Les faits - C'est un sujet qui en 2008, était encore absent des campagnes municipales. Mais si Paris se veut être une capitale du numérique et de «la French Tech» selon l'initiative de la ministre en charge du dossier Fleur Pellerin, il va lui falloir mettre les moyens. Un enjeu qu'Anne Hidalgo comme Nathalie Kosciusko-Morizet ont bien cerné.
«J'aurais dû prendre un VTC !», déclarait Nathalie Kosciusko-Morizet mardi dans les locaux de Viadeo où, faute de GPS dans le taxi la transportant, elle est arrivée en retard pour présenter son programme numérique. Organisé par le think tank Renaissance Numérique, ce débat a permis à la candidate UMP à la mairie de Paris de passer à la contre-attaque face à Anne Hidalgo qui avait déjà publié ses intentions en la matière quatre jours plus tôt, dans le Journal du Net. Et si les sujets numériques étaient encore absents des élections municipales de 2008, ils constituent aujourd'hui un enjeu crucial dans le développement de l'entrepreunariat. En la matière, NKM a un avantage de taille, puisqu'elle fut un temps secrétaire d'Etat chargée du développement de l'Economie numérique.
«Je veux créer une "start-up publique" à la Mairie de Paris disposant d'une forte proximité culturelle avec les PME», a-t-elle déclaré. Il s'agirait d'une structure autonome baptisée Paris Innovation, capable de jouer le rôle d'un guichet unique destiné à faciliter la vie administrative des entrepreneurs. Une riposte à la volonté d'Anne Hidalgo de créer un un “pack jeune entrepreneur”, «permettant d’accéder à des services à coût réduit, en multipliant les espaces de coworking, ou en favorisant de façon encore plus active l’accès des PME aux marchés publics de la Ville». Rien de vraiment clivant, puisque NKM rêve elle aussi de créer une centrale d'achat pour entrepreneurs.
C'est davantage sur les politiques de promotion de l'innovation que les intentions divergent. NKM se dit fatiguée «de voir des personnalités politiques récupérer le succès de jeunes pousses en créant des concours de start-up juste pour être sur la photo». Un message que devrait entendre Anne Hidalgo, qui dans sa profession de foi cite les «“100 projets digitaux les plus innovants” identifiés par l’Electronic Business Group en 2013 (...) dont 52 à Paris». Une récupération peut-être facile, qui illustre cependant le dynamisme de l'écosystème dans la région. «Il faut choisir ces domaines d'excellence, explique la candidate UMP. Toutes les capitales se disent championnes des start-up, mais personne ne sait en quoi elles excellent». Pour Paris, NKM fait donc le choix du big data, le justifiant par l'abondance de talents dans le domaine des mathématiques à Paris. Elle va même plus loin, quitte à proposer d'intégrer l'enseignement de la programmation informatique à l'école.
Grande nouveauté de cette campagne, la démocratie participative donne des idées ambitieuses aux candidates, surtout à Anne Hidalgo qui souhaite associer les citoyens à la construction de leur ville. Elle propose de leur permettre d'approuver «directement l’attribution de 5 % du budget d’investissement, soit 67 M€ par an», sur une plateforme en ligne. NKM suggère quant à elle de miser sur l'extension Web ".paris" et de créer des plateformes par quartier, comme "marais.paris", sur lesquelles les citoyens pourraient déposer des pétitions , dans l'idée d'initier des référendums d'initiative citoyenne.
En matière d'open data, à savoir d'ouverture des données publiques, Nathalie Kosciusko-Morizet est la plus offensive : « Il faut prendre des risques, mettre des données sur la santé, la qualité de l'air ou encore la sécurité, à disposition ». Un projet pour l'heure utopique. Face à elle, Anne Hidalgo estime qu'il faut simplement poursuivre l'effort en matière d'open data. Quant au développement d'infrastructures, la candidate de droite souhaite favoriser le développement de la 4G dans le métro et «prévoir l'intégration de capteurs dans les bâtiments en amont des appels d'offre», tandis qu'en face, Anne Hidalgo communique sur le déploiement de 400 hotspots gratuits dans 260 lieux publics. Let's do it.
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