A l’occasion de son 40ème anniversaire, l’Anact (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) s’est livrée à un exercice de prospective intéressant pour imaginer comment nous travaillerons en 2053.
Difficile de dire à quoi ressemblera le monde du travail dans 40 ans… Qui aurait pu prédire en 1973, le développement d’Internet et la révolution des nouvelles technologies ? Dans son magazine Travail et changement, l’Anact a tout de même essayé de dessiner les contours du monde du travail du milieu du 21ème siècle en interrogeant des experts, des politiques, des syndicats et des représentants du patronat. Un peu idéalisé, ce tableau en dit finalement plus sur notre époque que sur le futur. Voici les 5 principales tendances.
1. En 2053, nous travaillerons plus longtemps…
Mauvaise nouvelle, dans 40 ans la retraite n’existera plus à part dans de lointains souvenirs.« Avec l’accélération fulgurante de l’augmentation de l’espérance de vie, nous travaillerons de plus en plus longtemps mais sur des périodes plus courtes » prédit Hervé Lanouzière, directeur général de l’Anact. Notre carrière sera entrecoupée « d’intermèdes » pendant lesquels notre principale activité sera de « combattre la vacuité ». Conséquence : le travail ne sera plus un besoin alimentaire mais plutôt « une quête d’accomplissement ».
2. Les robots feront le sale boulot à notre place
Bonne nouvelle : la pénibilité du travail n’existera plus car les « robots, ordinateurs ou même des avatars » seront chargés des basses besognes de la production. Nous serons nous-mêmes un peu robotisés avec des implants qui nous permettrons d’accéder aux systèmes d’informations sur une période donnée. Car en 2053 nous serons tous des néo-artisans indépendants. Une communauté d’offreurs de services qui ressemble un peu aux auto-entrepreneurs d’aujourd’hui.
3. Il n’y aura plus de chefs dans les entreprises
En 2053, les entreprises ne seront plus gouvernées par la direction. « Les chefs n’existent plus et les niveaux hiérarchiques sont au maximum de deux. Nous avons gagné en intelligence collective » imagine Christian Leroy du Medef Nord-Pas-de-Calais. Concrètement, le dialogue social ressemblera plus à un partenariat, avec des syndicats d’un nouveau genre associés à la gouvernance des entreprises et à la prise de décision.
4. Nous serons tous en télétravail
L’économie étant tournée vers le service, le télétravail se généralisera et le temps de travail sera choisi. En 2053, « le modèle de l’entreprise physique a été pulvérisé : plus de sièges sociaux, des espaces de production démultipliés. Les réseaux immatériels forme la cohésion de l’entreprise et de ses salariés » annonce l’Anact. « Le travail est aujourd’hui ancré dans l’utopie, au sens premier du terme, c’est-à-dire l’absence de lieu » résume Philippe Durance, professeur au Cnam.
5. L’entreprise sera apprenante et démocratique
Grâce à un raz-de-marée de données, on travaillera mieux, l’entreprise sera apprenante et collaborative. Mais attention : « Big Data is watching you ». Les salariés seront aussi plus surveillés et tracés. Du coup demain, (comme aujourd’hui d’ailleurs), la démocratie dans le travail sera un véritable enjeu. C’est Michel Sapin, l’actuel ministre du Travail qui le rappelle.
Prédictions crédibles ou science-fiction ? L’avenir nous le dira. En attendant, on souhaite un joyeux anniversaire à l’Anact qui se voit toujours exister dans 40 ans. C’est sans doute la seule certitude : l’amélioration des conditions de travail sera encore d’actualité en 2053.