Alors que de nombreuses incertitudes planent sur les coopérations de PSA dans les moteurs, le constructeur français a tenu ce mardi à rassurer sur ses objectifs de production. Sa toute nouvelle ligne à la Française de Mécanique, l’usine historique détenue à 50-50 avec Renault, devrait tourner dès l’an prochain à pleine capacité. « On sera rapidement à pleine charge, j’espère bien en 2014 », a déclaré Denis Martin lors de l’inauguration.
Cette ligne, qui a représenté un investissement de 390 millions d’euros, dispose d’une capacité de 320.000 moteurs annuels. Elle est stratégique à plusieurs titres. D’abord, les blocs essence qu’elle assemble représenteront d’ici trois à quatre ans près de la moitié des volumes de l’usine, dont Renault se désengage progressivemen t. Ensuite, ces moteurs de 110 à 130 chevaux équiperont le cœur de la gamme de PSA, à savoir la 308, la C4, leurs dérivés SUV et monospaces, ainsi que des petites citadines comme la 208. A terme, les véhicules de segment D (508, C5) pourraient même en bénéficier.
Hérité du petit bloc EB fabriqué depuis l’an dernier à Tremery, ce nouveau moteur de 1,2 litre est symbolique de la logique de « downsizing » adoptée par l’ensemble des fabricants. Il ne compte que trois cylindres, sur une gamme où les constructeurs en implantaient quatre il y a quelques années. Sa puissance est maintenue grâce à un turbo, avec à la clef des gains importants en terme d’émissions de CO2. « En 2017, près de 47% de nos moteurs essence en Europe seront équipés d’un turbo, contre 18% aujourd’hui », estime Christian Chapelle, directeur stratégie et développement moteurs chez PSA.
Video PSA : les coulisses de la production du moteur EB Turbo Pure Tech
Si cette nouvelle fabrication conforte l’usine de Douvrin (3.000 salariés), toutes les inquiétudes ne sont pas dissipées. Ce site proche de Lens, où un accord de compétitivité a été signé durant l’été, dépend beaucoup des coopérations de PSA avec d’autres constructeurs.
Celle avec BMW lui apporte chaque jour l’équivalent de 1.600 « collections de pièces »par jour (carters, culasses, vilebrequins, bielles), assemblées ensuite dans l’usine Mini en Grande-Bretagne. Cela représente environ un quart des volumes de Douvrin. Or, cette coopération ne devrait pas se poursuivre étant donné que BMW a préféré développer son moteur en interne pour la prochaine gamme Mini, renouvelée à partir de 2014. Les deux constructeurs discutent encore, notamment sur la norme Euro 7 au-delà de 2020, et leur décision devrait être officialisée dans un an.
La poursuite du partenariat avec Ford sur le diesel, lui, semble plus sûr. « Avec Ford, c’est la continuité. Nous sommes en train de développer la cinquième génération de moteurs diesel », assure Philippe Varin, le patron de PSA. Sauf que du côté de Ford, on s’inquiète du fait que l’alliance entre Peugeot et General Motors puisse être étendue aux moteurs à gazole.
Pour l’instant, rien de nouveau sur ce front. PSA a confirmé que Douvrin fournirait les moteurs essence des véhicules fabriqués en commun avec Opel, à savoir les remplaçants des Meriva et Zafira. «A ceux qui disent que la montagne a accouché d’une souris, je réponds que cette souris va nous rapporter plusieurs centaines de millions d’euros et qu’elle mérite d’être considérée », s’est défendu Philippe Varin, face aux critiques sur son alliance avec GM.