Des parlementaires défendent une exploration et une exploitation "maîtrisées" dugaz de schiste. "La fracturation hydraulique reste la technique la plus performante, la plus facile à utiliser, et celle qui est utilisée aujourd'hui n'a rien à voir avec celle qui a été utilisée auparavant", dit le sénateur Jean-Claude Lenoir, coauteur, avec le député PS Christian Bataille, d'un rapport relatif aux techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste évoquant notamment une consommation d'eau et d'additifs en forte baisse.
Les deux parlementaires ont été chargés, en début d'année, d'étudier les"techniques alternatives" à la fracturation hydraulique par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), organisme qui rassemble des élus de tout bord. Ce rapport risque de provoquer des tensions au sein de la majorité entre les écologistes, farouchement opposés à l'exploitation des gaz de schiste, et les socialistes.
La France a la capacité de développer une filière de fracturation respectueuse de l'environnement, ajoute le rapport, soulignant que plusieurs entreprises françaises sont en pointe sur certaines étapes du processus aux Etats-Unis, comme Veolia dans le traitement de l'eau utilisée. "La France possède toutes les compétences scientifiques, techniques et industrielles, à tous les niveaux de la filière, pour créer une filière de fracturation propre", estiment les rapporteurs.
Ce rapport d'étape propose de faire de la recherche sur les ressources françaises une priorité, avec l'utilisation de la technique sismique – interdite depuis 2012 pour les ressources non conventionnelles –, puis de recourir à la fracturation hydraulique sur "quelques dizaines" de puits d'expérimentation. Ils avancent que la fracturation hydraulique aurait déjà été utilisée en France "à au moins 45 reprises"entre les années 1980 et l'interdiction de 2011, "sans qu'aucun dommage ait été signalé". Ils estiment également que "la France possède toutes les compétences scientifiques, techniques et industrielles, à tous les niveaux, pour créer une filière de fracturation propre".
Les membres de l'OPECST jugent également que les hydrocarbures non conventionnels doivent être pris en compte dans le débat sur la transition énergétique, qu'ils pourraient permettre de financer notamment grâce aux retombées économiques perçues par les collectivités. "Dans la période qui s'ouvre, nous continuerons d'utiliser des hydrocarbures (...) ; d'ici à 2030, 2040, voire 2050 nous continuerons d'utiliser du pétrole, du gaz", explique Jean-Claude Lenoir.
L'OPPOSITION DU GOUVERNEMENT
La France a interdit, en juillet 2011, la technique de la fracturation hydraulique en raisons des risques pour l'environnement, fermant la porte à l'exploration et à l'exploitation du gaz de schiste en l'absence de technique alternative.
Toutes ces propositions prennent le contre-pied de la position de la ministre de l'écologie, Delphine Batho, opposée à toute exploitation de cette forme d'énergie fossile. Lors d'un débat radiotélévisé mercredi avec la présidente du Medef,Laurence Parisot, qui a dit voir dans le gaz de schiste une possibilité pour"relancer l'économie" française, Mme Batho avait réaffirmé que son exploitation, comme aux Etats-Unis, "n'est ni possible ni souhaitable" en France, et prôné à la place des investissements massifs "dans les économies d'énergies et les énergies renouvelables".
Tout en réaffirmant l'interdiction de la fracturation hydraulique, le président de la République François Hollande avait, quant à lui, dit, à la fin de 2012, qu'il"prendr(ait) ses responsabilités" si une nouvelle technique respectueuse de l'environnement apparaissait, suscitant des inquiétudes chez les écologistes. Ce rapport parlementaire a déclenché, avant même sa publication, un tir nourri de critiques d'opposants à l'extraction du gaz de schiste, quelles que soient les techniques utilisées.
Composé de 36 députés et sénateurs, l'OPECST est appuyé dans ses recherches, destinées à informer le Parlement sur les choix scientifiques, par un comité d'une vingtaine de scientifiques. Ce rapport d'étape sur les techniques alternatives à la fracturation hydraulique sera remis dans sa version définitive à l'automne.