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Matthieu Langeard est coach et psy pour entrepreneurs. Rencontre atypique avec cet artisan de la dimension humaine de l’entrepreneuriat.
Parce que la culture des grands groupes repose sur une logique addictive, manipulatrice et néfaste : celle de la popularité et des bonnes notes. L’excellence managériale s’oppose en tout à l’audace entrepreneuriale : elle concerne le petit monde fascinant des états-majors, où la moquette est épaisse et tous se connaissent. À l’opposé, l’entrepreneuriat est une activité de terrain où, au début, on ne connait personne.
Selon le français René Girard, professeur à Stanford, désirer de ce que l’autre a (sa popularité), exacerbe son plaisir de l’avoir. Je le cite, c’est très important : “En imitant son désir, je donne à mon rival l’impression qu’il a de bonnes raisons de désirer ce qu’il désire, de posséder ce qu’il possède, et l’intensité de son désir redouble.” Effet collatéral : “c’est le mimétisme de toute évidence qui explique la haine des foules contre les êtres exceptionnels. Tous les peuples ont tendance à rejeter, sous un prétexte ou sous un autre, les individus qui échappent à leur conception du normal et de l’acceptable. Ce processus [est comme] l’affaissement des montagnes et [le] comblement des vallées dans une région montagneuse.” Bienvenue dans la culture ultra normative des grandes écoles et des grands groupes ! C’est de ça que chacun doit sortir.
Plusieurs études montrent que si l’on veut chercher des graines d’individus hautement créatifs (prix Nobels, grands entrepreneurs, artistes internationaux,…) c’est plutôt du côté des individus atypiques qu’il faut regarder (1). Faire un temps l’expérience de la marginalisation est le début de la plupart des grandes aventures créatrices (2).
Problème : notre système hurle aux jeunes talents, non pas “dans la vie on ne fait pas ce qu’on veut, on fait ce qu’on peut” comme dans certains milieux populaires, mais “dans la vie on fait ce qu’on doit”. Sous entendu : “pour préserver nos avantages de classe et rester entre nous”. L’argent et les bonnes manières (l’éducation) sont les deux crispations des élites françaises. Notre conformisme social et l’énorme pouvoir normatif de nos clans sont l’origine du mal national.
Des dizaines d’années à se structurer pour être un bon fils, un bon élève et un bon manager, ça marque… Vivre sa singularité et créer sa vie, en relation avec les autres, est déjà un parcours long et éprouvant (élitiste à sa façon). Alors quand tout un système familial et social a coulé une dalle de béton sur votre créativité… Les vraies questions que peut donc se poser le candidat à “l’entreprise de soi” sont donc : qui suis-je ? quel est mon désir ? que m’a appris la vie ? de quel projet suis-je porteur ?
L’individu entreprenant et innovant crée son marché ! Il n’attend rien de personne et génère des opportunités grâce à sa passion, et sa spécialisation unique. Les cycles économiques n’ont rien à voir là-dedans… Rien ! Un artisan “aux mains d’or”, ou une jeune pousse, est un micro-organisme. Quelques miettes attrapées ici ou là lui permettent de bien vivre. Puis de se tailler la part du lion… Bienvenue dans le monde de la création d’entreprise !
La clé est d’avoir l’humilité de se faire aider. Se faire accompagner coûte en temps et en argent, c’est pourtant un excellent investissement. Quand une personne est au clair avec le sens de son action, elle devient calme et sûre d’elle-même. Discerner entre les faux motifs et les vraies motivations se travaille et réduit considérablement les hésitations. Le coaching facilite l’observation intime (l’introspection) et permet de mieux gérer la frustration. L’énergie s’accumule. Elle peut être utilisée pour mieux penser, et donc gérer, les obstacles. La patience active augmente la lucidité et facilite la résolution des difficultés.
“Accro à la transformation personnelle”, Matthieu est coach et psy pour entrepreneurs. Il commence dans la banque, au bas de l’échelle, au Crédit Agricole. Après quelques années au guichet, il fait du commercial puis de la gestion de patrimoine. Ensuite, le CIC lui confie la gestion d’un fonds sur les marchés financiers. En parallèle, il suis des formations continues en finance et en sciences humaines. D’où une double activité : banquier le jour, psychothérapeute le soir.
Ces 15 années lui permettent d’intégrer l’équipe « Talents » d’AXA Investment Managers. Pendant deux ans, il y conçoit et teste son approche : une méthode d’entretien fondée sur l’écoute active et des critères d’évaluation du potentiel entrepreneurial de dirigeants. En 2008, ce précurseur en psychologie entrepreneuriale crée Finance for Entrepreneurs, groupe de recherche membre de l’Observatoire de l’Immatériel, et de la commission Entrepreneuriat du Medef. Il est cofondateur du collectif de consultants Human Equity et du test de personnalité TopProfil Entrepreneur. Naturellement, Matthieu accompagne aussi des équipes sur la dimension humaine du capital-investissement et de la finance de marché (finance comportementale).
(1) Michael Maccoby, Mihaly Csikszentmihalyi, Gottlieb Guntern
(2) Joseph Campbell, Charles Gardou
