Comme toutes les choses importantes de la vie, cela n’est pas enseigné à l’école. Nous sommes tous des autodidactes en la matière. Pourtant certains réussissent mieux que d’autres. Ce livre révèle les constantes identifiées chez eux dans leurs modes de pensée et leurs façons d’agir. Chacun peut y trouver des solutions à ses déconvenues de la vie active ou à son licenciement. La réussite dans le monde du travail dépend de deux catégories de facteurs:
- ceux sur lesquels chacun de nous ne peut pas grand-chose : les événements dépendant de l’Etat, le comportement des entreprises, les innovations technologiques, les réactions des investisseurs, une crise internationale, des attentats, ou une catastrophe naturelle … On doit avancer avec ces inconnues.
- ceux qui dépendent de nous et de nous seul : notre réaction aux événements, notre envie de se battre, ce que l’on veut faire de sa vie…
Ce qui nous arrive aujourd’hui vient très souvent d’une idée erronée quel’on s’est faite sur soi ou son existence, d’un manque d’envie ou d’une action inadaptée à la situation rencontrée. On peut agir avec succès sur les leviers qui dépendent de nous. Au moment où vous lisez ces lignes, 3 millions de cadres ont un travail, et plus de 180.000 en cherchent un, sous le même code du travail, avec les mêmes gouvernants, les mêmes crises économiques, les mêmes mouvements de la Bourse… A chacun de choisir son camp.
Ce livre met en évidence les conditions de votre réussite, tantôt des solutions atypiques et dérangeantes, tantôt des évidences et des portes ouvertes enfoncées, que l’on a oubliées, en tous cas des pratiques avérées qui donnent des résultats, avec la plus importante de toutes, celle de ne pas faire de curriculum vitae.
La première réaction, quand on perd son emploi, est de faire un CV, de poser sa candidature tous azimuts et de faire savoir à tout le monde que l’on est disponible. Depuis des décennies on agit ainsi et dans 90 % des cas cela ne marche pas. La raison est simple : la capacité à savoir faire un CV est inversement proportionnelle à la probabilité de trouver un emploi. Dans la majorité des cas, le CV ne sert à rien, si ce n’est à se donner bonne conscience et à engraisser les brokers qui en font commerce… Le CV n’est pas prioritaire pour réussir. Au contraire, se plonger dans sa rédaction écarte souvent des conditions à réunir impérativement. Quatre raisons essentielles militent contre le curriculum vitae.
Tout le monde est merveilleux sur un CV comme sur une épitaphe. « Que pensez-vous de mon CV ?». Des milliers de candidats posent cette question avec émotion et inquiétude. La meilleure réponse vient de l’un d’entre eux : « Entre nous, le CV, c’est mon passé, ce qui intéresse une entreprise c’est ce que je peux faire dans l’avenir avec elle. » Cette interrogation, à la fois quête d’amour narcissique et signe d’angoisse, est aussi ridicule que celle d’un homme qui demande à une femme qu’il veut séduire ce qu’elle pense de sa carte d’identité. Elle se moque de son état civil si par ailleurs elle ne ressent rien et s’il ne la fait pas rêver. Parmi plus d’1 million de CV lus, étudiés, analysés, pesés et comparés, je n’en ai jamais vu un qui dénigre son auteur. Rien ne sert d’en avoir un, bien écrit, bien structuré, sur du papier de qualité, ou formaté sur Acrobat, avec une photo couleurs montrant un sourire à peine forcé, si dans son comportement on agit à contre-courant du succès. La capacité à savoir faire un CV est inversement proportionnelle à la probabilité de trouver un emploi. Le CV est une carrière arrêtée. Conduire sa recherche en se référant en permanence à lui est aussi dangereux que de conduire sa voiture le nez sur le rétroviseur. Voir et comprendre le poste à venir implique l’oubli des scories de son curriculum.
Le CV est égocentrique, alors que l’on doit s’ouvrir aux autres
Le CV est un miroir qui focalise sur soi et empêche de s’ouvrir au monde. La rédaction narcissique de sa vie (« CV, dis-moi comme je suis beau ! ») fait plaisir et conduit souvent à être éconduit. La France est le pays où il y a le plus grand nombre de personnes qui savent rédiger un CV, tout en comptant des millions de chômeurs dont plus de 150 000 cadres. Le curriculum centre sur soi au lieu d’ouvrir aux autres, on passe du temps à l’envoyer à des offres sur internet. Armé de CV, on se jette dans la bataille des candidatures, la ruée vers le job, on investit son énergie dans son envoi, on compte sur son succès en retour, avec les mêmes probabilités de réussite que celles de trouver les 7 numéros du Loto.
Un candidat m’a fait cette remarque de bon sens : « Je n’en ai pas ! Pour moi, il n’y a que le chômeur qui en a un, ou celui qui est sur le départ ! Moi tout va bien, j’écoute ce qu’on me propose, si cela m’intéresse, il sera toujours temps d’en faire un ! » En fait c’est un ennemi, il banalise, tout le monde en fait un, voire plusieurs, les entreprises en sont submergées. Envoyé partout il se noie dans la masse. CV veut dire candidat, candidat vient de Candide, Voltaire parle de Candide comme d’un personnage peu crédible et très crédule qui croit aveuglément à la philosophie de Pangloss, le précepteur du château. Le mot « candide » vient du latin candidus qui signifie blanc, une des interprétations possibles du nom est l’expression de l’innocence, voire la naïveté du personnage. Le CV est un piège d’oisiveté, il donne bonne conscience de faire son devoir de candidat, et incite à ne rien faire d’autre, si ce n’est d’attendre, convaincu d’avoir fait ce qu’il faut.
Aujourd’hui le CV inquiète, c’est un mauvais souvenir ou la peur de l’avenir pour celui qui le reçoit. Tout le monde a été, est, ou sera sans emploi. Cette feuille 21 X 29.7 envoyée sous word lui rappelle ce qu’il a été ou ce qu’il risque de devenir. Les CV existent à profusion, Internet en regorge, les bases de données les mettent à disposition, les brokers en font business, et malgré cette profusion il est difficile d’être recruté. Celui qui recrute endure son propre stress, la pression de sa hiérarchie de pourvoir un poste sans titulaire qui coûte très cher. Il n’a pas droit à l’erreur, sinon son propre poste peut être remis en question. Le CV envoyé devient un problème, il coûte du temps et de l’argent pour le traiter et faire la réponse, il transforme en demandeur, quémandeur, voire emmerdeur, alors que l’entreprise cherche un vainqueur porteur d’avenir. Certes, au moment où les choses nous échappent, il nous ramène à notre univers et nous rassure, pourtant, ce n’est pas le moment d’en faire un. On a tout le temps, mieux vaut se mettre en condition d’être recruté.