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Biotechnologie de la santé, un business model en pleine mutation

9/4/14

HBR




 
STRATÉGIE

Biotechnologie de la santé, un business model en pleine mutation

Le 08/04/2014
Biotech

L’industrie des biotechnologies santé est à la base de la médecine du futur. Plus de 70% des médicaments innovants dans le monde sont aujourd’hui développés par des petites firmes des sciences de la vie.  Les Etats-Unis occupent la position de leader dans cette course avec 1.726 firmes et un investissement en R&D de 17,6 Mds$ (2010). Ce pays contribue pour plus de 77% à l’effort mondial de R&D estimé en 2010 à 22,8 milliards de dollars par EY. L’Europe présente un potentiel plus important en nombre de firmes (1 834), mais reste en retard. La France compte environ 250 firmes fortement orientées sur  des activités relevant des thérapeutiques et des diagnostics1.

L’innovation dans l’industrie des biotechnologies santé relève d’un processus spécifique qui se caractérise par une forte incertitude par des coûts de développement élevés (oscillant entre 800 et 1,2 milliards de dollars). La durée séparant l’invention de la mise sur le marché d’un médicament est comprise entre 7 et 10 ans.  Ces caractéristiques exigent la mobilisation de ressources importantes, notamment financières. Le business model de cette industrie est façonné par ces caractéristiques et est fortement dépendant des financements externes.

Depuis la crise de 2008, les sources de financement externes ont tendance à se raréfier.  Ce recul du financement, qui impacte négativement le design du business model de cette industrie, explique pourquoi la France n’arrive pas à avoir des firmes de taille critique, connait un taux de défaillance de 400% sur 2008/2011 et une chute des nouvelles créations de 47% sur la période 2010/2011 selon le site BioPharmanalyses. Les investisseurs privés deviennent de plus en plus frileux dans l’accompagnement de projets technologiques jugés budgétivores en coûts de développement, très risqués et ne générant pas une rentabilité convenable à un horizon court.

La levée de fonds par les firmes de biotechnologie n’a pas dépassé en 2010 les 432 millions d’euros et la capitalisation boursière des 24 firmes cotées en France n’a pas excédé en 2011 les 4,3 milliards d’euros selon l’Observatoire des biotechnologies de santé en France avec une nette tendance à la baisse.  Le financement issu du capital-risque a chuté de 56% sur la période 2008/2009 et le nombre de firmes ayant bénéficié de ce mode de financement a  diminué de 24% sur la période 2007/2009. Cette tendance persiste en 2010 et 2011 où la chute est de 53%. Ce phénomène s’explique par le comportement frileux des investisseurs nourri par une mortalité des projets de R&D avoisinant les 70% 8 et par un business model incapable de les rassurer. Le comportement peu communiquant des firmes par crainte de perdre les avantages d’antériorité est une autre cause. Ce comportement induit une forte asymétrie d’information entre elles et les investisseurs.

Ce contexte contraignant incite aujourd’hui les firmes de biotechnologie santé à repenser leur business model (lire à ce sujet l’article paru dans Harvard Business Review France : Survivre aux ruptures). Elles accordent plus d’importance aux activités génératrices de cash à court terme, tels que les services, sans lien avec leur trajectoire technologique initiale naturellement focalisée sur la R&D. Ces firmes choisissent un modèle convergeant avec les attentes des investisseurs et des marchés donc moins budgétivores en coûts de développement, moins risquées et générateur de cash à court terme. Ce repositionnement imposé par la pénurie de financement externe et par l’inadéquation des soutiens financiers de l’Etat ne va pas dans le sens des efforts consacrés par la France dans la construction de la médecine du futur.

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Nacer Eddine Sadi

Nacer Eddine Sadi est docteur en économie industrielle et enseigne à Grenoble Ecole de Management (GEM) au département […]
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