Les Rencontres des professionnels des marchés de la dette et du change, qui se sont tenues le 17 janvier 2013 à Paris, ont donné l’occasion aux financiers de rappeler l’intérêt des opérations de titrisations. Celles-ci pourraient permettre aux PME de trouver de l’argent frais, notamment en cas de reprise économique.
Sa mauvaise réputation lui colle à la peau, depuis la crise des subprimes. Mais la titrisation pourrait bien opérer un retour en grâce pour financer les PME et les ETI. C’est en tout cas le constat dressé lors des Rencontres des professionnels des marchés de la dette et du change, organisées par sept associations de professionnels de la finance dont l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE) et Paris Europlace.
"Je ne crois pas aux obligations pour les PME, explique Jacques Fournier, le directeur général des statistiques à la Banque de France. En revanche, à la Banque de France, nous trouvons plus intéressants les produits titrisés abondés par les créances des PME." Ces opérations, qui consistent à vendre des créances sur les marchés à des investisseurs, permettent en effet un apport de cash aux entreprises. Et de s’émanciper en partie du crédit bancaire.
Une stratégie qui risque de s’avérer vitale pour beaucoup d’entreprises au moment de la reprise économique. "Pour le moment, les banques ont suffisamment de liquidités pour prêter aux entreprises, mais au moment de la reprise, les entreprises auront besoin de beaucoup d’argent, insiste Gérard Rameix, le président de l’Autorité des marchés financiers. Il sera important que les entreprises trouvent des fonds pour se développer." La solution consiste à restaurer la confiance à la fois de l’opinion publique et des chefs d’entreprises dans la finance. Un passage obligé notamment pour faire repartir le marché de la titrisation. "Sans les dérives des subprimes…", souligne cependant Gérard Rameix.
Cette évolution du mode de financement ne s’accompagnera pas pour autant d’une rupture de la relation entre les entreprises et leurs banques. Au contraire. "Les banques seront enclines à titriser, mais à titriser mieux, assure Olivier Klein, le directeur général de la Bred, l’une des 17 banques régionales du réseau des Banques populaires. D’abord parce qu’il existe une demande des investisseurs pour des produits à plus fort rendement, les titrisations de créances de PME les intéressent donc." Sans compter que les règles prudentielles de Bâle III obligent les banques à conserver au moins 5 % des risques lorsqu’elles revendent les portefeuilles de titres de créances. Un moyen de les obliger à la vigilance…
L’Eurosystem, l’institution réunissant la Banque centrale européenne et les banques centrales nationales des pays de l’Euro travaille également à la réhabilitation de cet outil de financement."L’Eurosystem a mis en place un label à la titrisation pour rassurer les investisseurs", explique Jacques Fournier. Un portail internet vient d’être ouvert pour enregistrer les opérations de titrisations que l’Union européenne jugera transparente.
Arnaud Dumas