La dynamique de l'internationalisation est enclenchée, le pli de la recherche est pris. Après cette rentrée 2013, plusieurs axes se distinguent des stratégies affichées par les business schools tricolores. Ils feront peut-être un jour partie des critères des classements.
Si ce n'est pas (encore ?) un grade officiellement reconnu en France (le diplôme peut toutefois être visé par l'Etat), le bachelor, un cursus en trois ou quatre ans accessible après le baccalauréat, n'en est pas moins en plein développement. « C'est probablement la transformation la plus forte des prochaines années », analyse Olivier Oger, directeur général du groupe Edhec, qui vient de nommer une nouvelle directrice, Michelle Botha, à la tête de son programme post-bac. Même l'ESCP Europe a décidé de s'y mettre : d'ici à deux ans, un bachelor sera lancé sur le principe du « trois pays, trois langues, trois ans ». Pas question toutefois d'ouvrir ce programme à Paris. Réservé aux meilleurs étudiants internationaux, il doit permettre « d'enraciner la marque sur les campus » de Londres, Berlin, Madrid ou Turin, tout en se hissant « au même niveau d'excellence que celui du master en management qui fait la réputation de l'école », précise le directeur général, Edouard Husson. L'ambition de l'EMLyon est identique. Après l'intégration, actuellement en phase de finalisation, de l'ESC Saint-Etienne, l'école de management lyonnaise va relancer à sa marque le bachelor qui était proposé sur le site stéphanois, avec l'ambition d'en faire « l'un des premiers bachelors de France ».
« Ne réduisons pas le numérique (dans les écoles, NDLR) aux MOOC, d'autant qu'aux Etats-Unis ils en sont déjà aux SPOC (1) », invite Edouard Husson. Reste que, d'ici aux prochaines semaines, nombre de ces cours gratuits en ligne seront lancés par les business schools françaises : comptabilité, droit - avec Paris-I - pour l'ESCP Europe ; finances pour l'Edhec ; « effectuation » (logique d'entrepreneur) pour l'EMLyon, qui en fera d'ailleurs un cours obligatoire de son programme grande école. Mais c'est davantage la volonté d'innovation pédagogique portée par les établissements qu'il faut relever alors que les organismes accréditeurs commencent à revenir sur la pédagogie. L'ESCP Europe crée ainsi un sixième campus, numérique, pour adapter sa pédagogie. Comme Grenoble Ecole de Management (GEM) prépare « l'école de demain », l'EMLyon a ouvert il y a dix-huit mois un « learning lab » pour étudier en quoi la relation en salle de cours est modifiée par le numérique, ses usages et ses jeunes usagers. A la clef, trois salles pilotes avec robots, mini-consoles, tableaux numériques et espace pédagogique on-line. « Un professeur doit désormais composer ses séances en une succession de blocs de dix ou quinze minutes », explique Patrice Houdayer, directeur général délégué de l'EMLyon. Pas éloigné de la logique d'un MOOC.
L'entrepreneuriat a-t-il rejoint les « options nobles » que constituaient l'audit et la finance ? Depuis 2007, les cours qui lui sont consacrés ont connu une percée dans les programmes des écoles, qui avaient délaissé le sujet (comme celui des PME). Aujourd'hui, la chaire entrepreneuriat de l'ESCP Europe accueille, d'une manière ou d'une autre, les deux tiers des élèves. Et plus de la moitié des nouveaux élèves trouvent naturel d'envisager de créer une entreprise. Ils ne sont que 8 % par promotion - à peine 9 % à l'EMLyon - à passer à l'action, mais la question suscite un élan dès la prépa : « Ces élèves nous demandent s'il est vrai qu'ils pourront créer leur entreprise dans les années d'école », rapporte Edouard Husson. Un frein peut-être à cet essor : le salaire de début de carrière des diplômés est l'un des critères des classements.
(1) SPOC est l'acronyme de Small Private On-Line Courses, soit des cours en ligne gratuits mais en accès limité, actuellement expérimentés par Harvard et Berkeley.