Bonne nouvelle pour ceux qui rêvent de cursus courts et professionnalisant, l’ESCP Europe va lancer à la rentrée 2015 un bachelor ouvert à 240 étudiants. Ce diplôme en trois ans, qui connait un succès grandissant, proposera un parcours au choix dans trois des cinq campus que compte cette école en Europe : la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et l’Angleterre.
Mauvaise nouvelle pour les bacheliers français, ils n’auront pas accès à ce nouveau programme. Pas question, en effet, de faire de l’ombre aux prépas qui fournissent l’essentiel des bataillons de la grande école, celle qui forme au master en management en cinq ans.
Parallèlement, l’école de commerce parisienne annonce, ce mercredi 16 octobre, le lancement d’un MBA à temps plein et sa volonté de spécialiser davantage ses masters. "Les formations à bac+5 souffrent, constate Edouard Husson, directeur général de l’ESCP Europe, comme l’a montré la récente étude de l’Apec."
La semaine dernière, en effet, une enquête sur l’insertion professionnelle des jeunes diplômés de 2012 a révélé que 63 % des diplômés à bac+5 occupaient un travail dix mois après la fin de leurs études contre 72 % un an plus tôt pour la promotion précédente. Au contraire, les formations courtes en trois ans, ou celle en six ans et plus, obtiennent des taux d’insertion bien plus élevés.
Des formations nettement moins coûteuses que les masters
Depuis plusieurs années, les formations en trois ans, licences professionnelles à l’université ou bachelors des écoles de commerce, cartonnent. "Nous perdions des élèves de très bons niveau qui ne voulaient pas attendre deux ans pour rejoindre l’ESCP", constate Edouard Husson. Celui-ci ne désespère pas d’ailleurs qu’une partie des élèves du bachelor poursuive leurs études en master dans l’école.
"En temps de crise, le recrutement de fonctions opérationnelles l’emportent sur les fonctions support, explique pour sa part Jean Charroin, directeur d’Audencia à Nantes. Cela bénéficie aux diplômes en trois ans." A l’heure où des familles hésitent à payer 8.000 euros pendant 5 ans, les bachelors, moins chers, offrent un bon retour sur investissement. Et pour les écoles de commerce, c’est une manne inespérée au moment où les chambres de commerce diminuent leurs aides.
L’ESC Saint Etienne est ainsi devenu depuis cette rentrée le pôle bachelor de l’EM Lyon. L’objectif est d’y accueillir 500 élèves par promotion d’ici 2018. Des élèves, comme ceux du BBA de l’Essec, qui bénéficient de l’image de la grande école, ses alliances universitaires, sans les mêmes contraintes que le programme grande école. "A Nantes, le bachelor de l’Ecole atlantique de commerce, qui a fusionné avec Audencia en 2010, compte 450 étudiants, indique Jean Charroin. Ils peuvent faire une année de césure en partant étudier un an à l’étranger dans l’une de nos universités partenaires."
750.000 bacheliers potentiellement intéressés par cette offre
Mais une majorité de professeurs sont des vacataires moins chers que des enseignants permanents. A Kedge Business school, né de la fusion de l’Euromed et de Bordeaux Ecole de management, le bachelor -à 6.500 euros l’année- représente 30% de l’activité du groupe. Cette formation lui permet de s’ancrer localement avec des spécialisations en troisième année ciblées selon le territoire : le tourisme à Bastia, la logistique maritime à Marseille, l’économie numérique à Toulon, le marketing à Bordeaux, l’agroalimentaire à Avignon et, depuis cette rentrée, à Bayonne.
Le succès des bachelors ne devrait pas se démentir dans les prochaines années. En 2012, les bachelors des écoles regroupées au sein du concours Ecricome (ICN, Kedge, Neoma) ont rejoint le portail APB (Admission Post Bac). Et, c’est officiel depuis quelques jours, une dizaine d’autres écoles, celles du concours Atout +3, comme Grenoble, Nantes ou Strasbourg, les rejoignent cette année pour proposer leur formation en trois ans aux 750.000 bacheliers quand ils formuleront leur choix. Une belle vitrine pour un diplôme qui a la cote.