Mauvaise surprise ... alors que l’on attendait une stabilisation de l’activité au troisième trimestre, selon les premières estimations de l’Insee, le PIB est revenu dans le rouge. Il aurait baissé de 0,1 % après avoir rebondi de 0,5 % au précédent selon les chiffres publiés ce jeudi. Des résultats qui contrastent avec ceux publiés au même moment en Allemagne . Selon l’Office fédéral des statistiques, en effet, au troisième trimestre, le PIB de l’Allemagne affiche une progression de 0,3 %. Mais la médaille a son revers puisque la croissance ralentit par rapport au trimestre précédent, preuve que la première économie européenne souffre aussi.
Invité sur RTL, Pierre Moscovici, le ministre de l’Economie et des Finances a rapidement réagi à cette déconvenue. « Je maintiens que nous aurons 0,1 % ou 0,2 % de croissance cette année » a affirmé le ministre en rappelant que l’on savait que ce trimestre serait plat avant, sans doute, un rebond en fin d’année. Et de souligner que la croissance française est depuis un an sur un rythme de croissance annuelle de 1 %. En fait 0,8 % selon l’Insee.
« Je maintiens mes prévisions (...) nous sommes au moment où la machine économique redémarre (...) ce n’est pas un indicateur de déclin » a encore assuré le ministre.
Si le discours du ministre de l’Economie se voulait sans doute rassurant, il est loin semble-t-il d’avoir atteint son but. Première personnalité de l’opposition à commenter ces chiffres, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a ainsi déploré une économie française « menacée de coma ».
Interrogé sur France 2, l’ancien Premier ministre a pointé du doigt l’action du gouvernement. « Ce n’est jamais » uniquement « la faute d’un gouvernement, il y a des systèmes de conjoncture, des acteurs économiques », mais l’exécutif n’en a pas moins « de lourdes responsabilités », a en effet expliqué Jean-Pierre Raffarin en accusant le gouvernement d’un « manque de lucidité sur la profondeur de la crise ».
Même s’il s’agit de premières estimations, le détail disponible montre clairement que la morosité touche l’ensemble de l’économie française. Non seulement la consommation des ménages décélère ((+0,2 % après +0,4 %), mais l’investissement est à nouveau orienté à la baisse (-0,6 % après -0,4 %) et la production totale rechute, détaille l’Insee.
« La demande intérieure finale (hors stocks) ralentit : sa contribution à la croissance est nulle après +0,4 point au trimestre précédent », explique en effet l’Insee. Dans le même temps, le commerce extérieur affiche aussi une santé chancelante : « les exportations rechutent (–1,5 % après +1,9 %) tandis que les importations restent orientées en hausse (+1,0 %) après un deuxième trimestre dynamique (+1,6 %) », expliquent encore les statisticiens publics.
Conséquence de cette situation, le commerce extérieur français pèse sur la croissance de 0,7 point. Et seules les variations de stocks permettent de limiter la casse puisqu’ils apportent 0,5 point de croissance au PIB. Un apport qui est insuffisant pour compenser les déconvenues de la demande finale et des échanges extérieurs.
Pour autant, ces résultats ne modifient pas le scénario défendu à la fois par l’Insee et la Banque de France notamment. Celui d’une année en dents de scie. Et le deuxième semestre de l’année devrait présenter le même visage que le premier : une première moitié sans éclat (la croissance avait baissé de 0,1 % au premier trimestre) suivie d’un rebond. De fait, l’Insee tout comme la Banque de France prévoit une hausse du PIB de 0,4 % au cours des trois derniers mois de l’année.
Un rebond insuffisant cependant pour sauver la croissance de l’ensemble de l’année. Celle-ci, selon la dernière note de conjoncture devrait atteindre 0,2 % sur l’ensemble de 2013. C’est mieux que la croissance zéro de l’année précédente mais insuffisant pour apporter une réelle amélioration de la situation de l’emploi en France.
Pour autant, tout comme Michel Sapin la veille, Pierre Moscovici a de nouveau défendu l’idée d’une inversion de la courbe du chômage à la fin de l’année.