Sur la forme d’abord. Certes, l’emploi s’est déjà beaucoup « déstructuré », le poste à temps plein à durée indéterminé étant de plus en plus rare. C’est pourquoi le Conseil d’orientation pour l’Emploi travaille sur l’évolution des formes d’emploi: temps partiel, horaires atypiques, salariat « porté », groupements d’employeurs… La gamme est vaste et l’on n’a certainement encore pas tout vu.
Pour le pire, comme les travailleurs détachés d’Europe de l’est avec le salaire de leur pays pour travailler en Europe de l’ouest. Mais aussi pour le meilleur, comme ces PME qui se groupent pour employer un DRH ou un directeur financier qu’elles n’auraient pas pu employer individuellement.
Mais l’emploi va aussi changer de contenu. Sur les 2,5 millions d’emplois qui seront créés en France d’ici à 2030, selon le Centre d’analyse stratégique, la plupart concerneront les services aux entreprises (informatique, juridique, maintenance, nettoyage, mais aussi ingénierie, conseil et recherche), les services aux collectivités et à la personne (santé, éducation, loisirs, culture…) et l’intermédiation, qui comprend la finance mais aussi la logistique.
Environnement et numérique en plein essor
L’Association pour l’Emploi des Cadres (APEC) a, de son côté, listé les emploisde cadres qui seront recherchés dans quelques années. Quels seront ces emplois ? Il faut faire un effort pour imaginer de quoi le pays aura besoin. L’APEC a défini une soixantaine de métiers nouveaux ou en transformation. Ainsi, il faudra désormais gérer les applications pour smartphone, ou encore mesurer la e-réputation des sites…
Autre exemple : les experts capables de faire baisser la consommation d’énergie des entreprises seront très recherchés. Le traitement des déchets et, plus globalement, l’environnement tiendront la vedette. Gérer les ressources en eau, déceler les mélanges de produits qui pourraient être toxiques, seront autant de fonctions nécessaires.
Le numérique (les extracteurs de données seront très demandés) et la génomique, qui sera de plus en plus utilisée pour soigner les malades, seront aussi en plein essor.
La Chambre de commerce et d’industrie a, elle, recherché quels seront les métiers d’avenir dans l’industrieavec, à l’appui, une enquête d’Opinionway. Car, oui, l’industrie existera encore, et sera pourvoyeuse de métiers hautement qualifiés, sans rien de commun avec l’image que se font des métiers industriels la plupart des jeunes.
Normes et gestion des risques vitales pour l’industrie
Les compétences liées aux normes et à la gestion des risques sont considérées comme les plus importantes pour l’avenir de leur entreprise par 93% des industriels interrogés, suivies par les compétences commerciales et marketing (85%) et les compétences liées à la production et la maintenance (84%).
Plus précisément, concernant les « métiers d’avenir », 27% des dirigeants citent spontanément ceux liés à la robotique ou l’ingénierie (ingénieur robotique, lean manager,…) et 22% les métiers liés aux normes et à la qualité (responsable QHSE, risk-manager,…). Ils ne sont que 14% à citer spontanément l’émergence de nouveaux métiers liés à la fonction commerciale et marketing (responsable e-commerce, ingénieur export, acheteur…).
A noter que ces nouveaux métiers ne sont développés pour le moment que dans les plus grandes entreprises. Mais ils vont se répandre vers les PME.
Ces réflexions permettent en tout cas de se projeter et d’entrevoir quels seront les secteurs où des compétences seront demandées. Une aide à la décision, lorsqu’on cherche comment s’orienter, se former ou encore se reconvertir.
Marie-Laure Cittanova - Slate.fr