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Français, comme vous avez changé!

13/1/13

 

Par , publié le 

Deux sondages instructifs révèlent en exclusivité dans L'Express comment, depuis trente ans, sous l'effet conjugué de la crise économique et de la perte de repères, les mentalités et les comportements ont évolué. Voici, à grands traits, le nouveau visage du Janus gaulois. 

Français, comme vous avez changé!

La Fête des voisins, créée en 1999, est l'une des novuelles formes de sociabilité pour résister aux vents mauvais.

AFP PHOTO STEPHANE DE SAKUTIN

L'apocalypse flamboyante à la mode maya a beau avoir été reportée à une date ultérieure, les Français ne se sentent pas pour autant sortis d'affaire et restent très inquiets quant à leur avenir, à en croire les deux sondages réalisés par TNS Sofres et OpinionWay, que L'Express révèle ici en exclusivité. Eprouvés par trente ans de crises économiques, ballottés par les tempêtes politiques à répétition, secoués par la perte de repères dans un monde où tout s'accélère, où en sont vraiment nos concitoyens? Comment ces difficultés pèsent-elles sur leur moral? De quelle manière appréhendent-ils leur avenir? Quelles solutions envisagent-ils? Pour répondre à ces questions de fond, TNS Sofres a réalisé, à la demande de La Poste, une étude sur "la confiance en France". Un travail d'autant plus intéressant qu'il met en regard les réponses fournies, depuis trente ans, à des questions similaires. L'institut OpinionWay s'est, lui, penché plus particulièrement sur les nouvelles formes de sociabilité et de consommation.  

Ces deux radiographies croisées se complètent à merveille pour montrer combien les Français ont changé depuis l'âge d'or des Trente Glorieuses. Et brosser leur nouveau portrait, qui a tout de celui d'un Janus gaulois. Le premier visage est plutôt sombre et pessimiste. Comme on pouvait s'y attendre, les Français n'ont guère le moral : ils sont inquiets pour eux et leurs enfants, déçus par leurs institutions et le personnel politique, de plus en plus méfiants vis-à-vis de ce qui leur est étranger, et tentés par le repli sur soi. L'autre visage que révèlent ces sondages est heureusement, lui, plus riant. Il montre des Français avides de solidarité, de convivialité, et plus que jamais mobilisés, imaginatifs, pour résister aux vents mauvais. Soucieux, aussi, de combiner l'intérêt collectif et leur intérêt personnel, ce qui sonne le glas d'une certaine forme d'individualisme qui avait marqué les précédentes décennies. 

Ces évolutions ne sont pas simplement conjoncturelles. "Il s'agit de mouvements de fond", avertissent les analystes d'OpinionWay. On pourra certes estimer que, à l'instar de leurs ancêtres gaulois, les Français ne voient désormais point de salut hors de leurs tribus, y compris dans le domaine commercial. Mais Edouard Lecerf, patron de TNS Sofres, discerne dans la confiance accordée aux cercles de proximité - associatifs et familiaux - les premières pierres de la reconstruction d'une nouvelle confiance nationale. Voyons cela en détail. 

Le ciel va-t-il nous tomber sur la tête?

Telle est la question que semblent se poser les Français quand, selon TNS Sofres, seuls 39% d'entre eux ont confiance dans l'avenir, contre 68% en 1993. Pis: 49% estiment que la situation va encore se dégrader. Mais les fils de Vercingétorix ne rendent pas les armes si facilement, puisque 77% déclarent avoir confiance en eux-mêmes, et pensent pouvoir "s'en sortir à l'avenir". 

Seule l'armée inspire confiance

On savait les Gaulois traditionnellement rétifs à l'autorité et aux institutions, mais à ce point! Seuls 5% des sondés déclarent faire confiance aux hommes et aux femmes politiques ou à leurs partis; en 1982, ces chiffres s'élevaient respectivement à 29 et 22%. L'Etat déçoit aussi. Moins d'un tiers des Français (30%) croient encore en lui. Même la justice, avec 37% d'opinions favorables, est majoritairement condamnée. Et, si la police s'en sort mieux, avec un flatteur 59%, son score a cependant baissé de plus de 10 points depuis 2001, tout comme celui de l'école ou du système de santé. Seule l'armée remporte haut la main la bataille des sondages: 81% des Français lui font confiance (contre 76% en 1982). Le kaki en dernier recours quand tout va mal? Vieille tentation...  

Le secours du clan, la crainte de l'étranger

Rien d'étonnant, dans ces conditions, à ce qu'émergent les velléités de repli sur soi constatées par les sondeurs. Le cercle des intimes est plébiscité. Le ou la conjointe est crédité(e) de 99% de confiance. La famille, de 94%, et les amis, de 93%, alors que l'étranger demeure suspect: 23% d'a priori favorables seulement accordés aux inconnu(e)s, lorsqu'on les rencontre pour la première fois. Globalement, "les autres" inspirent un taux de défiance de 78%. Loin du clan, loin du coeur: ainsi, l'Europe ne rencontre que 33% d'opinions positives, alors que la sphère communale résiste bien; parmi les politiques, le maire demeure une figure appréciée (51%), même s'il a perdu près de 20 points depuis 1982.  

Entraide, troc et solidarité

Désespérant? Pas vraiment. Car, face à la crise des valeurs et des institutions, les Français nouent de nouveaux liens sociaux, réinventent au quotidien l'art de (bien) vivre ensemble. Et, d'après OpinionWay, développent de nouvelles formes de solidarité ou de convivialité. C'est, par exemple, le cas du "béguinage", ce mode de vie collectif qui permet aux seniors de vivre ensemble tout en restant chez soi. Ou encore du troc d'heures de jardinage contre des cours d'informatique. Le prêt financier entre particuliers est également cité par les sondés comme étant l'une des meilleures formes d'entraide et de solidarité. 

Consommer et acheter "au pays"

Ce désir de proximité ne s'applique pas qu'aux relations sociales. Les nouveaux circuits de consommation que les Français souhaiteraient voir installés répondent eux aussi à cette aspiration "collaborative". Ainsi, les personnes interrogées estiment que la meilleure façon de consommer passe par les groupements d'acheteurs, afin de s'approvisionner directement auprès des producteurs de la région. Beaucoup soutiennent les associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (Amap), qui offrent à leurs clients des paniers de fruits et légumes de saison issus de l'agriculture biologique locale. Dans le même ordre d'idée, les petites entreprises régionales attirent la confiance de 80% des Français, quand les grandes sociétés suscitent deux fois moins d'enthousiasme. 

Associer bénéfice particulier et bénéfice collectif

Les innovations collaboratives auxquelles les Français ont le plus souvent recours - comme le covoiturage ou la participation à la Fête des voisins, respectivement pratiqués par 26 et 20% des sondés - associent le divertissement et l'envie de recréer du lien social. Mais, pour réunir les conditions de cette nouvelle donne, les Français misent d'abord sur les associations. Plus de 60% d'entre eux leur font confiance pour imaginer des formes modernes d'entraide et de solidarité. Toute une France à réinventer.  

Plus malins que le système?

Les nouvelles tendances qui parcourent le corps social français sont attentivement suivies par l'économiste Philippe Moati, professeur à l'université Paris VII-Diderot et créateur de l'Observatoire société et consommation (ObSoCo). En ce qui concerne les résultats de nos deux sondages, ce chercheur y voit le fruit d'un "cocktail d'envies et de besoins". "Les Français, affirme-t-il, désirent continuer à consommer - même avec moins de moyens -, mais surtout différemment, en donnant du sens à leurs achats afin de préserver l'environnement, l'emploi et de créer du lien social. Bref, ils veulent se montrer plus malins que le système. "Pour cela, Internet et les nouvelles technologies informatiques sont leurs alliés, estime Moati, car "le Web, en minimisant le rôle des intermédiaires, rapproche l'offre de la demande".  

http://www.lexpress.fr/


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