Pour échapper qui sévit en Europe, les entreprises se tournent vers les pays émergents. Certains grands groupes commencent à changer leurs structures et à réduire le management en Europe.
Après les ouvriers, faut-il s'attendre demain à des réductions d'effectif chez les cadres en Europe ? Durement touchés par la crise, les poids lourds de l'industrie ont enchaîné les fermetures de sites depuis 2009 dans le raffinage, l'automobile, la sidérurgie ou l'agroalimentaire. Mais la montée en puissance des pays émergents et de leurs énormes mégalopoles pourrait pousser les groupes à aller plus loin, en touchant à l'encadrement.
Pour s'adapter à des cultures, des langues et des réglementations différentes, les entreprises ont mis en place en Europe des structures qui pourraient bien leur paraître surdimensionnées d'ici à quelques années, au vu du déplacement du centre de gravité des richesses vers les pays émergents. Pourquoi avoir une équipe de dirigeants pour s'occuper d'un pays de 11 millions d'habitants comme la Belgique, alors que le responsable d'une ville chinoise de seconde catégorie comme Harbin gère déjà à lui tout seul un marché potentiel de 6 millions d'habitants ?
En début d'année, Danone a annoncé la suppression de 900 postes de cadres en Europedans les deux ans à venir. Ce mouvement résulte d'un constat simple. L'Europe, a indiqué le président Franck Riboud, ne représente plus que 40 % du chiffre d'affaires mondial du groupe. Cette part « esten stagnation, voire en recul ». A contrario, « les60 % restants du chiffre d'affaires réalisé hors Europe ont généré l'an dernier 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires additionnel en un an ».
Dans les pays émergents, le développement de gigantesques mégalopoles habitées par une population éduquée représente un marché potentiel de plus en plus intéressant. Conscients du phénomène, les grands groupes commencent à faire bouger leurs structures afin de gagner en proximité avec les marchés en croissance. Voilà un an et demi, le patron de Schneider, Jean-Pascal Tricoire, a installé sa famille à Hong Kong ainsi que trois membres de la direction. Une première pour le CAC 40. De son côté, Air Liquide a engagé un processus de décentralisation en créant des pôles spécialisés au niveau mondial. Celui dédié à l'électronique est basé à Shanghai. Une façon d'offrir des opportunités aux cadres chinois, sans forcément les faire passer par le siège de Paris.