d’euros d’économies d’ici 2017, François Hollande devra donc forcément passer par une baisse du nombre de fonctionnaires. Le président de la République en parlera peut-être samedi, à l’occasion du Conseil stratégique de la dépense publique, où Vincent Peillon est convié. Visiblement irrité par les déclarations du ministre de l’Education nationale, qui s’efforce depuis de démentir des propos tenus en « off », l’Elysée refuse aujourd’hui de faire tout commentaire sur l’ordre du jour de la réunion. Et pour l’instant, aucune prise de parole n’est prévue à l’issue de ce Conseil.
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