
Les indéniables succès économiques de notre voisin d'outre-Rhin masquent les faiblesses structurelles qui le minent, souligne le professeur Didier Raoult.
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La gestion économique énergique de l'Allemagne, ces dernières années, a amené à penser, dans la crise actuelle, que cette politique permettait d'en faire le leader incontesté d'Europe, avec un modèle vers lequel nous devrions tendre. Pour évaluer le succès d'une société et d'une civilisation, d'autres éléments permettent d'avoir une autre approche de l'organisation sociale.
Un point essentiel est la qualité de la production scientifique d'un pays. Lorsqu'on évalue la progression de 2002 à 2012 de la production scientifique globale de l'Allemagne comparée à celles de la France et des pays du sud de l'Europe - Italie, Espagne, Portugal et Grèce -, le résultat est que l'Allemagne est le pays qui a le moins progressé, et le Portugal celui qui a le plus progressé, suivi de l'Espagne, puis de la Grèce.
L'Allemagne, pays vieillissant
Un autre élément important concerne l'espérance de vie. Celle des Européens - à l'exception des habitants des pays de l'Est - est la meilleure au monde, très loin devant celle des États-Unis. Si l'on reprend les mêmes partenaires, l'Espagne est première, l'Italie deuxième, la France troisième, la Grèce quatrième, l'Allemagne cinquième et le Portugal sixième. Quand on prend le taux de natalité de ces pays, le premier est cette fois la France, le deuxième l'Espagne, le troisième le Portugal, le quatrième la Grèce, le cinquième l'Italie et le dernier, encore une fois, l'Allemagne. Quant à l'âge moyen des habitants de ces pays, le plus élevé est en Allemagne - 45,3 ans, contre 40,4 ans en France -, ce qui a sans doute joué un rôle dans sa réforme précoce de l'âge de la retraite.
Enfin, comme cela a été récemment dit, lorsque l'on compare le patrimoine des familles à revenu égal, le premier est l'Espagne, le deuxième l'Italie, le troisième la France, le quatrième la Grèce, le cinquième le Portugal et le dernier est toujours l'Allemagne.
De ces éléments factuels, on peut au moins en tirer l'idée que notre société n'est pas la pire du monde, ou du moins que nous croyons encore en l'avenir, ce qui explique probablement pourquoi nous constituons un patrimoine, faisons des enfants et continuons à voir progresser nos publications scientifiques. L'Allemagne a certes une économie florissante qui fait envie, mais elle n'investit pas dans le futur, ni sur le plan patrimonial, ni sur le plan démographique, ni même sur le plan de la recherche publique. Ce qui laisse penser que son avenir ne sera pas forcément plus serein que celui d'autres pays actuellement dans la tourmente et qui concentrent les critiques de ceux qui pensent que la crise économique est une crise de civilisation.
