Qui aurait cru il y a cinq ans que Nestlé deviendrait la plus grosse capitalisation boursière en Europe ou que EDF sortirait du Top 10 des géants de la Bourse ? La photographie (1) des 100 plus grosses entreprises européennes en 2008 et en 2013, dans une étude de PwC, montre à quel point les cartes ont été rebattues avec la crise.
L'évolution la plus spectaculaire est la montée en puissance des sociétés de la santé et de la consommation, à la fois en termes de capitalisation cumulée et de nombre de sociétés de ce palmarès. « Le marché a été très binaire depuis 2008 : il a clairement privilégié les valeurs très axées sur les pays émergents et qui ont une importante visibilité sur leurs bénéfices et revenus futurs », souligne Catherine Garrigues, responsable de la gestion actions chez Allianz GI France.
Nestlé a ainsi connu une ascension notable : le géant de l'agroalimentaire est désormais la première capitalisation européenne (164 milliards d'euros) alors qu'il était au 7e rang en 2008. De leur côté, Roche et Novartis s'octroient les 3e et 5e places du palmarès. Sanofi a grimpé en flèche du 25e rang en 2008 au 9e en 2013.« L'agroalimentaire et la santé n'étaient pas historiquement considérés comme des secteurs de croissance, mais avec l'importance grandissante des consommateurs des pays émergents, ils le sont devenus », remarque Fabien Laurenceau, stratégiste chez Aurel BGC.
A l'inverse, l'énergie a beaucoup perdu de terrain : il n'y a plus que 18 sociétés sur les 100 mastodontes contre 25 précédemment. « C'est un secteur où il n'y a plus beaucoup de croissance », reprend Catherine Garrigues. Shell et BP ont perdu des places, tandis que Total est carrément sorti du top 10, si bien que la France ne compte que Sanofi dans ce palmarès restreint.
En termes géographiques, l'évolution depuis 2008 ne montre pas de changements majeurs . « Le Royaume-Uni - 22 sociétés sur 100 - , l'Allemagne - 17 - et la France - 17 aussi - forment toujours le trio de tête, mais les premiers affichent une légère hausse de leur nombre de grosses capitalisations, à la différence de l'Hexagone. La croissance économique a été plus faible en France, remarque Philippe Kubisa, associé chez PwC. Il y a en outre des effets devises ». Certains pays n'apparaissent plus du tout dans le palmarès comme la Finlande, Nokia ayant disparu des radars.
Au total, les ténors de la cote ont réussi à surmonter la crise. 73 entreprises parmi les plus grosses aujourd'hui étaient déjà dans le classement de 2008. La capitalisation agrégée des 100 plus grosses sociétés a même augmenté de 7 % en cinq ans. « Quand il y a une crise, les investisseurs ont tendance à se réfugier sur les poids lourds des secteurs, capables de résister », conclut David Kalfon, président d'Amaïka AM.
(1) Août 2013 et août 2008.