ENTRETIEN Jean-François Pilliard, délégué général de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM).
L'Usine Nouvelle - La métallurgie peine à recruter les salariés dont elle a besoin. La solution passe-t-elle par la formation continue ?
Jean-François Pilliard - La moitié des 80 000 à 100 000 recrutements annuels de la métallurgie sont difficiles à pourvoir parce que l’Éducation nationale ne forme pas suffisamment à nos métiers. Notre branche s’est donc dotée de 46 centres de formation par apprentissage et assure elle-même sa formation continue. Avantage : nos formations sont liées à l’évolution de nos métiers. C’est efficace.
L’industrie forme beaucoup ses cadres. Ne devrait-elle pas plus miser sur ses ouvriers ?
Dans la métallurgie, les cadres bénéficient de près de 40% des dépenses de formation, les techniciens aussi. Depuis une dizaine d’années, les compétences s’élèvent, notamment avec l’introduction de l’informatique. Nous avons de moins en moins d’ouvriers non qualifiés, de plus en plus de cadres, techniciens et opérateurs qualifiés. Le rôle de l’entreprise est de développer les compétences de ses salariés, y compris des plus qualifiés. Prendre aux cadres pour donner aux ouvriers, ce serait tous les appauvrir.
Que faire pour que les PME investissent plus dans la formation ?
Les entreprises de moins de 10 personnes ont du mal à remplacer un salarié en formation et leurs dirigeants craignent de ne pas le garder faute de perspectives à lui proposer. La branche doit fournir à ces entreprises des outils d’organisation industrielle, pour les aider à faire des prévisions à trois ans et à évaluer leurs besoins en compétences. La formation n’a de sens que si elle s’inscrit dans un business plan et une stratégie de développement des compétences en lien avec la politique industrielle.