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La France, ce grand corps malade !

21/5/13

Le Point

 

Le Point.fr - Publié le 

Patrick Artus revient, dans un livre très argumenté et chiffré, sur 40 ans d'échecs de nos politiques économiques. Un livre saisissant, mais déprimant !

Photo d'illustration.
Photo d'illustration. © Paul Boursier / MaxPPP
Par 
 
       
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De quoi souffrons-nous ? Quels maux nous procurent les souffrances les plus intenses ? Une fois le diagnostic établi, le bon médicament existe-t-il, ou les pharmacies en sont-elles dépourvues ? Il en va de l'économie comme de la médecine. On doit faire confiance à des hommes de l'art pour mettre un nom sur ce qui nous accable et plus encore pour nous indiquer le traitement efficace qui nous guérira. En économie, le médecin le plus clair dans sa description et qui choisit de dire la vérité au patient s'appelle Patrick Artus. Dans Les apprentis sorciers, il passe en revue les erreurs de diagnostic commises par nos politiques depuis le début des année 70. C'est accablant !

De Georges Pompidou à François Hollande, les gouvernements qui se sont succédé ont toujours considéré que les crises étaient passagères et que "ça ira(it) mieux demain", ajournant toute réforme structurelle. On a emprunté de l'argent, augmenté les prélèvements, réduit les marges des entreprises, dévalué le franc, subventionné à outrance, injecté de la liquidité partout où on le pouvait et cru depuis des lustres que le reprise viendrait d'une politique de relance par la consommation et la dépense. Aujourd'hui, la France cumule tous les handicaps : les marges de nos entreprises sont les plus faibles d'Europe, nos prélèvements fiscaux battent des records, notre déficit public est chronique, notre endettement va bientôt atteindre 100 % du PIB, notre production industrielle est bas de gamme, nos salaires ne réagissent plus à l'envolée du chômage, notre éducation nationale laisse de plus en plus d'élèves sur le bord de la route, et notre administration grossit à vue d'oeil. Le paquebot France est tellement chargé qu'il est incapable de profiter du courant si par hasard une vague porteuse vient irriguer l'économie mondiale.

Il faut d'abord une volonté politique sans faille

Bien des pays qui nous entourent ont connu des situations comparables. La Suède, le Canada, l'Allemagne et, dans une moindre mesure, les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Espagne d'aujourd'hui ont utilisé les mêmes remèdes. Et ont obtenu des résultats encourageants, voire carrément enthousiasmants. Problème, ils exigeaient une volonté politique sans faille et l'acceptation par le corps social de quelques années de vache maigre ! Patrick Artus est formel, une politique économique efficace exige une maîtrise des dépenses, une restauration des marges des entreprises afin de les inciter à investir dans un outil industriel plus performant ou dans la recherche et le développement, véritable talon d'Achille de notre pays. Plutôt que de pratiquer une révision à la baisse aveugle et sans discernement de tous les investissements publics, il convient de réformer intégralement l'appareil de l'État, de revoir le rôle de nos agences et de nos administrations, de leur inculquer une culture de l'efficacité, de les regrouper et de les sensibiliser à l'économie réelle. La politique court-termiste qui vise à inonder de liquidités toutes les économies du monde en espérant que jailliraient de cet océan des îlots de prospérité capables de relancer l'activité est une idée dangereuse qui vise une fois de plus à repousser à plus tard des ajustements déjà impérieux...

Le chemin est étroit, escarpé et pierreux

Le livre ne fait preuve d'aucun parti pris politique : les majorités de droite comme de gauche sont épinglées au tableau d'honneur des erreurs économiques. Il fustige la paresse et le conformisme devenus les mamelles de notre politique économique depuis la fin des Trente Glorieuses. Le diagnostic étant posé, quelles sont les chances du malade de se rétablir ? La politique de l'euro fort et les contraintes que nous impose l'Europe raréfient les remèdes que nous pouvons utiliser. Mais il existe néanmoins un chemin étroit, escarpé et pierreux, qui ressemble à celui qu'a emprunté à partir de 2002 l'Allemagne sous la conduite de Gerhard Schröder. Celui-ci avait alors bénéficié du soutien des syndicats ouvriers, du patronat, des multinationales qui font la réputation du pays, de la majorité de la classe politique, des experts de tout poil, des médias et finalement des Allemands eux-mêmes, qui avaient accepté de se serrer la ceinture quelques années pour mieux se relancer. Les Français sont-ils prêts, éduqués, préparés et informés pour mettre un terme à leur confort, à leur conformisme et à l'omniprésence de l'État providence ? Patrick Artus et la journaliste Marie-Paule Virard, sa co-auteur, ne se prononcent pas, mais leur pessimisme vaut (presque) réponse...

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Les apprentis sorciers, 40 ans d'échecs de la politique économique française, de Patrick Artus et Marie-Paule Virard, éd. Fayard, 16 euros.


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