Il suit précisément le mouvement d’un doigt, et le reproduit en temps réel. Une méthode souple et précise pour enseigner une tâche à un robot, développée par un laboratoire d’Arts et Métiers ParisTech à l’aide de Leap Motion, le nouveau capteur de mouvement qui sera prochainement sur le marché.
Les robots, c’est compliqué à programmer, ça prend de la place, et en plus c’est dangereux. Depuis des années, les spécialistes de la robotique s’efforcent de répondre à ces objections. Car résoudre ces problèmes faciliterait la robotisation dans les PME, et rendrait possible une meilleure cohabitation entre les robots et les opérateurs humains. C’est dans ce but que des chercheurs du laboratoire LSIS/Arts et Métiers ParisTech ont décidé d’appliquer à la robotique le boîtier Leap Motion, ce capteur de mouvement qui défraye la chronique avant même d’être commercialement disponible. Leur idée : mettre à profit les performances, la précision, et le faible coût du Leap Motion pour faciliter la coopération entre un opérateur et un robot.
Le Leap Motion est un petit périphérique d’ordinateur de 8 x 3 cm, qui se connecte par un câble USB. Au départ, il est destiné à créer des interfaces gestuelles pour des jeux vidéo ou d’autres applications informatiques. Ses capteurs, à base de LED et de caméras, détectent les mouvements de chaque doigt d’une main de manière indépendante, avec une précision inférieure au millimètre, grâce à des algorithmes qui font toute l’efficacité du système.
Les chercheurs d’Arts et Métiers ont voulu voir ce qu’on pouvait en tirer en robotique, et leur projet a été retenu par Leap Motion, la start-up américaine qui depuis des mois propose en avant-première son capteur à des développeurs. Ils ont travaillé avec un petit robot UR10 de Universal Robot. Un programme relativement simple récupère les données mesurées par le Leap Motion pour les transmettre au robot via une connexion TCP/IP. "Le travail a porté sur la communication avec le robot, et sur la gestion temps réel de la gestuelle", indique Olivier Gibaru, responsable du projet au laboratoire LSIS/Arts et Métier ParisTech. Cette première étude montre que le Leap Motion permet d’enseigner par apprentissage une trajectoire au robot avec une grande précision, et en laissant une grande liberté de mouvement à l’opérateur. Les chercheurs veulent maintenant améliorer la vitesse de communication avec le robot, afin d’accélérer le processus d’apprentissage.
Le Leap Motion sera d’abord commercialisé exclusivement aux Etats-Unis à partir du 19 mai 2013, au prix de 79,99 dollars hors taxes et frais d’envoi.
Thierry Lucas