Françoise Brigaud-Morocque, consultante  chez T-Ressources, passionnée par les relations humaines, a complété son expérience de manager de plus de 20 ans, par des certifications de  Coach, Master PNL et  Process Com®. Elle accompagne  les Entreprises et leurs collaborateurs dans leurs démarches d’évolution  et d’adaptation dans le cadre de missions de conseil formation et coaching.

Partenaire  d’EFE, elle anime les formations : « 5 outils  pour une communication  impactante », « Personnaliser sa communication grâce à la Process Com® », et « Oser dire non »

Dans nos sociétés ou tout va toujours plus vite ou tout est toujours plus urgent et important, nous sommes submergés par les demandes  qu’elles viennent de notre patron, nos collaborateurs ou de  nos collègues. Il nous faut hiérarchiser, faire des choix et parfois dire « non ». C’est là, sur ces trois lettres « N O N  » que réside toute la difficulté.

Combien de fois avez-nous pensé « NON »  au moment de répondre à une demande ? Pourtant, nous nous sommes entendus dire « OUI » ?

Un petit  OUI sans conviction, de mauvaise grâce, pas congruent, laché à contre cœur  mais, nous nous retrouvons, quand même, bel et bien engagés dans une situation compliquée, quasi ingérable. Il s’en suit un mal être, une exaspération, des frustrations et nous nous mettons à en vouloir à nos interlocuteurs et à nous-même. Une situation d’inconfort dont nous sommes seuls responsables.

1. La Rédaction Analyses Expert – D’où vient cette difficulté à dire « NON » ?

Françoise Brigaud-Morocque – Notre culture, notre éducation, nous ont entraînés  depuis la plus tendre enfance  à dire « OUI » : « Sois gentil, sois aimable, montre toi serviable, fais plaisir … »  Ces comportements qui nous ont été inculqués ont généré des croyances limitantes. Nous en avons conclu, inconsciemment,  que pour être aimé, accepté, apprécié  il faut dire oui aux demandes qui nous sont faites.

La bonne nouvelle : Aujourd’hui, adultes, nous sommes en mesure de revisiter ces croyances qui nous contraignent à accepter ce que nous ne voulons pas. Oser dire « non » fait partie des apprentissages que nous avons tous la capacité d’acquérir.

« Un homme en colère est un homme qui n’a pas su dire non et éprouve, en plus, le remords de ne pas l’avoir fait » Tahar Ben Jelloun

2. La Rédaction Analyses Expert – Pourquoi est-ce important de savoir dire non dans un contexte professionnel ?

Françoise Brigaud-Morocque – Sortir de la spirale infernale  du « oui  toxique »  pour ne plus se retrouver dans des situations qui nous dépassent et que nous avons tellement de mal à assumer : Débordés de travail, stressés, frustrés et contraints de bâcler une tâche au risque de faire des erreurs et rendre, peut être en retard, un travail insatisfaisant. Tout ceci pour un petit « oui » qui risque fort de nous dévaloriser à nos propres yeux et à ceux des autres.

Le « non »  utilisé à bon escient, dans le respect des autres et de soi-même, est indispensable et salutaire. Il permet de s’affirmer de trouver sa place et de retrouver sa sérénité.

Face à ses collaborateurs savoir dire  « non » c’est poser ses limites, donner de l’importance au « oui » et  construire des relations saines dénuées de mensonges ou de manipulations. C’est aussi renforcer l’estime de soi, s’affirmer et agir en harmonie avec ses valeurs, donnant ainsi l’image de quelqu’un de plus aligné, plus sûr de lui, crédible et plus digne de confiance. Si vous savez dire  « non », avec les formes requises, vous saurez aussi gérer des situations collectives ou individuelles difficiles dans lesquelles il faut parfois dire « non ».  Vous assoirez votre crédibilité et obtiendrez la reconnaissance tant de votre hiérarchie que de vos collaborateurs.

3. La Rédaction Analyses Expert – Comment formuler son refus sans passer pour un rebelle ?

Françoise Brigaud-Morocque – Oser dire non c’est bien mais, il ne faut pas en abuser. Il faut savoir dire non à bon escient et de la bonne manière. Prendre son temps et rester calme, écouter et s’exprimer sans agressivité montreront à votre interlocuteur l’intérêt que vous lui porter. Vous pourrez alors exprimer un  non réfléchi avec empathie, un non « positif » en proposant une alternative tout en restant ferme sans pour autant blesser ou froisser : « Je comprends votre problème, dans l’état actuel de choses, je ne peux malheureusement pas m’engager à rendre ce travail ce soir, nous pourrions peut-être revoir les priorités ? ». Vous avez dit non avec diplomatie et proposé une solution.

4. La Rédaction Analyses Expert – Quelques conseils pour apprendre à dire non avec diplomatie et en restant constructif :

Françoise Birgaud-Morocque – Prendre le temps de la réflexion !  Ne vous précipitez pas surtout si vous sentez que l’on vous presse pour obtenir plus vite et plus facilement votre accord.  La reformulation de la demande, à haute voix et le « laissez-moi réfléchir » … permettent de gagner du temps pour analyser la situation et savoir ce que VOUS voulez vraiment.

Ne pas culpabiliser : apprenez à gérer vos pensées intérieures négatives, remplacez par exemple « il va m’en vouloir si je dis non » par « j’ai le droit de dire non »

Mettre les formes : utilisez l’écoute active qui montre à votre interlocuteur l’intérêt que vous lui portez. Restez calme et bienveillant. Utilisez le « je » : «  je comprends, je suis désolée, j’aimerais mais je … » plus acceptable pour l’autre que le « tu » plus accusateur : « tu ne peux pas me demandez de  …Tu ne vois pas que je suis débordé… »

Expliquer mais ne pas se justifier dans les moindres détails en utilisant des phrases longues, alambiquées, sans intérêt pour votre interlocuteur qui attend seulement de vous que vous disiez « Oui », vos justifications ne l’intéressent pas.

Proposer,  si possible, des solutions alternatives

Rester ferme, tenez bon : si votre interlocuteur insiste, utilisez la technique du « disque rayé » : répétez éventuellement les mêmes choses toujours calmement.

La bonne nouvelle : Enfin sachez que votre changement d’attitude va entraîner un changement chez les autres. Peu à peu, vous constaterez que l’on vous respecte davantage, vous rentrerez alors dans le cercle vertueux de la confiance en vous qui va vous inciter à vous affirmer davantage et devenir vous-même en mieux !