Propos recueillis par Marie-Pierre Haddad - publié le 05/06/2013 à 17:22
Cette fois, l'attractivité de la France est bien en recul. Le baromètre 2013 d'Ernst & Young enregistre en effet une chute de 13% du nombre des projets d'implantations étrangères dans l'hexagone à 471 contre 597 en 2012. Et une baisse encore plus accusée de 20% du nombre d'emplois créés, à 10.542. De plus, La France perd du terrain sur le Royaume-Uni, pays le plus attractif d'Europe avec 697 projets, ainsi que sur l'Allemagne, qui, avec 624 projets, conforte sa deuxième place qu'elle a subtilisée à la France l'année dernière. Retour sur les principaux enseignement du rapport avec son auteur, Marc Lhermitte.
Marc Lhermitte. Les chiffres le montrent malheureusement. Ce résultat ne fait que confirmer la tendance amorcée depuis le début de la crise. A travers cette étude, on constate que la France fait partie d'un trio de destinations puissantes avec la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Mais, à la suite de la crise, il y a eu une bataille sur les parts de marché dont la France n'est pas sortie gagnante.
Oui dans la mesure où il faut apporter un certain nombre de réformes et surtout rebondir rapidement afin de rattraper le retard cumulé. Les investissements portent les emplois et d'une façon plus globale, le futur des activités. Si cet écart de compétitivité entre la France et les autres pays persiste, nous entrerons dans une période préoccupante. Cela dit, il est aussi important de noter que les investisseurs restent optimistes et continuent d'envisager la France dans leurs actions. Près de deux tiers d'entre eux ont confiance en la France et 36% affirment avoir des projets de développement dans l'hexagone. L'année 2013 est incontestablement une année de vérité.
En 2012, l'Europe a comptabilisé 250 implantations venant du Brésil, de la Russie, de l'Inde et de la Chine dont 70 sur le sol britannique. La Grande-Bretagne est une économie où les investisseurs étrangers peuvent avoir une plateforme de développement ainsi qu'un rayonnement sur le plan mondial. C'est une porte d'entrée en Europe. La France est certes capable de rivaliser avec son voisin européen mais la crise durcit obligatoirement les choix et elle se retrouve écartée des décisions.
C'est le point fort de ce rapport : la France est première au niveau des implantations industrielles. Mais cette place est difficile à maintenir dans un contexte de crise économique, comme celui que nous traversons. La conjoncture actuelle fragilise l'écosystème composé de la recherche, de l'innovation et de l'industrie. Les investisseurs recherchent l'équilibre parfait au niveau du coût de la main d'oeuvre, de l'arbitrage logistique et des compétences. La combinaison et le degré des ces qualités n'ont pas été suffisants par rapport au coût. Il existe une réelle nécessité, voire même une urgence, à revenir à un niveau de compétitivité correct.
Le manque de compétitivité est le handicap dominant qui brouille les décisions. A lui seul, il masque toutes les qualités françaises. La France est moins à l'aise dans la mondialisation en termes de flexibilité et d'ouverture à l'international. Avec la crise, le tri est vite fait.
La France est enviée pour sa situation géostratégique. A long terme, la Méditerranée deviendra une zone de croissance et l'hexagone est idéalement placé. Son réseau d'infrastructures est de bonne qualité et surtout à un coût avantageux. Il faut aussi noter la qualité supérieure de sa main d'oeuvre et le niveau de vie qu'elle offre.
Dans les conditions actuelles, de hautes marches vont devoir être franchies pour y arriver. Ce chiffre audacieux de 40% sera impossible à atteindre si la France ne fait rien pour améliorer sa compétitivité coûts. D'autres éléments, soulevés par les dirigeants interrogés peuvent permettre à la France de renforcer son rôle dans l'économie mondiale : l'innovation, l'esprit d'entreprise, la spécialisation industrielle, l'ouverture à l'international et le niveau de compétences.