Big data, littéralement les Grosses données, est une expression anglophone utilisée pour désigner des ensembles de données qui deviennent tellement volumineux qu'ils en deviennent difficiles à travailler avec des outils classiques de gestion de base de données.
Dans ces nouveaux ordres de grandeur, la capture, le stockage, la recherche, le partage, l'analyse et la visualisation des données doivent être redéfinis. Les perspectives du traitement des big data sont énormes, notamment pour l'analyse d'opinions politiques2 ou de tendances industrielles, la génomique3, l'épidémiologie ou la lutte contre la criminalité ou la sécurité4.
Le phénomène Big data est considéré comme l'un des grands défis informatiques de la décennie 2010-2020. Il engendre une dynamique importante tant par l'administration5, que par les spécialistes sur le terrain des technologies ou des usages6.
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Le Big Data recouvre des applications cherchant à analyser des données pour en tirer du sens. Ces analyses sont appelées Big Analytics 7 ou “Broyages de données”. Elles portent sur des données quantitatives complexes avec des méthodes de calcul distribué.
En 2001, un rapport de recherche du META Group (devenu Gartner)8 définit les enjeux et les opportunités de la croissance des données comme étant tri-dimentionnels. Les analyses complexes répondent à la règle dite des 3V : volume, vélocité, variété.9 Aujourd'hui encore, les acteurs du marché du Big Data utilisent largement ce modèle pour décrire ce phénomène10.
Le volume des données stockées aujourd’hui est en pleine explosion. Selon une étude IDC sponsorisée par EMC Gartner, les données numériques créées dans le monde seraient passées de 1,2 zettaoctets par an en 2010 à 1,8 zettaoctets en 2011, puis 2,8 zettaoctets en 2012 et s'élèveront à 40 zettaoctets en 202011. Twitter génère à l’heure actuelle 7 teraoctets de données chaque jour et Facebook 10 teraoctets. 12
Ce sont les installations scientifiques qui produisent le plus de données à l’heure actuelle, et de nombreux projets pharaoniques sont en cours. Le radiotelescope “Square Kilometre Array” par exemple, produira 50 teraoctets de données analysées par jour, à un rythme de 7 000 teraoctets de donnée brutes par seconde.13
Le volume des données Big Data met les data centers devant un réel défi : la variété des données. Ce ne sont pas des données relationnelles traditionnelles, ces données sont brutes, semistructurées ou non structurées. Ce sont des données complexes qui proviennent du web (Web Mining), de textes (Text Mining) et d'images (Image Mining). Elles peuvent etre publiques (Open Data, Web des données), géo-démographiques par îlot (adresses I.P), ou sur des consommateurs (Profils 360°). Ce qui les rend difficilement utilisables avec les outils traditionnels.
La démultiplication des outils de collecte sur les individus et sur les objets permettent d’amasser toujours plus de données 14. Et les analyses sont d’autant plus complexes qu’elles portent de plus en plus sur les liens entre des données de natures differentes.
La vélocité représente à la fois la fréquence à laquelle sont générées, capturées et partagées les données. Les données arrivent en flux et doivent etre analysées en temps réel pour répondre aux besoins des processus chrono-sensibles15. Les systèmes mis en place par les entreprises doivent etre capables de traiter ces données avant qu’un nouveau cycle de génération de ces données n’ait commencé, autrement dit effectuer du Data Stream Mining.
Si la definition du Gartner en 3V est encore largement reprise (voire augmentée de “V” supplémentaires à l’inspiration des services marketing), la maturation du sujet fait apparaitre un autre critère plus fondamental de difference d’avec le Business Intelligence et concernant les données et leur utilisation :
Les bases de données relationnelles classiques ne permettent pas de gérer les volumes de données du Big Data. De nouveaux modèles de représentation permettent de garantir les performances sur les volumétries en jeu. Ces technologies, dites de Business Analytics & Optimization (BAO) permettent de gérer des bases massivement parallèles. 17 Des patrons d’architecture “Big Data Architecture framework (BDAF)” 18 sont proposés par les acteurs de ce marché comme MapReduce developpé par Google et utilisé dans le framework Hadoop. Avec ce système les requêtes sont séparées et distribuées à des noeuds parallélisés, puis exécutées en parallèles (map). Les résultats sont ensuite rassemblés et récuperés (reduce). Teradata, Oracle ou EMC (via le rachat de Greenplum) proposent également de telles structures, basées sur des serveurs standards dont les configurations sont optimisées. Ils sont concurrencés par des éditeurs comme SAP et plus récemment Microsoft. 19 Les acteurs du marché s’appuient sur des systèmes à forte scalabilité horizontale et sur des solutions basées sur du NoSQL(MongoDB, Cassandra) plutôt que sur des bases de données relationnelles classiques.20
Pour répondre aux problématiques Big Data l’architecture de stockage des systèmes doit être repensée et les modèles de stockage se multiplient en conséquence.
Les Big Data trouvent une application dans de nombreux domaines : De grands programmes scientifiques (CERN28 Mastodons), de grandes entreprises (IBM29,Amazon Web Services, BigQuery, SAP HANA, des entreprises spécialisées (Teradata, Jaspersoft30, Pentaho31...) de l'Open Source (Apache Hadoop, Infobright32, Talend33...) et des Start-up (Bionatics23, Hariba Médical24, SafetyLine25, KwypeSoft26, Vigicolis):
Les expériences du Large Hadron Collider représentent environ 150 millions de capteurs délivrant des données 40 millions de fois par seconde. Il y a autour de 600 millions de collisions par seconde, et après filtrage, il reste 100 collisions d’intérêt par seconde. En conséquence, il y a 25 Po de données à stocker chaque année, et 200 Po après réplication.272829
Quand le Sloan Digital Sky Survey (SDSS) a commencé à collecter des données astronomiques en 2000, il a amassé plus de données en quelques semaines que toutes les données collectées dans l’histoire de l’astronomie. Il continue à un rythme de 200Go par nuit, et a aujourd’hui stocké plus de 140 teraoctets d’information. Des prévisions annoncent que le Large Synoptic Survey Telescope, dont la mise en route est prévue en 2015, amassera ce même montant tous les cinq jours.30
Décoder le génome humain a originellement pris 10 ans, cela peut désormais être fait en une semaine.31
Le NASA Center for Climate Simulation (NCCS) stocke 32 Po de données d’observations et de simulations climatiques.32
L’analyse de Big Data a joué un rôle important dans la campagne de ré-élection de Barack Obama, notamment pour analyser les opinions politiques de la population.33
Le gouvernement américain possède six des dix plus puissants supercalculateurs de la planète.34
La National Security Agency est actuellement en train de construire le Utah Data Center. Une fois terminé, ce data center pourra supporter des yottaoctets d’information collectés par la NSA sur internet.
Walmart traite plus d’un million de transactions client par heure, celles-ci sont importées dans des bases de données dont on estime qu’elles contiennent plus de 2.5 Po d’information.35
Facebook traite 50 milliards de photos.
D’une manière générale le data mining de Big Data permet l’élaboration de profils clients dont on ne supposait pas l’existence.36
Afin de pouvoir exploiter au maximum le Big Data, de nombreuses avancées doivent être faites, et ce en suivant trois axes :
Les méthodes actuelles de modélisation de données ainsi que les systèmes de gestion de base de données ont été conçus pour une utilisation à des fins commerciales de l’information. La fouille de données a des caractéristiques fondamentalement différentes et les technologies actuelles ne permettent pas de les exploiter. Dans le futur il faudra des modélisations de données et des langages de requêtes permettant :
une représentation des données en accord avec les besoins de plusieurs disciplines scientifiques; de décrire des aspect spécifiques à une discipline (modèles de métadonnées), de représenter la provenance des données; de représenter des informations contextuelles sur la donnée; de représenter et supporter l’incertitude; de représenter la qualité de la donnée.37
Le besoin de gérer des données extrêmement volumineuses est flagrant et les technologies d’aujourd’hui ne permettent pas de le faire. Il faut repenser des concepts de base de la gestion de données qui ont été déterminés dans le passé. Pour la recherche scientifique, par exemple, il sera indispensable de reconsidérer le principe qui veut qu’une requête sur un SGBD fournisse une réponse complète et correcte sans tenir compte du temps ou des ressources nécessaires. En effet la dimension exploratoire de la fouille de données fait que les scientifiques ne savent pas nécessairement ce qu’ils cherchent. Il serait judicieux que le SGBD puisse donner des réponses rapides et peu coûteuses qui ne seraient qu’une approximation, mais qui permettraient de guider le scientifique dans sa recherche.38
Les outils utilisés à l’heure actuelle ne sont pas en adéquation avec les volumes de données engendrés dans l’exploration de Big Data. Il est nécessaire de concevoir des instruments permettant de mieux visualiser, analyser, et cataloguer les ensembles de données afin de permettre une optique de recherche guidée par la donnée.39