Le numérique est un facteur clef de la compétitivité. Notre stratégie, notre ambition numérique, c'est d'en faire un véritable accélérateur de croissance pour le pays, à travers quatre leviers. Le premier réside dans le déploiement des infrastructures, avec le plan très haut débit de 20 milliards d'euros annoncé par le président de la République mais aussi l'accélération du déploiement de la 4G et la décision de libérer la bande des 700 MHz pour faire face à l'explosion des usages sur mobile.
Le deuxième axe, c'est de mettre fin au saupoudrage des aides à la recherche et développement, qui ne permet pas d'atteindre la masse critique et n'incite pas les acteurs à faire des paris technologiques. Nous concentrons donc les aides (150 millions d'euros dans un premier temps) sur quelques technologies critiques en termes de potentiel de développement et de souveraineté : le « cloud » et le « big data », les logiciels embarqués, l'Internet des objets, la sécurité des réseaux et le calcul intensif.
La troisième dimension, ce sont les usages. Dans le domaine des « smart cities », des transports intelligents, de l'e-éducation, de l'e-santé, nous pouvons faire coup double : moderniser de manière radicale les services publics et l'expérience utilisateur, tout en créant un appel d'air en termes de commandes pour notre industrie numérique. A condition toutefois de bien articuler les deux dimensions et de permettre à l'offre de se structurer. Enfin, le quatrième levier est le renforcement des écosystèmes du numérique. Cela passe d'abord par l'investissement, où le problème se situe au niveau du capital-développement, c'est-à-dire des gros tickets pour faire croître les pépites. Le programme des investissements d'avenir a dégagé 590 millions d'euros pour intervenir sur ce segment et une enveloppe de 250 millions d'euros par an issue du Livret A a aussi été réservée par la Caisse des Dépôts. Nous allons aussi renforcer les programmes d'accompagnement et de mise en valeur des start-up numériques. C'est tout le sens du projet de quartiers numériques.
Il faut déjà s'appuyer sur ce qui fonctionne, ne pas réinventer la roue. Des clusters et des pôles de compétitivité, comme Systematic, Cap Digital, Images et Réseaux, SCS ou Minalogic, ont prouvé leur efficacité. Il faut aussi identifier les endroits où certaines entreprises se concentrent déjà en grappes, comme Euratechnologies à Lille ou le Quartier de la création à Nantes, identifier les talents. C'est le sens de la mission confiée à Tariq Krim. Nous souhaitons ensuite labelliser une quinzaine de quartiers numériques en France, en accompagnant les territoires dans leur dynamique. L'objectif, c'est de passer des incubateurs aux accélérateurs, un peu comme le Y Combinator aux Etats-Unis, en mobilisant tous les moyens pour créer des champions mondiaux.
Paris a vocation à être le lieu d'un « hub numérique » pour l'international. Mais il ne faut pas résumer l'écosystème numérique en Ile-de-France à ce seul projet. Il y a déjà 100.000 m 2 d'incubateurs à Paris, un pôle autour de l'image à Saint-Denis, un autre autour du jeu vidéo à Montreuil, par exemple. Ce qui manque aujourd'hui, c'est une mise en réseau des écosystèmes sur les territoires et un levier d'attractivité et de projection internationale. Ici aussi, l'ambition est de changer d'échelle et c'est à l'Etat qu'en incombe la responsabilité. Ce projet, c'est d'abord la marque de confiance de l'Etat à des dynamiques de territoire initiées depuis longtemps. L'Etat reconnaît leur démarche, les appuie et apporte un effet mutiplicateur. Surtout, il ne faut pas résumer les choses à leur dimension immobilière. L'enjeu, c'est l'accompagnement des start-up, c'est aussi la capacité d'attirer en France des talents, des investissements, des entreprises.