Une certaine idée du digital.

Stéphane Distinguin, PDG de faberNovel a accepté de se prêter au jeu de la big Interviuz. Portrait sans fard et sans langue de bois :

Viuz : Votre première émotion digitale ?

Stéphane Distinguin : Un site d’ecommerce licencieux en salle informatique à l’école en 1995.

Viuz : Outre la vôtre, la société High Tech que vous aimeriez avoir créé ?

Stéphane Distinguin : Google évidemment

Viuz: Ce qui vous plait le plus dans le digital ?

Stéphane Distinguin : Son élasticité et son optimisme.

Viuz : Ce qui vous plait le moins dans le digital ?

Stéphane Distinguin : Son absence de diversité et parfois son corporatisme. L’idée aussi -comme on disait du football avant 1998- que c’est un jeu qui se joue à 11 contre 11 et dans lequel les allemands gagnent à la fin. On pourrait dire que le numérique ça se fait avec des claviers, des écrans, des processeurs et de la connexion et que ce sont les californiens qui gagnent à la fin.

Viuz : Qui sont vos inspirations en termes de business ?

Stéphane Distinguin : J’ai un grand respect pour Raymond Loewy, Charles et Ray Eames et Marcel Dassault. Et plus récemment Nicolas Hayek, Marc Andreessen, et Niklas Zennström, le fondateur de Skype.

Viuz: Un livre qui vous a marqué ?

Stéphane Distinguin : J’ai été très influencé récemment par le livre Utopie Numérique : De La contreculture à la cyberculture de Fred Turner. Par les auteurs de Science Fiction comme Orwell et Bradbury mais également par ce que j’appelle les romans entrepreneuriaux de Balzac et de Houellebecq .

Viuz : Votre dernier achat sur Internet ?

Stéphane Distinguin : Hier soir, pour mon épouse, un lecteur MP3 pour la piscine . Et très souvent des projets sur KissKissBankBank et Kickstarter.

Viuz : Pour vous l’objet digital du désir ?

Stéphane Distinguin : Celui qui me rendra enfin infidèle à Apple. Tout en précisant que mes objets du désir digital ultime demeurent les utopies numériques, les fondatrices, celles qui sont à l’œuvre dans linux, wikipedia, kickstarter, airbnb… comme la neutralité, l’ouverture, le partage, …

Viuz : Votre dernière appli téléchargée ?

Stéphane Distinguin : J’ai téléchargé Chromecast de Google ce week-end pour tester l’objet dont on a dit qu’il était le gadget de l’année 2013.

Viuz : Complétez la phrase : Pour que le digital accélère en France il faut… ?

Stéphane Distinguin : Plus de grands champions. Qui fassent équipe…

Viuz : Android ou iOS ?

Stéphane Distinguin : Toujours iOS…Mais j’ai un Nexus 5 depuis la semaine dernière.

Viuz : Twitter ou Facebook ?

Stéphane Distinguin : Twitter sans l’ombre d’un doute à titre personnel. Mais Facebook m’est étranger en tant qu’entrepreneur et des réussites exceptionnelles comme celle de Pretty Simple, proche de nous à Paris, m’ont fait réfléchir et j’ai vraiment envie de m’y investir.

Viuz : Votre avis sur les messageries Instantanées : Snapchat, Wechat, Line ?

Stéphane Distinguin : Leurs « metrics » sont stratosphériques. Ils prouvent qu’il y a encore des leviers très puissants qui répondent à des besoins majeurs par des services simples. Ils montrent aussi que les valorisations délirantes qu’on leur prête peuvent être justifiées, paradoxalement parce que toutes les positions acquises dans les réseaux sociaux peuvent être attaquées. Il y a une fragilité consubstantielle à ces réseaux et leurs usages.

Viuz : Votre pire prédiction digitale ?

Stéphane Distinguin : J’ai vraiment cru à FourSquare… Dans mes aventures personnelles je me suis souvent planté sur la taille, la qualité et le financement des équipes. On ne rattrape pas une mauvaise équipe au départ ou un projet sous-financé.

Viuz: Votre meilleure conviction digitale ?

Stéphane Distinguin : Tout doit rester ouvert

Viuz : Votre Digital Detox préféré ?

Stéphane Distinguin : La piscine avec mes fils. C’est le seul endroit où je n’ai pas mon téléphone.

Viuz: Qu’avez-vous appris cette année ?

Stéphane Distinguin : En tant qu’entrepreneur j’ai appris que les arbres ne montent pas au ciel. En termes de business j’ai aussi réalisé que la Silicon Valley ne s’est pas faite en un jour. Ce qui signifie qu’en France, il faut aussi s’inscrire dans un temps plus long et laisser la place à une sédimentation à long terme.

Alors que nous sommes actuellement très focalisés sur l’innovation des usages, je m’interroge également sur un shift et des innovations plus lourdes menées aux Etats-Unis par Elon Musk et son projet d’Hyperloop ou les avancées en matière d’Ordinateur quantique. Mon message à l’écosystème est qu’il ne faudrait pas qu’on subisse une double peine : suivre l’innovation des usages sur des plateformes qui sont « ailleurs » et louper les nouveaux bouleversement technologiques fondamentaux des 30 prochaine années. Il faut être capable de se redonner de longues perspectives.

Viuz : Combien de mails recevez vous par jour ?

Stéphane Distinguin : Quelques Centaines. Quand on aime on ne compte pas

Viuz : Votre conseil aux entrepreneurs ?

Stéphane Distinguin : Faites quelque chose que vous aimez d’abord et soyez plus ambitieux… Il faut aussi savoir que vous vous retrouverez seuls et qu’il y a un gros enjeu à être bien entouré et proche d’un écosystème qu’il soit local ou vertical.

Viuz : La phrase qui vous porte ?

Stéphane Distinguin : toujours et encore cette phrase de William Gibson « The future is already here ; it is just not evenly distributed ».