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"Je veux inscrire l’entreprise dans la constitution", dit Pierre Gattaz

16/4/13

 

Par  - Publié le 

Pierre Gattaz 
© Luc Perenom

    Le candidat favori de l’industrie, Pierre Gattaz, veut un Medef de combat. S’il est élu président de l’organisation patronale, le PDG de Radiall demandera au gouvernement de réaliser trois chocs :  un choc de confiance, un choc de fiscalité et un choc de compétitivité. Il veut aussi inscrire l’entreprise dans la constitution. C’est ce qu’il dira aux membres de l’UIMM qui reçoit tous les candidats à la présidence du Medef, le 18 avril.

L'Usine Nouvelle - Vous passez le grand oral de l’UIMM le jeudi 18 avril, vous êtes le candidat le mieux placé, en tout cas celui qui a rassemblé le plus de fédérations...

Pierre Gattaz - (Sourire) Je ne sais pas si je suis le mieux placé. On ne peut jamais prévoir à l’avance le résultat d’une élection. Je suis candidat par conviction personnelle, parce que je veux continuer à agir pour les entreprises et la France, ce que je fais depuis 15 ans à la Fieec et au Groupe des fédérations industrielles (GFI). Jeudi, l’UIMM organise un "grand oral" des candidats et désignera à la fin celui qu’elle soutiendra. J’espère bien être celui qui sera retenu car l’UIMM est ma famille, j’y siège au Bureau, je suis proche de ses adhérents que j’ai rencontrés activement ces derniers mois sur le terrain. Mais, être président du Medef, c’est aussi pouvoir comprendre et porter les préoccupations de toutes les autres Fédérations et des Territoires. C’est ce que je fais comme président du GFI depuis 3 ans. Trois nouvelles Fédérations ont rejoint cette organisation ces derniers mois, dont l’Ania qui a quitté le Medef voilà quelques années.

Vous avez donc le soutien de 16 fédérations ?

Les gens sont très prudents, et la campagne ne fait que commencer. Certains présidents sont à mes côtés, la plupart, mais il est encore trop tôt pour qu’ils se déclarent publiquement. Les bureaux de Fieec et de la Fédération de la plasturgie par exemple se sont déjà prononcés en ma faveur. Les décisions des autres sont à venir, il faut respecter leur processus mis en place pour l’élection et je le comprends.

Finalement, que pouvez-vous apporter au Medef ? En quoi êtes-vous différent des autres candidats ?

J’apporte ma ténacité, mon enthousiasme, ma capacité à passer des idées aux actes. Je me suis battu pour transformer Radiall, mon entreprise, en la réorientant des télécoms vers l’aéronautique, et pour l’internationaliser à marche forcée. Je me suis beaucoup battu pour que la France ait un cap et une vision industrielle. Je me suis aussi et surtout battu pour l’industrie et sa compétitivité au sein de la Fieec, du GFI, ou lors des états généraux de l'industrie et la conférence nationale de l’industrie. Et ce qui me fait plaisir, c’est que ce combat est devenu une priorité nationale sous Sarkozy d’abord puis sous Hollande et Montebourg. Maintenant, il faut passer des discours à l’action. Mon Medef va passer à l’action, être utile.

Comment pensez-vous influer sur la politique gouvernementale ? Vous n’êtes pas ministre de l’Économie…

Je ne suis ni ministre de l’Économie, ni ministre du Travail. Pourtant, le problème principal de ces deux ministres, et à travers eux de la France, c’est le chômage, aujourd’hui à plus de 10 %, bientôt peut-être à 13 voire 15. C’est cette spirale que nous devons arrêter. Nous ne le ferons pas sans les entreprises. Nous sommes 16 millions de personnes en activité, il y a deux à trois millions de chefs d’entreprise en France dont environ 800 000 sont représentés par le Medef. Cela fait une force de frappe considérable.

Que préconisez-vous ?

La France est le dernier pays au monde qui n’a pas accepté les lois de l’économie et de la mondialisation. Regardez le débat de ces derniers jours : rigueur ou pas rigueur, comme si on en était là ! Avec un poids de la sphère publique qui ne cesse d’augmenter, il est urgent que la France fasse son aggiornamento économique dans les mois à venir. Si on ne le fait pas, ce sera grave pour notre pays car le chômage risque de continuer à monter et nous nous retrouverons dans une posture extrêmement délicate.

Sur quoi devrait porter cet aggiornamento ?

Si je suis élu, en tant que président du Medef, je plaiderai pour trois chocs : un choc de confiance, un choc de fiscalité et un choc de compétitivité. Sur la confiance d’abord, il faut impérativement que le président et ses ministres comprennent que pour relancer l’emploi, créer des richesses et de la croissance, il faut des entreprises derrière. Il faut que le gouvernement nous libère de nos liens et remette l’entreprise au centre. Et, pour cela, je leur proposerai d’inscrire l’entreprise dans la constitution. Il y a bien une charte de l’environnement, il faudra une charte de l’entreprise. Je ferai travailler des constitutionalistes sur ce sujet. Mais je crois surtout que le débat qui naîtra autour de cette proposition permettra de faire de la pédagogie. L’entreprise est un bien essentiel au pays : c’est le seul endroit où on crée de la richesse et il faut que les Français l’entendent.

Vous voulez que le président de la République dise "je t’aime" aux entreprises ?

Mieux que cela. Je veux qu’il donne des preuves d’amour. Sur la fiscalité, il doit corriger les effets dramatiques, sur le fonds et sur la forme, du projet de loi de finance 2013. La fiscalité doit rémunérer le risque et l’investissement dans l’entreprise. Sur la compétitivité aussi, il faut aller plus loin. Les marges des entreprises françaises sont de 12 points plus faibles que celle des allemandes. Cela nous asphyxie et nous empêche d’investir et d’embaucher.

Le Crédit d’impôt compétitivité est censé compenser cet écart…

Ce n’est pas suffisant. Le Crédit d’impôt compétitivité emploi corrige à hauteur de 20 milliards une fiscalité qui a augmenté de 30 milliards d’euros depuis trois ans. Ce n’est pas grand-chose ! Il faut un choc pour désasphyxier l’économie et redresser les marges des entreprises françaises de 12 points inférieurs à celles des Allemands.

Le problème de coût du travail n’a donc pas été réglé ?

Je vais vous dire, je crois qu’aujourd’hui, tous les chefs d’entreprises de France ont six problèmes majeurs : le coût du travail, la peur de l’embauche, le financement du développement de leur entreprise, la fiscalité et l’environnement réglementaire, la transmission. Sur tous ces sujets, nous devons aller plus loin. Si nous les réglons, nous serons les rois du monde !

Vous êtes le candidat de l’industrie, comment comptez-vous séduire les services ?

L'industrie et les services, c’est le même combat. Quand l’industrie tombe, les services tombent. Et réciproquement. On peut donc de moins en moins séparer ces deux secteurs. Derrière chaque service, il y a des produits. Et derrière chaque produit, il y a des services : de l’ingénierie, de l’informatique, de la maintenance, du conseil… Je crois qu’il faut avoir une vision moins binaire de l’économie. Les facteurs clés de succès sont les mêmes pour tous : innovation, excellence opérationnelle, sens du client et ressources humaines. Le Medef que j’incarnerai défendra toutes les entreprises.

Propos recueillis par Thibaut de Jaegher


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