Le principe d'agilité, jusque là réservé aux organismes vivants tels les hommes, est-il concrètement applicable à l'entreprise ? Est-il possible d'imaginer une direction, un service administratif ou des services commerciaux, se comporter comme un seul homme, pour assurer performance et pérennité à l'organisation ?
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Il est des situations économiques où une prise de décision rapide est décisive pour la (sur)vie de l'entreprise. Il est aussi des situations où la réflexion sur son mode de fonctionnement, sur sa capacité à appréhender son environnement, ou à s'adapter rapidement, peut être tout aussi déterminant.
Selon Eric Alonso, associé de Keyrus management, « Les termes "agilité" et "agile" sont réapparus il y a peu dans le langage managérial, pour justifier un besoin de flexibilité, de réactivité et de renouveau face à la crise économique. » Pour ce spécialiste en effet, « Parler d'organisation ou d'entreprise agile pose les bases d'une reconsidération des règles traditionnelles de la gestion, pour parvenir à un niveau d'action entièrement différent. D'un point de vue stratégique, l'agilité réside dans la conquête de nouveaux marchés, dans la prise de risque, dans l'appréhension des nouveaux enjeux sociaux et environnementaux. Aussi, au niveau de la stratégie opérationnelle, elle consiste en une capacité à intégrer les parties prenantes dans les pratiques d'entreprise, et en une meilleure compréhension du « business » par la ré-estimation de l'ensemble des maillons de la chaîne de valeur dans une logique de création d'un avantage concurrentiel. »
Travailler différemment en privilégiant l'intelligence collective, organiser la transmission des connaissances au sein de l'entreprise, et faire la part belle à l'innovation pour toujours avoir une longueur d'avance sur la concurrence, sont quelques-unes des clés de l'agilité.
Un modèle de management que l'on retrouve dans quelques entreprises dites "visionnaires", à l'instar d'Ineo, cette filiale du groupe Gdf-Suez qui emploie près de 15 000 salariés. A travers la gouvernance instaurée par son PDG Guy Lacroix, l'accent est mis sur la dimension stratégique des relations humaines entre individus. Ceux-ci sont rapidement amenés à prendre connaissance des valeurs de l'entreprise - enthousiasme, solidarité, exigence et respect - ancrées dans le marbre d'une charte à laquelle chaque collaborateur souscrit tout naturellement.
Au mois de février 2012, les résultats d'uneétude internationale réalisée auprès de 16 000 hommes et femmes d'affaires démontraient que la flexibilité dans le travail et la reconnaissance des compétences de chacun s'avéraient effectivement un véritable moteur pour la performance d'une entreprise. Frédéric Bleuse, directeur général France de l'Institut Regus en donne l'explication : « L'amélioration des technologies de communication, ainsi que la demande des employés en faveur d'un meilleur équilibre entre vie privée/vie professionnelle, ont permis à la flexibilité au travail de s'imposer comme la règle. C'est une évolution qui me semble positive, d'autant plus qu'elle n'allait pas de soi dans un pays encore culturellement attaché aux contacts humains et aux modes de travail traditionnels ».
SAVOIR SE RENOUVELER EN PERMANENCE
Réorganiser et simplifier les différents services exige une bonne dose d'agilité car il faut savoir regrouper les savoir-faire. Mais, au bout du compte, c'est un moyen de redynamiser l'organisation toute entière.
L'un des exemples les plus éloquents en matière d'agilité face à l'innovation, c'est celui d'Amazon. L'entreprise a en effet bâti sa réputation sur sa capacité à proposer de nouveaux services, à améliorer et à évoluer sans cesse, tout en restant à l'écoute de ses clients. Le raccourcissement des cycles a nécessité de mettre en place une gestion basée sur le renouvellement et la transformation en continu. Amazon s'est tout d'abord diversifié en ajoutant aux livres d'autres objets facilement "expédiables" comme des vêtements de sport, des objets high-tech, ou du petit électroménager, puis a continué à s'adapter en permettant, par exemple, à d'autres distributeurs d'accéder à sa plate-forme de vente. Aujourd'hui, Amazon, ce sont des milliers de références accessibles en ligne, mais encore d'autres comme ceux proposés par Amazon Web Services ou le Kindle, lecteur de livres numériques.
Est-ce à dire que l'organisation d'une entreprise devient aujourd'hui aussi déterminante que le service rendu, en soi ? C'est en tout cas la conclusion d'une enquête menée auprès de 4 000 managers interrogés par l'institut "Economist Intelligence Unit". Une majorité d'entre eux privilégient désormais la recherche constante de nouveaux business modèles rapides et faciles à mettre en oeuvre pour leur assurer le maintien, voire l'amélioration de leur niveau de compétitivité. Et visiblement ça marche, pour peu que l'on y mette un peu d'agilité !
(tribune initialement publié le 27 juillet 2013)
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