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« Le manque d'ingénieurs est un mythe »

10/8/13


Les Echos

FRANCE

PHILIPpE JAMET, (président de la Conférence des grandes écoles)

 

Par Sharon Wajsbrot | 01/08 | 06:00 | 3commentaires
 
Nicolas Tavernier/REA
Nicolas Tavernier/REA

Pourquoi est-ce que les voies d'entrée aux carrières d'ingénieur se sont multipliées ?

Cette évolution correspond d'abord à une demande sociale, un besoin d'ouvrir l'accès à une profession parfois jugée un peu élitiste. Cela correspond aussi à l'évolution des métiers qui s'apprennent à l'école mais aussi directement dans les entreprises. L'impulsion des entreprises et des régions et collectivités territoriales a notamment permis de développer de nouvelles formations par apprentissage. Elles ont vu là un moyen de rapprocher l'enseignement supérieur des réalités et des besoins de développement économique des territoires. Dire que les écoles d'ingénieurs représentent une filière d'élite, ce n'est plus la réalité du cursus aujourd'hui. Les écoles post-bac se sont beaucoup développées tout comme les filières d'admission sur titre universitaire ou de formation en alternance. Aujourd'hui, les formations en alternance représentent 12 % des ingénieurs diplômés chaque année et cela continue à se développer. Ce ne sont plus des filières parallèles, elles sont devenues majoritaires dans le paysage.

Est-ce que la France manque d'ingénieurs pour répondre aux besoins du marché ?

Le manque d'ingénieurs est un mythe. Il est vrai que l'ingénieur français est prisé, mais il n'y a pas de pénurie. La réalité macroéconomique française dépend fortement des filières. Dans les SSII (sociétés de services en ingénierie informatique) qui manqueraient d'ingénieurs, le marché est extrêmement cyclique et volatil. En réalité, il n'y a pas vraiment de manque, mais plutôt un flux tendu d'insertion. Dans les autres filières, il n'y a pas de manque d'effectifs : la réalité industrielle française est plutôt en légère décroissance. S'il y avait une réelle pénurie, les ingénieurs devraient voir leurs salaires augmenter, or ce n'est pas le cas. Depuis ces vingt dernières années, on observe clairement une érosion des salaires des ingénieurs en euros constants. Le problème ce n'est pas la pénurie mais bien le manque d'activité industrielle en France.

Est-ce que le modèle de formation d'ingénieur à la française est encore attractif ?

Le profil polyvalent de l'ingénieur à la française, bien exposé à la réalité de l'entreprise, reste un produit très attractif à l'international. Un ingénieur à la française, ce n'est pas un technologue, mais c'est quelqu'un qui est apte à gérer de la pluridisciplinarité. La capacité à associer de la science et des humanités est clairement adaptée aux problèmes que l'on rencontre aujourd'hui dans les entreprises et la société. Les formations professionnelles intègrent aussi une partie substantielle d'expérience en entreprise. Ce type de formation pratique, sous le mode du compagnonnage, est une spécificité française très prisée. Cependant, la France reste une destination moins attractive qu'elle ne pourrait l'être pour les étudiants internationaux. Paradoxalement, la gratuité de l'enseignement supérieur nuit à son attractivité : comme la France n'envoie aucun signal prix, ses formations ne sont tout simplement pas visibles sur le marché international de l'éducation.

Propos recueillis par S. W.
 

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