Julien Roitman, président des Ingénieurs et scientifiques de France (IESF), lance un appel au gouvernement, pour qu’il utilise au mieux ce potentiel économique que représentent les 150000 ingénieurs français en poste à l’étranger.
L’Usine Nouvelle - Ce mardi 27 août, plusieurs ministères organisaient une rencontre avec les dirigeants français d’entreprises étrangères, afin de les mobiliser en faveur de l’économie française. Sur Twitter, vous avez invité le gouvernement à faire de même auprès des ingénieurs français travaillant à l’étranger. Comment ?
Julien Roitman - Il faut prendre conscience qu’un nombre colossal d’ingénieurs français travaillent à l’étranger, 150000, pour des entreprises françaises ou étrangères. Et ce stock augmente régulièrement ! Cela fait 25 ans qu’on explique aux élèves des grandes écoles combien l’international est important, et désormais, 20% des jeunes diplômés ingénieurs commencent leur carrière à l’étranger.
Ces ingénieurs français gardent un lien très fort avec leur école et leur association d’anciens, mais à l’étranger, ils sont laissés en roue libre. Dans les grandes métropoles, ils se regroupent parfois dans des associations d’anciens élèves, mais école par école. Aucune structure ne fédère, localement, tous les ingénieurs français. Or tous sont très ouverts à l’idée de promouvoir la formation et les technologies françaises. Il est dommage de ne pas faire appel à eux.
Que pourrait faire le gouvernement pour les solliciter ?
L’Etat, par le biais de ses représentations économiques ou technologiques à l’étranger, et grâce à un travail commun entre le Quai d’Orsay et le ministère du Redressement productif, pourrait agglomérer ces différents ingénieurs. Le gouvernement doit créer un réseau international d’ingénieurs français pour soutenir l’industrie et les technologies françaises. Notre association s’y emploie, mais à son modeste niveau, et un coup de main de l’Etat permettrait de donner au mouvement une tout autre dimension.
Comment ce réseau serait-il utile aux industriels français ?
Les industriels français y trouveraient un réseau d’appui. Pour vendre à l’export, il faut bien comprendre les cultures locales, et les ingénieurs français pourraient être des auxiliaires de cette démarche. Les industriels français pourraient venir présenter leurs projets autrement qu’en charter, au coup par coup, dans les bagages présidentiels…
Propos recueillis par Cécile Maillard