6,6 milliards d’euros, c’est ce que les ministres de la Recherche européens aimeraient bien voir investir par l’Europe pour porter six technologies clés à l’échelle industrielle. Ils sont réunis à Grenoble pour défendre leurs choix.
Alors qu’à Bruxelles, se négocie encore le budget de l’Union pour 2014-2020, à Grenoble on parle d’Horizon 2020, la partie Recherche et innovation. Et plus spécifiquement des 6,6 milliards d’euros prévus pour porter 6 technologies génériques Clés ou KETs (pour Key Enabling Technologies) à l’échelle industrielle. Pour les défendre sont présents les 6 et 7 février, M. Antonio Tajani, vice-président de la Commission européenne, Geneviève Fioraso, ministre française de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, de la ministre espagnole de la Recherche et des représentants allemands, anglais et italiens.
À l’issue de ce sommet, les sept ministres européens représentant l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni, devraient publier un communiqué commun pour "appeler à une mobilisation de l’Union européenne afin d’engager des actions structurantes sur les KETs et demander la mise en place des outils et dispositifs issus des recommandations du groupe de haut niveau sur les KETs."C’est Jean Therme, directeur de la recherche technologique du CEA, qui doit piloter le projet.
Les six technologies identifiées comme clé par la Commission européenne pour la production de produits et de systèmes innovants sont : la micro et nanoélectronique, les matériaux avancés, la biotechnologie industrielle (y compris la biologie de synthèse), la photonique, la nanotechnologie et les systèmes avancés de fabrication.
Mais pour convaincre Bruxelles et Strasbourg, les ministres doivent montrer que l’industrie de leur pays les soutient. Géneviève Fioraso en tête. Déjà, le 8 novembre 2012, lors des premières rencontres sur les Kets, la ministre rappelait que la France a de solides atouts à faire valoir pour réaliser le continuum entre la recherche fondamentale sur les KET et leur développement expérimental, mais que cela exige la mobilisation simultanée et coordonnée des acteurs du tissu industriel et de la recherche publique. "Nous disposons, avec les pôles de compétitivité, les instituts Carnot, les instituts de recherche technologique et les instituts d’excellence dans le domaine des énergies décartonnées, d’un environnement favorable pour proposer de nouveaux projets de KET", avait insisté la ministre.
Aujourd’hui, à Grenoble, la ministre française est encore venue défendre ces choix. "Tout en préservant la recherche fondamentale, nous devons développer davantage la recherche technologique et le transfert, nos points faibles. C’est la condition pour relever le défi d’une ré-industrialisation basée sur les technologies clefs. C’est à ce prix que nous maintiendrons et créerons des emplois dans les nouvelles filières comme dans l’industrie en mutation."
Des objectifs qui devraient retenir l’attention de Bruxelles. Mais pas sûr, face à la PAC et autres sujets qui fâchent sur le budget de l’union, que les ministres présents aujourd’hui à Grenoble soient très entendus.
Aurélie Barbaux