Par Vincent Berthelot
L’entreprise 2.0 on en parle depuis près de 4 ans mais rares sont ceux qui peuvent donner des exemples d’une entreprise qui soit passé du 1.0 au 2.0. On vous citera des exemples exotiques ou des bouts d’expérimentation mais pas de transformation globale. Le concept est bien maitrisé désormais mais la mise en œuvre toujours aussi aléatoire. Le changement de paradigme trop important par rapport aux bénéfices espérés et encore rarement mesurés. Rappelons que environ 80% des projets 2.0 portés par les réseaux sociaux ont été des fiasco en France sur ces même 3 dernières années.
En fait l’entreprise 2.0 n’est qu’un concept qui ne passe qu’exceptionnellement l’épreuve du feu car peu d’entreprise peuvent se permettre de changer complétement leur culture, process, management en même temps qu’elles adoptent des outils sociaux. Les tentatives sont souvent isolées et les résultats maigres au vu des investissements en moyen humain, financier et en temps. L’effet magique de créer de la valeur en permettant aux employés de se connecter plus facilement pour mieux échanger, innover n’a pas eu lieu et le doute commence désormais à apparaitre sur la révolution proclamée par les experts et les éditeurs.
D’ailleurs c’est la première fois depuis le démarrage de l’entreprise 2.0 que le discours « dans le 2.0 tout est beau » commence à perdre de sa splendeur. Les mêmes qui nous racontaient les belles histoires de réussite, quasi magique, nous expliquent désormais qu’ils ont compris pourquoi autant avaient tournés en mauvaise série B et que promis, juré tout va désormais changer !
La vérité est que nous sommes restés bien trop dans le rêve et bien loin du business qui reste l’objectif final des entreprises. Trop peu de projet sont encore pensés pour être partie prenante du travail des salariés et répondre à des objectifs business précis. L’aspect social vient avec cette démarche mais si il en est l’objectif principal vous êtes mal parti !
D’ailleurs il n’est qu’à lire les résultats des analyses menés par Dion Hinchcliffe pour mesurer le retard des RH par rapport au marketing, à la vente, au R&D.
Nous passons actuellement par la confrontation des belles idées à l’épreuve de vérité et le réalignement des projets sociaux sur des objectifs plus mesurables en terme de performance pour l’entreprise. La courbe d’adoption des entreprises ne fléchit pas mais elle change de nature. Assez des projets demandant au seuils réseau social d’améliorer le climat social, de permettre plus de transversalité, de créer de la convivialité… Appliquons aux RH la même méthodologie qu’au marketing : en quoi les outils sociaux peuvent améliorer mes process et sous quelles formes, conditions. Exigeons des indicateurs qui ne soient pas des mirages visibles d’ici 3 ans et permettons aux RH de retrouver une place de early adopters et non d’observateur.
Cela demande toutefois de s’interroger sur ce que signifie social business pour les RH car malgré tous les discours autour des RH comme business partner on ne peut pas dire de GRH nous soyons passé à Business RH. Pour nous c’est avant tout la socialisation et digitalisation des process RH les plus stratégiques pour l’entreprise.
A savoir :
Ces priorités peuvent être différentes pour votre entreprise selon son contexte, ses objectifs et vision stratégique mais aujourd’hui ne pas s’interroger sur la partie social business pour un RH est un manque d’ambition et d’innovation évident.