
Les entraîneurs des grandes équipes de football sont des managers hors pair. Ils poussent les joueurs à se dépasser et à inventer de nouvelles stratégies pour gagner. Stefan Gröschl, professeur de management à l’Essec, les observe depuis longtemps. Il établit un parallèle entre eux et les managers dans les entreprises. «Les uns et les autres pilotent des personnes d’âges, de nationalités, d’ambitions et de parcours différents», souligne-t-il. Et cette diversité est évidemment source de richesse. Ainsi, une équipe comme celle du Bayern Munich, entraînée cette année par l’Espagnol Pep Guardiola, tirerait sa force d’un style mariant de manière exemplaire la créativité du jeu latin à la rigueur allemande. Victorieux de la Ligue des champions en 2013, le club bavarois est, cette année encore, le grand favori de la compétition.
Comment réussir le casting exemplaire et permettre au groupe d’exprimer collectivement sa richesse et son talent ? Les six conseils qui suivent vous aideront à recruter votre dream team et à transformer ce qui n’est peut-être encore qu’un simple agrégat de «bons éléments» en une véritable équipe de gagnants.
1. Choisissez des profils complémentaires et solidaires
Le flair du sélectionneur consiste à composer une équipe avec des profils complémentaires. Bien sûr, quand il s’agit de joueurs exceptionnels, la tâche semble facile. Avec sa galerie de stars «galactiques» (Beckham, Zidane et Ronaldo), Vicente del Bosque a écrit, de 2000 à 2003, quelques-unes des plus belles lignes du palmarès du Real Madrid. En quatre ans, son équipe a remporté une Ligue des champions, une Coupe intercontinentale et deux doublés Coupe-Championnat d’Espagne. Après son départ, ses successeurs, Carlos Queiroz et José Antonio Camacho, n’ont plus rien gagné. Ils disposaient pourtant du même effectif. Que s’est-il passé ? «Les entraîneurs rencontrent souvent des difficultés à composer avec des ego forts, répond Stefan Gröschl. Pour fonctionner en collectif, il est primordial que les joueurs aient un caractère ouvert, du respect pour les autres et de la discipline.»
Dans l’entreprise, on résume les trois grands domaines de qualités indispensables aux collaborateurs aux trois lettres K, S et A, pour Knowledge, Skills, Abilities (savoir, compétences, aptitudes). Dans une équipe de foot, on remplace «aptitudes» par «attitude», et le tour est joué. En 2004, la Grèce crée la surprise au Championnat d’Europe des nations en battant le Portugal en finale. Pourtant, l’équipe entraînée par l’Allemand Otto Rehhagel ne paie pas de mine : aucune vedette dans ses rangs, un jeu simple. Mais elle possède d’excellents défenseurs et surtout, comme le souligne alors le magazine So foot, elle fédère «une bande de potes, solidaires et expérimentés».
A retenir : sur un terrain de football, une des clés de l’efficacité est la capacité des joueurs à fonctionner de manière solidaire et à s’apprécier. Ce principe vaut aussi pour l’entreprise.


2. Développez une stratégie et des valeurs communes
Au foot, il y a les mégastars comme Zlatan Ibrahimovic, qui jouent pour la gloire, les médias, le public ; ceux qui espèrent un bon transfert ; ceux qui se dévouent corps et âme à leur club… et ceux qui ne savent plus pourquoi ils jouent. Le job de l’entraîneur, comme celui du manager, est d’apporter un supplément d’âme, de leur donner une source de motivation, une raison de jouer qui transcendera toutes les autres. «L’équipe d’Espagne rassemble des joueurs de Madrid et de Barcelone, deux clubs rivaux, observe Stefan Gröschl. Pourtant, Vicente del Bosque, toujours lui [il est aux commandes de la sélection nationale depuis 2008, NDLR], a réussi à leur insuffler un réel esprit collectif, les menant aux titres de champions du monde en 2010 et de champions d’Europe en 2012.»
Ce qui cimente un tel état d’esprit, c’est la capacité du coach à proposer à son équipe une stratégie et des valeurs communes. C’est ce que font depuis des années les entraîneurs allemands, tel Joachim Löw, le sélectionneur de la Nationalmannschaft, l’équipe nationale. «La fédération a aligné le mode de fonctionnement de toutes ses équipes, résume Stefan Gröschl. Des enfants aux professionnels, on joue de la même façon, on travaille selon le même système de jeu et on porte les mêmes valeurs.»
A retenir : dans une entreprise, des employés aux cadres du top management, tout le monde doit pouvoir répondre à la question : «Quelles valeurs notre société porte-t-elle ?»
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