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L'Allemagne, modèle ou repoussoir ?

9/5/13

Le Point

Le Point.fr - Publié le 

 - Modifié le 

Certains l'accusent d'entraîner l'Europe dans la déflation, les autres en font un exemple. La "success story" de l'économie allemande peut-elle être imitée ?

François Hollande assure entretenir une relation de "tension amicale" avec l'Allemagne.
François Hollande assure entretenir une relation de "tension amicale" avec l'Allemagne. © ODD ANDERSEN / AFP
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La Commission européenne vient d'accorder deux ans de plus à laFrance pour réduire son déficit à 3 %. Mais l'Hexagone ne sera pas le seul à bénéficier de cet assouplissement. L'Espagne, notamment, a obtenu la même rallonge. Le gendarme budgétaire de l'Europe a bien été obligé de constater que la cure d'austérité menée simultanément dans plusieurs pays conduit en fait à la récession et échoue à faire revenir le déficit budgétaire dans les clous maastrichtiens.

De quoi apporter de l'eau au moulin à tous ceux qui accusent l'Allemagne d'être responsable des déboires de la zone euro ou, à tout le moins, de pousser son économie vers la dépression. Et il n'y a pas que le Parti socialiste - dont un projet de texte sur l'Europe dénonçait "l'intransigeance égoïste" d'Angela Merkel - qui partage ce point de vue.

"Pas sûr que ce soit un modèle viable à long terme" (Lagarde)

À droite, certains rêvent d'une augmentation de la consommation intérieure outre-Rhin ainsi que d'une baisse de l'euro pour relancer l'économie européenne. On l'a vite oublié, mais c'est l'ancienne ministre de l'Économie de Nicolas Sarkozy, Christine Lagarde, aujourd'hui à la tête du FMI, qui avait été la première à critiquer la politique économique allemande dans un entretien au Financial Times en mars 2010. "Il est clair que l'Allemagne a accompli un extrêmement bon travail au cours des dix dernières années environ, améliorant la compétitivité, exerçant une forte pression sur ses coûts de main-d'oeuvre. Je ne suis pas sûre que ce soit un modèle viable à long terme et pour l'ensemble du groupe [de la zone euro]", expliquait-elle alors. 

Cette "déflation salariale" menée dans les années 2000, notamment dans les services, a indéniablement déprimé la consommation intérieure. Non seulement cela a bridé le développement des services et la productivité dans ce secteur en Allemagne, mais, "au niveau européen, cela [a] cré[é] les conditions d'un marasme économique prolongé, car les autres pays membres estiment de plus en plus que seules des politiques de déflation salariale encore plus strictes résoudront leur problème de compétitivité, ce qui est d'autant plus décourageant qu'on voit mal dans quelle mesure ces politiques de déflation salariale en Allemagne ont contribué à la hausse de l'emploi, qui était à peine plus élevée en 2006 qu'en 1991", écrivait l'Organisation internationale du travail dans son rapport sur les Tendances mondiales de l'emploi 2012.

Réduire le déficit public

Son raisonnement est simple : si tout le monde mène la politique allemande centrée sur les exportations, il n'y aura alors plus personne pour acheter celles des autres. Dans le commerce mondial, il ne peut pas y avoir plus d'excédents que de déficits : la Terre ne peut pas encore exporter vers la Lune ! Jean-Marc Daniel, professeur à l'ESCP, cite l'exemple du déficit commercial "très important" de la Turquie. Celui-ci ne serait en fait que le reflet de l'importance des investissements dans un pays en pleine expansion. Du coup, l'excédent allemand contribue à financer le déficit turc.

La France doit-elle quand même jouer sa propre carte et imiter la première économie de la zone euro ? Pour cet économiste libéral, la "logique néomercantiliste", axée sur la compétitivité par une baisse du coût du travail, "reprise par le rapport Gallois", mène à une impasse. Selon lui, le déficit commercial hexagonal doit être vu comme la conséquence d'un excès de consommation par rapport à l'épargne. Ce serait en fait le déficit budgétaire qui, en créant une demande importante adressée à l'étranger, stimulerait les importations. Dans cette logique, il ne faudrait donc pas tant comprimer les salaires et le coût du travail - l'objectif du crédit d'impôt compétitivité emploi - que réduire les dépenses de l'État. "Il y a quelque chose d'indécent quand des patrons qui gagnent un million d'euros viennent expliquer que c'est le smic, le problème", juge-t-il, en regrettant que le gouvernement ait mis le doigt dans l'engrenage. 

Le trompe-l'oeil du coût du travail

Pour l'OIT, les récents succès de l'Allemagne à l'exportation n'ont d'ailleurs "pas grand-chose à voir avec ces politiques salariales [de déflation salariale, NDLR], mais plus avec l'orientation géographique des exportateurs allemands vers les économies émergentes dynamiques". L'euro fort ne l'a d'ailleurs visiblement pas empêchée de vendre ses produits en dehors de la zone... Pour Jean-Marc Daniel, l'idéal pour l'Allemagne vieillissante serait même d'avoir un taux de change de 2 euros pour 1 dollar (contre environ 1,30 euro actuellement) pour racheter des usines à bas coûts - comme en Turquie - et vivre de ses rentes. "Ce n'est que dans 10 ans, quand les usines turques commenceront à cracher des dollars, que les Allemands auront intérêt à voir l'euro baisser." En attendant, il est illusoire de compter sur une baisse de la monnaie unique pour s'en sortir.

Mais alors, comment tirer l'économie française de son déclin si ce n'est par la baisse du coût du travail ? Par une baisse du coût du capital, répond Jean-Marc Daniel ! Il s'agit d'appliquer le bon vieux théorème de l'ancien chancelier social-démocrate allemand Helmut Schmidt selon lequel "les profits d'aujourd'hui font les investissements de demain et les emplois d'après-demain". En alignant la taxation du capital sur celle du travail, François Hollande a fait exactement l'inverse, même s'il a commencé à reculer en annonçant fin avril une réforme de la taxation des plus-values de cession d'entreprises ou de parts d'entreprises. 

Lire aussi : l'Allemagne, ce modèle responsable de tous nos maux 

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