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fête du travail les travailleurs français peuvent-ils se satisfaire des syndicats ?

1/5/13

Atlantico, un vent nouveau sur l'info

Les syndicats défilent ce 1er mai en ordre dispersé. Après cinq ans de défilés unitaires sous Sarkozy, le projet de loi sur la sécurisation de l'emploi, définitivement adopté au Parlement le 14 mai, a eu raison de l'unité de la CGT et de la CFDT. La mobilisation s'annonce faible alors que l'image des syndicats a été écornée par une série de scandales ces dernières années.

Mafia rouge

Publié le 1 mai 2013
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 Crédit Reuters

 

Atlantico : Après cinq ans de défilés unitaires sous Sarkozy, les syndicats vont défiler le 1er mai en ordre dispersé. Le projet de loi sur la sécurisation de l'emploi, définitivement adopté au Parlement le 14 mai, a eu raison de l'unité de la CGT et de la CFDT. Ce 1er mai contrastera avec celui de 2012 où, à cinq jours du deuxième tour de la présidentielle, des centaines de milliers de salariés (entre 300 000 et 750 000) étaient descendus dans la rue pour dire non à Nicolas Sarkozy. « Ma crainte c'est que le Front national mobilise plus que les syndicats de salariés » s'est même inquiété, selon le Monde, le numéro un de la CGT, Thierry Lepaon. Cette situation traduit-elle une faiblesse historique des syndicats français ? En matière de représentativité syndicale, la France est-elle une exception en Europe ?  

Nicolas Perruchot : Je ne crois que ce soit la situation actuelle qui explique les difficultés des syndicats à faire adhérer les salariés. Au contraire. La loi sur la sécurisation devrait être un facteur d’adhésion pour les salariés. Mais il n’en n’est rien. Les syndicats pâtissent tout à la fois de leur image, très négative aux yeux d’une grande majorité des salariés, et de leur grande difficulté à s’entendre pour proposer des réponses aux problèmes du chômage de masse que la France connaît.

La France n’est pas seulement une exception en Europe. En matière de représentativité syndicale nous sommes les derniers des 34 pays membres de l’OCDE, avec un taux de représentativité de 8%. Depuis les années 50, on a divisé par quatre le nombre de salariés syndiqués dans notre pays. Le paradoxe c’est que la perte d’adhérents n’a pas signifié une perte d’influence. Bien au contraire.

Dominique Andolfatto : Il est vrai que la France a le taux de syndicalisation le plus faible des pays occidentaux. Mais cela ne signifie pas pour autant que les syndicats soient sans ressources. Là où ils sont implantés, les syndicats sont généralement redoutés (en raison des pouvoirs – juridiques notamment – dont ils disposent et de leur capacité à animer l’action collective). Ce qui explique une particularité du syndicalisme français : les employeurs contribuent largement à son financement (ce qui, au passage, est tout à fait légal dès lors qu’il n’y a pas de discrimination entre organisations syndicales de la part de l’employeur).Si cela traduit une solide reconnaissance du fait syndical et de la nécessité du dialogue social, dont les syndicats sont évidemment un acteur-clé, on ne peut s’empêcher de penser que, parfois, il peut s’agir aussi d’acheter la paix sociale. Un ancien responsable syndical de la CFDT de Sanofi en témoignait publiquement ces derniers jours.

Anne-Sophie David : La crainte du nouveau leader de la CGT est fondée car les nombreuses dissensions continuent de gangréner les syndicats de salariés et cela risque de se voir dans la rue aujourd’hui !  Ce nouveau défilé sera aussi l’occasion, une fois n’est pas coutume, d’une nouvelle guerre de chiffres entre les syndicats, la police et le Front National… Mais le vrai sujet c’est la crise qui se durcie, le climat social qui se tend, les fermetures d’usines et dépôts de bilan qui se multiplient, une situation gravissime face à laquelle de telles dissensions n’ont plus leur place. Mais le problème est toujours le même : leur manque de représentativité pour peser dans la société. La preuve : depuis plus de 15 ans, tous les grands combats sociaux ont tourné au profit du gouvernement et du patronat. Un bilan accablant qui devrait inviter chacun à s’interroger sur l’utilité et l’avenir du syndicalisme dans notre pays.

Oui en matière de représentativité syndicale la France est un exception.  A peine 8% des salariés français sont syndiqués. Comparé à nos voisins, il s’agit là du pire taux d’Europe qui place la France sous la Lituanie ! La question de la représentativité syndicale est en effet centrale. Rappelons au passage que ces 8% ne concernent que les salariés et non toutes les personnes ayant un emploi : les personnes en CDD, intérimaires et stagiaires ne sont pas représentées par les centrales syndicales. Donc, en réalité, les syndicats ne représentent qu’environ 4% de l’ensemble des travailleurs... Pourtant ce sont ces mêmes syndicats qui initient grève sur grève dans les services publics, qui sont associés et décideurs dans toutes les grandes instances régissant le travail et la vie sociale en France et qui cogèrent, à parité avec le patronat, les caisses nationales d’assurance-maladie, caisses d’allocations familiales, Pôle-Emploi, prud’hommes, formation professionnelle…

Comment expliquer que les jeunes se tournent de moins en moins vers les syndicats ? D'où vient le déficit d'image dont ils souffrent aujourd'hui ?

Dominique Andolfatto : Les plus jeunes ne se retrouvent pas dans l’histoire ouvrière – ou syndicale – du 20e siècle, dans une certaine mémoire, qui reste donc l’affaire des plus anciens. Pour l’essentiel, le syndicalisme est devenu en effet une affaire de quadras ou de quinquas. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de jeunes. Quelque 6 ou 7% de moins de 30 ans selon les données – rares – dont on peut disposer. Lors de son dernier congrès, en mars 2013, la CGT a revendiqué 15% d’adhérents de moins de 35 ans. Les 60 ans et plus sont plus nombreux (17%). Mais l’essentiel des troupes est constitué des 35-60 ans (68%).

Outre la question de la mémoire, on peut formuler d’autres explications à cette « rencontre » difficile des syndicats avec les salariés les plus jeunes (même si les syndicats soutiennent que les choses seraient en train de changer). Le syndicalisme est bien souvent devenu une affaire d’ « insider », c’est-à-dire de salariés en CDI, bien intégrés, assez bien protégés, ce qui est particulièrement appréciable dans la conjoncture actuelle. Tel n’est pas le cas des plus jeunes, « outsiders » dans le système pour emprunter un terme au célèbre sociologue américain Howard Becker.Et tant que leur condition n’évolue pas, ils ont de la peine à se faire une place dans les organisations syndicales… sauf à n’être que des faire-valoir, des cautions… le pouvoir demeurant dans les mains de salariés plus expérimentés et souvent issus du secteur public.

Nicolas Perruchot : Répondre à cette question revient à en poser une autre : à quoi servent les syndicats aujourd’hui ? Le syndicalisme français est un syndicalisme militant et très politisé. Au contraire du syndicalisme de service développé en Europe du Nord, les syndicats français, dont le rôle essentiel est de faire vivre le dialogue social, interviennent sur des sujets très divers : la guerre au Mali, le conflit israélo-palestinien, le printemps arabe, etc… Ils s’opposent aussi fortement aux politiques de relance du FMI en Europe, qui impose la rigueur budgétaire pourtant nécessaire. Leurs seuls mots d’ordre pour répondre aux difficultés actuelles sont l’appropriation des outils de production, et la nationalisation des secteurs en tension.Des solutions qui ne font pas rêver les jeunes d’aujourd’hui !! 

Anne-Sophie David : Depuis une dizaine d’années, les centrales syndicales sont confrontées à un nouveau problème : « le péril jeune ». Selon nos estimations basées sur les chiffres de l’INSEE, près de la moitié de leurs adhérents sont âgés de plus de 50 ans et à peine 10 % ont moins de 30 ans. Pourtant, l’adhésion des jeunes est un sujet crucial pour enrayer le déclin du syndicalisme et pour renouveler leurs effectifs. Mais les jeunes ne se reconnaissent pas dans les structures historiques, figées dans une idéologie de plus en plus dépassée. Résultat : ils créent leur propres structures, se fédèrent sur Internet ou se regroupent autour d’un objectif. Exemple avec le collectif Génération Précaire qui s’est fait connaître en 2005 en portant des masques blancs pour dénoncer l’exploitation des stagiaires et surtout en s’invitant à l’intérieur de manifestations provoquant la colère des syndicats contraints alors de partager l’affiche face aux médias…

 

 

En savoir plus sur http://www.atlantico.fr/decryptage/1er-mai-fete-travail-mais-travailleurs-francais-peuvent-vraiment-se-satisfaire-syndicats-anne-sophie-david-dominique-andolfatto-713415.html#pdob8moETqaFZIrR.99 

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