En toute discrétion, le ministère de l’Enseignement supérieur vient de publier des chiffres extrêmement sensibles. Après cinq ans de black out, une note des services statistiques révèle sans tambour ni trompettes le taux de réussite en licence et master université par université. Un vrai scoop qui ne fait pas même l'objet d'un communiqué de la part du ministère !
D'ailleurs, pour dénicher les données par université, il faut aller fureter sur son site Internet, la note publiée ne comprenant que les moyennes nationales. Et à la lecture de cette note, on comprend vite le pourquoi d’une telle discrétion : malgré l’autonomie, malgré le plan réussite en licence, l’échec reste massif à l’université : seuls 27% des inscrits en première année décrochent leur licence en trois ans, 39% au bout de quatre ans. Pas de quoi pavoiser…
De mauvais chiffres relativiser... un peu
De très faibles scores toutefois à relativiser : parmi les étudiants qui ne décrochent pas leur licence en trois ou quatre ans, certains n’ont jamais mis les pieds en fac après leurs inscriptions, ayant finalement opté pour une autre formation, d’autres se réorientent en cours de route, par exemple passent les concours de kinés ou d’infirmières après une année de médecine. Mais tout ceci ne suffit pas à expliquer ces mauvais chiffres.
D’autant qu’on ne note aucun progrès, au contraire, la réussite en licence en 2010/2011 recule par rapport aux derniers chiffres publiés en 2008. Et c’est même pire dans nos «grandes» universités, celles dont le nom est un peu parvenu à s’imposer au plan international : Sorbonne, Pierre-et-Marie-Curie, Orsay etc qui comptent parmi les moins performantes pour accompagner leurs étudiants jusqu’au diplôme.
La banlieue fait mieux que Paris centre
En effet, la réussite des étudiants étant étroitement corrélée à la série du bac, l’âge auquel il a été obtenu, l’origine sociale etc, le ministère publie non seulement le taux de réussite mais aussi un taux simulé, "toutes choses égales par ailleurs" qui permet de mesurer la valeur ajoutée de chaque établissement , autrement dit sa capacité à faire ou non réussir ses étudiants. Résultat ? Très net avantage aux provinciales, Angers, La Rochelle, Clermont 1, Lyon 2, etc. Seules les universités de Versailles Saint Quentin et Villetaneuse affichent de bonnes performances pour l’Ile-de-France. Le triomphe de la banlieue...
VALEUR AJOUTEE EN LICENCE : LE TOP 10 DES FACS
Nom de l'université | Taux de réussite en licence (en %) | Valeur ajoutée (en points) |
UNIVERSITE VERSAILLES ST QUENTIN | 56,4 | 13,8 |
UNIVERSITE ANGERS | 58,9 | 13,1 |
UNIVERSITE NORD-EST MIDI-PYRENEES | 57,6 | 12,2 |
UNIVERSITE CLERMONT FERRAND 1 | 51 | 11,5 |
UNIVERSITE LYON 2 | 57,8 | 10,8 |
UNIVERSITE LA ROCHELLE | 52,2 | 10,0 |
UNIVERSITE CHAMBERY | 51,9 | 8,4 |
UNIVERSITE PAU | 51,7 | 8,2 |
UNIVERSITE PERPIGNAN | 44,8 | 8,2 |
UNIVERSITE MARNE LA VALLEE | 51,4 | 7,6 |
UNIVERSITE ORLEANS | 49,8 | 7,6 |
LES 10 FACS LES PLUS MAL NOTEES
Etablissements | Taux de réussite en licence (en %) | Valeur ajoutée (en points) |
UNIVERSITE NOUVELLE CALEDONIE | 16,4 | -20,4 |
UNIVERSITE POLYNESIE FRANCAISE | 15,7 | -17,6 |
UNIVERSITE BORDEAUX 1 | 27,8 | -13,4 |
UNIVERSITE PARIS 6 | 27,1 | -11,3 |
UNIVERSITE ANTILLES-GUYANE | 24,2 | -9,8 |
UNIVERSITE MONTPELLIER 2 | 30,2 | -9,5 |
UNIVERSITE LA REUNION | 28,7 | -8,8 |
UNIVERSITE PARIS 11 | 32,8 | -8,7 |
UNIVERSITE PARIS 8 | 27,8 | -8,4 |
UNIVERSITE TOULOUSE 2 | 38,2 | -7,8 |
Source : ministère de l'Enseignement supérieur, 2013