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Quand les geeks investissent l'Opéra

6/5/13

Le Nouvel Observateur

ACCUEIL > ECONOMIE > QUAND LES GEEKS INVESTISSENT L'OPÉRA

 

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De jeunes entreprises consacrées aux nouvelles technologies affluent dans ce quartier historique de la capitale.

Fifty-Five, une start-up qui aide les entreprises à augmenter leurs contacts sur leur site internet. (Xavier Romeder pour

Fifty-Five, une start-up qui aide les entreprises à augmenter leurs contacts sur leur site internet. (Xavier Romeder pour

Place Gaillon, Paris, 13 heures, les voituriers de Drouant, le célèbre restaurant où délibère le jury du prix Goncourt, et ceux de La Fontaine Gaillon, un must pour les déjeuners d'affaires, garent les Porsche et berlines de leurs clients. Au milieu de ce ballet mondain, un jeune homme au look d'ado (jean, baskets, tee-shirt et sac à dos) se faufile entre les voitures. Un étudiant égaré ? Un coursier ? Un travailleur précaire ? Rien de tout cela.

Paul Lefkopoulos, 28 ans, est data scientist chez Fifty-Five. Bardé de diplômes (Ecole nationale de la Statistique et de l'Administration économique, mastère marketing à HEC), il travaille sur l'exploitation d'énormes bases de données, le big data, le nouvel eldorado des petits génies d'internet. Quant à Fifty-Five, c'est une start-up créée il y a trois ans qui aide les entreprises à augmenter leur nombre de contacts sur leur site internet.

4 millions de mètres carrés de bureaux

"Au départ nous étions cinq de chez Google", explique Nicolas Beauchesne, cofondateur et responsable du recrutement du personnel. Car si les cinq compères ont choisi ce quartier pour s'installer, c'est pour des raisons de voisinage : en 2010, les locaux de Google se trouvaient avenue de l'Opéra. Et voilà comment s'est accélérée la renaissance de ce quartier historique qui concentre aujourd'hui les entreprises les plus dynamiques des nouvelles technologies.

Elles n'ont donc pas investi des hangars de banlieue, ni créé des quartiers ex-nihilo, comme le prophétisent les auteurs de science-fiction et romanciers futuristes, mais ont choisi le quartier de l'Opéra. Et en jargon immobilier, on appelle "QCA" (quartier central des affaires) ce triangle de l'Ouest parisien à cheval sur les 1er, 2e, 8e et 9e arrondissements, entre Madeleine, Bourse et Saint-Lazare. Centre économique historique de Paris, autrefois dominé par le monde de la finance, il regroupe près de 4 millions de mètres carrés de bureaux, soit plus que la Défense (3 millions) .

La "Net économie" s'épanouit sous les lambris

Mais ici les bâtiments n'ont pas été conçus pour accueillir des open spaces high-tech. Immeubles haussmanniens, hôtels particuliers, anciens appartements, la "Net économie" s'épanouit sous les lambris. "Aujourd'hui, on a 50 salariés, diplômés de grandes écoles d'ingénieurs, de commerce, ou des deux, de l'ENS Cachan...", explique Nicolas Beauchesne. Et l'entreprise continue d'embaucher. "Je ne fais que ça toute la journée", glisse-t-il dans un sourire harassé.

Idem chez Criteo, où l'on dépasse les 300 ingénieurs pour 400 salariés au total en France, et 800 dans le monde. Inconnu du grand public, Criteo est une ex-start-up française créée en 2005, devenue la star mondiale du "display à la performance" (les espaces publicitaires sur internet payés en fonction du nombre de contacts qu'ils apportent, grâce au ciblage des internautes).

En juin 2012, l'entreprise s'est installée dans de somptueux locaux rue Blanche, derrière la gare Saint-Lazare. "Dans le quartier, il y a plein de petits bars. On est tout près de SoPi ["South Pigalle", le coin branché, NDLR] raconte Grégory Gazagne, directeur général Europe. Chez Criteo, la moyenne d'âge est de 29 ans. Ils sont célibataires et aiment bien prendre un verre le soir." Quand les geeks quittent leurs algorithmes, ils redeviennent humains !

Google, Deezer, Meetic, Groupon, Leboncoin...

Google est bien entendu l'autre poids lourd d'internet installé près de Saint-Lazare. Fin 2012, les 500 salariés qui gèrent la zone Seemea (Europe de l'Est et du Sud, Moyen-Orient et Afrique) du moteur de recherche ont emménagé rue de Londres, dans un ancien hôtel particulier. "Hormis le siège historique en Californie, les bureaux de Google sont toujours au cœur des villes. explique Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, porte-parole de Google France, c'est un choix de l'entreprise pour la qualité de vie des salariés." Cinq lignes de métro, deux gares de RER, Saint-Lazare bien sûr (la deuxième gare d'Europe avec 100 millions de voyageurs par an) et des dizaines de lignes de bus, difficile de trouver quartier mieux desservi.

"Et puis ici, on est au centre d'un écosystème numérique", poursuit-elle. Deezer, Viadeo, Groupon, Meetic, Leboncoin, eBay, Paypal et Shopping.com ont aussi élu domicile dans le quartier, sans oublier le Free Center (magasin et bureaux) et le Samsung Mobile Store à la Madeleine, l'Apple Store Opéra et la myriade de start-up qui naissent chaque jour aux alentours.

Hier, le palais Brongniart était le temple de la Bourse. Il héberge désormais Le Camping, un pôle de développement de start-up créé par l'association Silicon Sentier installée tout à côté. A l'Opéra, il n'y a pas que des petits rats. Aujourd'hui, il y a surtout des souris et des geeks.

Claire Fleury-Le Nouvel Observateur


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