Par Emilie Lévêque - publié le 25/04/2013 à 18:38, mis à jour le 26/04/2013 à 08:00
On s'attendait au pire. Le pire est arrivé. Pôle emploi recensait, fin mars, 3,224 millions de demandeurs d'emploi sans activité (catégorie A), soit une hausse de 1,2% (36.900 personnes) sur un mois et de 11,5% sur un an. Le triste record de janvier 1997 (3,195 millions) a donc été battu. Une performance dont François Hollande se serait bien passé. Depuis son élection mai 2012, en moyenne, plus de 180.000 nouveaux chômeurs sans activité ont poussé la porte du service public de l'emploi.
D'autres records ont déjà été enregistrés sur le front du chômage depuis le printemps 2011, début de cette flambée interrompue depuis 23 mois: en mars, si on inclut les chômeurs qui ont exercé une activité réduite (catégories B et C), les listes de pôle emploi recensaient 5,033 millions de noms (outre-mer compris), du jamais vu.
Toutefois, la situation était plus dégradée il y a 16 ans. La population en âge de travailler était en effet moins nombreuse (25,6 millions, contre 28,57 millions fin 2012). Actuellement, le taux de chômage, est de 10,2% (10,6% en incluant les DOM), pas encore au niveau du record de 10,8% (11,2% avec les DOM) enregistré à deux reprises par le passé, en 1994 et 1997.
Mais le contexte macro-économique et les perspectives sont plus sombres aujourd'hui. " Le record de 1997 était la conséquence de la récession de 1993 qui était bien moins violente que la récession de 2009. Et quatre ans après, l'économie française était en période de reprise. Aujourd'hui, ce qui est préoccupant, c'est qu'il n'y a aucune perspective de croissance ", explique à L'Expansion.com Yannick L'Horty, spécialiste du marché du travail.
>> Lire son interview : "Le chômage va aller de record en record pendant les six prochains mois "
Selon la dernière note de conjoncture de l'OFCE, le chômage va poursuivre sa hausse au cours des deux prochaines années. Le taux de chômage en France métropolitaine franchirait ainsi la barre des 11 % au quatrième trimestre 2013, et atteindrait 11,6 % de la population active fin 2014. Le FMI avance le même chiffre.
En termes d'âge, les seniors (plus de 50 ans), sont près de deux fois plus nombreux aujourd'hui à pousser la porte de Pôle emploi qu'ils ne l'étaient il y a 16 ans - 688.500, contre 395.000 en 1997- en raison notamment du report de l'âge de la retraite. Symptôme de la longueur et de la violence de la crise, le nombre de chômeurs de longue durée (inscrits depuis plus d'un an) a quant à lui atteint en 2013 un record absolu: 1,89 million, contre 1,45 million en 1997.
Le nombre des moins de 25 ans est, également revanche, moins important qu'à l'époque (549.400 contre 632.000). Des chiffres à prendre avec des pincettes car beaucoup de jeunes, n'ayant droit à aucune allocation, ne s'inscrivent pas à Pôle emploi. Ainsi, l'Insee fait à l'inverse état d'un taux de chômage des jeunes bien supérieur à celui du 1997 (26,4% fin 2012 contre 23,5% début 1997).
La France est cependant loin d'être un cas isolé. Partout en Europe, le chômage bat des records. 26 millions d'Européens étaient au chômage en février 2013, 10 millions de plus qu'en 2008. Le taux de chômage dans l'Union européenne (UE) atteignait en février 10,9% et celui de la zone euro un niveau historique de 12%. Dans certains pays, la situation est plus que catastrophique. En Espagne, le chômage a atteint fin mars le record historique de 27,6%, soit 6 millions de personnes sans emploi. En Grèce, le chômage s'établissait à 26,4% en février.