Discussion avec Lee Neumann autour d'un café. Habituellement, Lee est celui qui me flanque une raclée sur un cour de tennis. Ce matin, les raquettes sont restées au vestiaire et nous parlons d'un autre sport : le financement des start-up en France. Lee Neumann est un expert en la matière. Avocat américain indépendant à Paris, comme il se qualifie lui même, il conseille les entreprises sur leurs opérations financières et stratégiques à l'international. Il dispose notamment d'une longue expérience des levées de fonds aux Etats-Unis.
Le constat français peut se résumer, selon lui, assez simplement. L'accès aux financements s'est certes amélioré pour les jeunes entreprises créées en France, mais pour celles cherchant à lever entre 1 et 5 millions d'euros – le stade qui suit le love money apporté par la famille et les amis – la situation reste très difficile et « motivante pour ceux qui ont envie de quitter le pays », explique Lee avec un certain sens de l'euphémisme. Pour contourner cette « dead zone » les start-up françaises n'ont qu'une alternative. Chercher en France l'investisseur, ou le groupe d'investisseurs prêts à les suivre. Certains fonds comme Partech Internationaltente aujourd'hui de couvrir toute la chaîne du financement.
L'autre solution est d'aller chercher cet argent ailleurs. Et notamment aux Etats-Unis où les circuits de financements sont particulièrement bien rodés. De l'autre côté de l'Atlantique, les sociétés de capital risque sont prêtes à mettre l'argent sur la table très vite, pourvu que les projets correspondent à leurs critères. Revers de la médaille, les VC américains préfèrent investir près de chez eux et pour la PME française il est nécessaire d'ouvrir un bureau sur place voire d'y déménager carrément ses activités.
Ce mouvement de brain drain dure depuis plusieurs années et n'est pas près de s'arrêter, semble-t-il. Le JOBS Act (Jumpstart our business startups) récemment adopté par le Parlement américain, facilite grandement l'accès des petites entreprises à l'argent, notamment via le statut créé de « accredited investors ». Typiquement, environ 8% des ménages américains sont désormais qualifiés, de par leur fortune personnelle, pour acheter directement des actions de start-up via des plateformes qui se mettent en place sur le web,comme POM. D'autres pays commencent également à s'intéresser à l'écosystème entrepreneurial français. Des fonds israéliens ou d'autres basés à Dubaï se montrent ainsi de plus en plus actifs dans l'Hexagone. La fuite des cerveaux et des talents se poursuit donc tranquillement. Manoeuvre de survie inévitable pour fuir la dead zone.
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