L'Usine Digitale - Une entreprise qui ne passe pas au numérique aujourd’hui perd-elle de la valeur ?

Bertrand Gauthier - Acheter un nom de domaine ou mettre en place une gestion de la relation client (CRM) informatisée est essentiel. Ne pas s’engager dans une démarche numérique, c’est rendre son entreprise invendable dans le futur. Lorsque vous chercher à revendre votre entreprise, les repreneurs disposent d’un large choix. Si vous leur expliquez : "je n’ai pas de fichier client numérisé mais je peux passer six mois avec vous pour vous les présenter un par un, en personne", à tous les coups, ils vous répondent non.

Et faire le choix de la transition numérique, c’est prendre une longueur d’avance sur ses concurrents. L’avantage comparatif permet à votre affaire de gagner de la valeur. Par exemple, la société Merim Digital Media, qui produit des panneaux publicitaires, a basculé sur le net. Avec plusieurs PME de la région Loire, ils ont créé Shop Expert Valley, un cluster qui a une vraie présence web. Merim Digital Media vend désormais à l’international alors qu’ils n’avaient des clients que dans la Loire et à Paris.

Pourquoi les TPE-PME hésitent-elles souvent à effectuer leur transition numérique ?

Les chefs d’entreprise ont souvent une idée fausse du numérique. Ils ont l’impression qu’utiliser les outils du web demande beaucoup de temps et d’argent. Il y a dix ans, les progiciels proposés aux PME étaient les mêmes que ceux des grands groupes. Ils coûtaient souvent plusieurs dizaines de milliers d’euros et étaient difficiles à prendre en main pour de petites sociétés qui ne disposent pas de pôle informatique spécialisé.

Aujourd’hui, des établissements comme Ciel offrent des outils numériques issus du grand public, adaptés à des novices. Les logiciels peuvent être payés au mois : cela permet aux PME-TPE de lisser leur investissement. Elles peuvent aussi tester certains logiciels gratuitement et décider ensuite d’acheter la version complète si elles sont satisfaites.

N’y a-t-il pas également une résistance des salariés, qui refusent de modifier leurs pratiques ?

Non, c’est même souvent le contraire : aujourd’hui de nombreux salariés maîtrisent les outils web. Lorsque le patron n’est pas un as des nouvelles technologies, il préfère souvent ne pas faire la bascule vers le numérique pour ne pas être "dominé" par ses employés.

Il y a un autre élément de résistance psychologique : les dirigeants de PME-TPE ont souvent abandonné leurs études tôt, parfois en situation d’échec. Retourner sur les bancs de l’école pour apprendre les bases du net peut être une démarche difficile pour certains.

Lélia de Matharel