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Crise de l'euro : la France cancre de l'Europe

13/3/14


Site d'actualité Le Point



 
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Crise de l'euro : la France cancre de l'Europe

Le Point.fr - Publié le  - Modifié le 

L'Allemand Markus Kerber conteste juridiquement les plans de sauvetage de la zone euro et critique le laxisme français. Interview d'un homme agacé.

Le couple franco-allemand pourrait bien ne pas résister à une crise française.
Le couple franco-allemand pourrait bien ne pas résister à une crise française. © Dabkowski Wiktor / Abaca
 
 
 
 
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Propos recueillis par 
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Professeur d'économie et de finances publiques à l'université de Berlin et fondateur du think tank Europolis, Markus Kerbera déposé des recours contre le sauvetage de la zone euro devant la Cour constitutionnelle de son pays. Selon lui, tous les principes fondateurs de l'Union monétaire ont été brisés avec les plans de sauvetage des pays en difficulté de la zone euro. La France apparaît de plus en plus comme un boulet pour l'Allemagne

Le Point : Quel regard portez-vous sur la campagne présidentielle française ?

Markus Kerber : Je remarque l'absence totale, dans le débat, des grands problèmes auxquels la France fait face. Personne, je dis bien personne, ne parle des finances publiques, qui sont dans un état lamentable et menacent la souveraineté de la France à courte échéance. Le président actuel a fait en sorte, avec une constance singulière, que le pacte de stabilité soit violé, même pendant les périodes de croissance. Je rappelle qu'en 2010 la France a enregistré une croissance importante, alors que le déficit s'est aggravé. Le déficit primaire - abstraction faite du coût de la dette - reste négatif alors qu'il est positif en Italie. L'État français dépense bien trop, environ 55 % du PIB, quand l'Italie et la Grande-Bretagne sont à peu près à 50 %, l'Espagne et l'Allemagne à 45 %. Monsieur Mélenchon promet des tombereaux de dépenses, monsieur Hollande veut renégocier le pacte fiscal signé par le gouvernement français à Bruxelles.

La France peut-elle encore accrocher la locomotive allemande si elle suit la voie adoptée par Gerhard Schröder en Allemagne dans les années 2000 ?

Je ne suis pas de ceux qui pensent qu'un pays de la zone euro doit en copier un autre. Chaque pays a ses propres structures de sécurité sociale qui sont incomparables. Ce qui est sûr, c'est que la France doit revenir à l'équilibre des finances publiques, sinon elle finira dans une situation comparable à celle de 1983 (au moment du tournant de la rigueur, NDLR). Si vous lisez les rapports de monsieur Migaud à la Cour des comptes, socialiste, il dit en termes beaucoup plus retenus ce que je viens de dire.

Vous prédisez un éclatement de la zone euro en deux groupes avec, d'un côté, les pays du Nord compétitif et, de l'autre, les pays du Sud. Quelle place donnez-vous à la France dans cette recomposition ?

Il y a un écart de compétitivité industrielle entre le Sud et le Nord. Ce n'est pas une malédiction des pays du sud de la Méditerranée, mais c'est un fait. L'euro n'a rien fait pour réduire cet écart. Au contraire. Il a permis aux pays souffrant de problèmes structurels de compétitivité de laisser dériver dangereusement le secteur public. Quant à l'Irlande, elle a laissé se développer un secteur bancaire surdimensionné. L'Espagne, elle, s'est retrouvée avec une bulle immobilière. Où se situe la France dans tout ça ? C'est traditionnellement un pays de faible monnaie. Elle a certes décrété, après des luttes internes terribles, l'indépendance de la Banque de France, et a mené une politique du franc fort et de désinflation compétitive avant de suivre à peu près le même modèle monétaire allemand. Mais les élites politiques françaises, de gauche comme de droite, et ceux qui ont des responsabilités au sein des autorités monétaires ne se sont jamais résolus à l'abandon d'une politique monétaire au service du commerce extérieur et des besoins budgétaires. Et ce, alors même que le traité de Maastricht a inauguré une banque centrale indépendante au service de la stabilité des prix. Aujourd'hui, la France, l'Espagne, l'Italie ou la Grèce veulent que la BCE se mêle de la conjoncture, joue le sapeur-pompier pour les budgets à la dérive et soit le prêteur en dernier ressort pour les banques. C'est absolument contraire à une philosophie allemande partagée par le Luxembourg, les Pays-Bas, la Finlande et l'Autriche. Bref, la France est de fait dans le camp des pays de la Méditerranée.

Quelle est la responsabilité de la France dans la crise actuelle de la zone euro ?

Le projet d'une monnaie unique, décrétée par des technocrates, est en lui-même une idée française. Delors en était l'ingénieur. Comme disait de Gaulle, à l'époque, la politique d'abord, l'intendance suivra.Mais l'économie est une intendance très résistante au volontarisme politique. Au lieu de faire une monnaie commune (qui aurait laissé intactes les monnaies nationales), on a voulu éviter toute concurrence monétaire. Le résultat est là. L'Espagne a par exemple bénéficié de taux d'intérêt bas qu'elle n'aurait jamais connus avec la peseta. Résultat, les promoteurs immobiliers ont bénéficié d'une rente de situation.

La France peut-elle être le prochain pays attaqué par les marchés ?

Elle est évidemment candidate. Elle l'aurait déjà été si le président de la BCE n'avait pas ouvert les vannes de la liquidité en prêtant aux banques à 1 % pendant trois ans, leur permettant d'acheter les obligations de l'État français. Regardez combien la Banque de France a acheté d'obligations d'État depuis 2008, c'est hallucinant ! Les banques centrales ne font que créer l'illusion que tout va bien.

L'Allemagne ne doit-elle pas accepter un assouplissement de sa politique budgétaire pour faire repartir la croissance européenne ?

Les finances publiques de l'Allemagne ne sont pas en très bon état. La France est à près de 90 % de sa dette, l'Allemagne à 80 %. Celle-ci se porte bien, parce que les recettes fiscales se portent bien. Mais elle ne peut pas jouer la locomotive de l'Europe tout en exposant son économie et son État à d'énormes risques liés aux pare-feu de sauvetage de la zone euro. Une politique budgétaire volontariste aurait pu être acceptable pour relancer l'économie européenne, si l'Allemagne n'avait pas les mains menottées par les pare-feu.




 

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