
Plus de 450 millions d’euros d’économies consolidées depuis 2007. Et peut-être pas loin de 600 millions au total. Ces chiffres étonnent encore Stéphane Richard, le PDG d’Orange. En sept ans, idClic, le dispositif d’innovation participative, qui centralise et développe les idées proposées par les salariés, est carrément devenu une manne financière pour le groupe. Là où d’autres entreprises peinent à impliquer leurs salariés, Orange collecte chaque année 20 000 idées auprès de ses 170.000 collaborateurs. C’est le maillon «participatif» d’une longue chaîne de l’innovation qui tente de mêler labos de R&D, équipes projet façon commandos, investissements dans des start-up, partenariats avec d’autres géants du high-tech… Le P-DG d’Orange revient pour Management sur ce système qui fait de l’entreprise le troisième déposant de brevets en France.
Management : Avec 122 000 idées déposées, rien qu’en France, idClic fait fureur parmi les salariés d’Orange. D’où vient sa force ?
Stéphane Richard : De sa simplicité liée à sa grande organisation. Les étapes sont très transparentes : dépôt, instruction, sélection, étude de marché, attribution de prix… Sur les 122 000 idées récoltées depuis la création d’idClic il y a sept ans, 12 000 ont déjà été mises en œuvre, soit 10%. Ce n’est pas rien. Cela aussi contribue au succès de cet outil. L’objectif était d’offrir une tribune à tous les salariés, quels que soient leur métier ou leur position hiérarchique, pour exprimer leurs idées. Et ça a fonctionné.
Management : Il s’agissait aussi d’évacuer la pression de l’époque…
Stéphane Richard : Les salariés avaient besoin d’une soupape, c’est certain. Quand vous lancez un tel dispositif dans une période de grande tension, de crise et de repli sur soi, cela peut être perçu comme une manœuvre politique de la direction, et donc susciter une certaine réserve. Pourtant, l’adhésion a été immédiate. Aujourd’hui, le climat s’est apaisé. Les salariés voient en idClic l’occasion de sortir de leur quotidien. C’est un appel d’air.
Management : Ne craignez-vous pas d’encourager ainsi les comportements individualistes ?
Stéphane Richard : Non, car même si l’idée vient d’un salarié, très vite une équipe se forme autour de lui pour travailler sur le projet. Un technicien d’Ile-de-France sera ainsi en contact avec un téléconseiller du Sud ou un vendeur en boutique. L’objectif est de décloisonner les métiers et les équipes dans une maison historiquement marquée par une certaine lourdeur. Or, en créant plus de liens, on améliore forcément le climat social.
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