Les uns sont des hommes –9 fois sur 10– en général français, jeunes (35 ans en moyenne), très diplômés (à 93% de niveau supérieur) et comptent dans plus de 50% des cas des créateurs d'entreprise dans leur entourage proche.
Les autres sont aussi des hommes –dans 74% des cas–, pas non plus très vieux (69% ont entre 30 et 49 ans), mais bien moins diplômés (41% n'ont pas le bac et seulement 34% ont un diplôme de l'enseignement supérieur). Un sur cinq a déjà directement créé une entreprise. Leur particularité: ils vivent en France mais sont étrangers hors Union Européenne.
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Aussi différents soient-ils, ces deux types d'hommes ont pourtant quelque chose en commun: ils créent des entreprises dans l'Hexagone.
Les premiers sont des fondateurs de start-up, autrement dit des jeunes pousses très innovantes, dont le portrait robot a été dressé le mois dernier par l'Atelier et TNS Sofres.
Les seconds, eux, ont été passés au crible par l'Agence pour la création d'entreprise (APCE) et la Direction de l’accueil, de l’accompagnement des étrangers et de la nationalités (DAAEN) dans une étude intitulée «La création d'activité par les personnes migrantes, issues de la diversité ou des quartiers. Un levier d'intégration et de croissance pour la France».Et eux aussi sont innovants, puisque, dans 47% des cas, ils ont introduit sur le marché des produits ou services nouveaux. Mais dans des secteurs bien moins glamour: leurs activités de prédilection seraient plutôt la construction et le commerce de détail.
Les premiers font régulièrement la une de l'actualité, tant les décideurs politiques, mais aussi les fonds de capital risque, apprécient tout ce qui peut leur donner l'impression d'avoir sous les yeux un entrepreneur de la Silicon Valley en VF.
Les seconds, en revanche, sont largement oubliés des débats publics et, bien souvent, des statistiques. Et pourtant: les étrangers hors UE qui résident en France ont créé 25.000 entreprises en 2010, sur un total de 622.000. Soit un peu plus de 4% des créations d'entreprises pour un peu plus de 5% de la population totale.
Mais s'arrêter à ces quelques chiffres serait une erreur: en effet, les étrangers ne sont pas de grands adeptes de l'auto-entreprise et préfèrent créer des entreprises «traditionnelles» (qu'elles prennent la forme d'une société ou d'une entreprise individuelle), où leur taux de création est là à peu près conforme à leur poids dans la population. Autrement dit: lorsqu'ils se lancent dans la création d'entreprise, les étrangers ont, plus souvent que les Français, une véritable ambition de développement pour leurs entreprises.
Du reste, celles-ci emploient plus fréquemment des salariés dès le démarrage (22% contre 12% pour les Français) et 34% des créateurs étrangers déclarent vouloir développer leur masse salariale dans les mois qui suivent l’enquête, contre 24% des Français. La taille moyenne de leur entreprise –à la création– est de 2,74 salariés, contre 2,55 pour les Français.
Mais s'ils sont ambitieux, les créateurs étrangers rencontrent aussi des difficultés spécifiques: il leur est plus souvent qu'à un Français difficile d'obtenir un financement externe, notamment bancaire. Les créateurs étrangers non auto-entrepreneurs ont, à 62%, financé leur projet avec leurs ressources ou celles de leurs familles et associés, contre 49% pour ceux de nationalité française. Ils éprouvent plus de difficultés pour établir des contacts avec la clientèle et à faire appel aux réseaux spécialisés dans l'aide à la création d'entreprise: souvent, ils ont l'impression que ceux-ci sont réservés à une élite ou se retrouvent tout simplement perdus dans le foisonnement des prestations proposées.
D'où l'intérêt de mieux faire connaître les nombreux dispositifs existants aux entrepreneurs étrangers: lorsqu'ils sont accompagnés, les créateurs d'entreprise -en général- voient les chances de survie de leur entreprise passer de 50 à environ 85% au bout de cinq ans. Et leurs chances de jouer un vrai rôle sur le marché de l'emploi et dans l'économie française monter en flèche!
C.B.
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